Si la relance de la COMATEX a été une bonne nouvelle pour les centaines de travailleurs qui étaient en chômage depuis plus de trois ans, une guerre de leadership entre deux tendances syndicales est en passe de mettre fin à l’allégresse des employés. Il s’agit de la tendance du comité syndical de la CSTM, avec à sa tête, Noumoury KANTE ; et celle Abdoulaye DIAKITE de l’UNTM qui se disputent le siège au Conseil d’administration de cette grande société d’État dont la relance est imminente, puisque les visites corporelles des travailleurs sont en cours depuis quelques jours.
A l’origine du différend, l’occupation du seul siège attribué aux syndicalistes au sein du Conseil d’administration pour porter la voix des centaines de travailleurs de la COMATEX.
Apparemment le choix entre ces deux figures syndicales de la COMATEX donne du fil à retordre à la Direction.
En cause, une forte contestation contre Abdoulaye DIAKITE de l’UNTM par une bonne partie des travailleurs de la COMATEX au motif que ce dernier avait plaidé pour la liquidation de l’usine, en complicité avec l’entreprise chinoise COVEC.
«Pire quand, l’État avait décidé de payer nos arriérés de salaire Monsieur DIAKITE a demandé de mettre nos salaires sous mandat, en vue d’en soutirer la commission d’avocats, alors que nous n’avions pas demandé de services d’avocats », a dit un travailleur qui s’est donné la mission de défendre le camp de la CSTM de Noumory KANTE.
Ainsi, la cour de la COMATEX se transforme de nos jours en une place de meeting des travailleurs de la COMATEX qui peinent à tisser les belles étoffes de la paix et la cohésion entre les des deux comités syndicaux.
Dans cette bataille rangée qui donne lieu à des manifs répétitives, les partisans de Noumoury KANTE ne tarissent pas d’éloges à son égard.
« C’est à grâce à Noumoury KANTE, de la CSTM de la COMATEX, qu’un jugement a pu être fait entre le gouvernement de la transition et l’entreprise COVEC le 7 décembre 2022. Mais avant, la COVEC avait décidé de renoncer à sa décision de liquider l’entreprise. Face à la détermination des plus hautes autorités et notre lutte, un terrain d’entente est enfin trouvé entre les deux parties. Pendant ce temps, DIAKITE et ses acolytes se frottaient les mains, en attendant les sous de la liquidation », a dit un manifestant, devant les yeux satisfaits de leur camarade KANTE suite à certaines déclarations de reconnaissance de ses valeurs.
La version de DIAKITE de l’UNTM
De son côté, le Président du comité syndical de l’UNTM, qui se présente comme victime d’une campagne d’intoxication contre sa personne, dit avoir agi selon la loi et en toute conformité des textes qui régissent la centrale syndicale, notamment l’UNTM.
«Quand la Direction a demandé, via une correspondance qui m’était envoyée pour qu’on désigne quelqu’un pour assurer la présence des travailleurs au Conseil d’administration, le comité syndical de l’UNTM m’a désigné pour ce faire, à l’issue d’une assemblée. Nous disposons de la majorité au sein de l’usine ; et c’est à nous que revient le choix du représentant des travailleurs sur tous les sujets impliquant la vie de l’usine.
A ma connaissance, la CSTM existe que de nom seulement à la COMATEX, sinon, elle n’existe même pas pratiquement. Quand l’UNTM a envoyé par correspondance mon nom comme représentant du syndicat au CA ; la CSTM aussi, apparemment qui a fait une assemblée a donné le nom de leur comité », a-t-il expliqué, avant d’accuser la Direction de la COMATEX de vouloir créer cette situation confuse.
Selon lui, la Direction n’a daigné répondre à leur correspondance dans laquelle il a été désigné par son comité. C’est ainsi, dit-il, ils ont ainsi décidé d’aller voir clair.
«Le jour de la session du Conseil d’administration, nous avons décidé d’aller en savoir plus. Notre intention était de demander le président du Conseil d’administration sur la raison pour laquelle nous ne sommes pas invités. Et surtout pourquoi notre correspondance n’a pas été répondue. Mais, le Directeur de la COMATEX a pris la lourde responsabilité devant l’histoire de faire appel aux forces de l’ordre, notamment des gardes et des gendarmes, pour nous empêcher de rentrer dans la cour alors que depuis l’arrêt de la COMATEX le 28 mai 2020, jusqu’à aujourd’hui, mes éléments et moi ;nous sommes permanents à la COMATEX pour assurer la sécurité de l’usine », a-t-il déploré, avant d’indiquer qu’il n’y a jamais eu de coalition de UNTM-CSTM pour la lutte de relance de la COMATEX.
Rappelons que c’est au cours du conseil des ministres du mercredi 23 novembre 2022 que la mise en œuvre d’un plan de relance de cette société historique a été décidée.
Il s’agissait ainsi pour le gouvernement de la transition de procéder à la sortie de COVEC de l’actionnariat de la COMATEX-Sa au franc symbolique, la validation du plan de relance auprès du tribunal du Commerce, la mise en place d’une nouvelle gouvernance de la société. Toutes ces étapes ont été franchies sans difficulté majeure, selon une source proche du Ministère du Commerce et de l’Industrie.
Apparemment, la seule épine dans le pied des responsables de la COMATEX est cette guerre de leadership qui oppose les deux comités syndicaux et qui ternit l’image de la boite.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info Matin