QUE L’ON ARRÊTE DE MENTIR ET QUE PRENNE FIN LA MEPRISE !
Tout ce qui a de vrai dans cet appel, du lundi, 10 Mars 2025 au nom de
Housseini Amion GUINDO, Officier de l’Ordre National, c’est que le Mali traverse une crise, le nom et le titre de celui qui a lancé l’appel. À part ça, tout le reste n’est que mensonge et méprise, pour qui ? Au profit de qui ? Et à quelle fin ?
1. Mensonge et méprise sur l’origine de la crise. Monsieur Guindo, lisez l’origine des crises à répétition qui fragilise le Mali.
La menace dans la zone sahélo-saharienne est globale et multidimensionnelle, et a une histoire. Une histoire intimement liée aux rencontres violentes, faites de vols et de viols avec l’Orient arabo-musulman et l’Occident chrétien. Les jeunes doivent connaitre aussi leur histoire. Selon un adage bien de chez nous au Mali qui dit « si tu perds les repères de ton origine, ton futur se compliquera forcément ». Winston Churchill ne disait pas autre chose : « plus loin on regarde en arrière son histoire, plus loin et mieux on verra dans la construction de son avenir ». Voilà pourquoi, dans la situation actuelle du Mali, toute analyse factuelle sur la fourniture d’énergie, le prélèvement de taxes, et autres événements fait perdre l’essentiel de la vision actuelle de la transition, à savoir la reconquête du Mali et l’abandon des tares coloniales et néo coloniales. Mais aussi, la reconstruction mentale, culturelle et cultuelle d’un Mali débarrassé des tares et complexes des rencontres violentes, faites de vols, de viols et de soumission deshumanisante avec l’Orient arabo-musulman et l’Occident chrétien. Les conséquences sont terribles, l’Africain en général, et le malien en particulier sont à présents déchirés, leur mentalité enchaînée ! La conscience collective du malien est émiettée par ces deux affreuses rencontres, toutes horribles, inhumaines.
La rencontre avec l’Orient arabo-musulman remonte au 7ème siècle selon les historiens pour le commerce des biens et services d’abord, puis par le commerce des africains, en chair en et os ! Cette traite, dite orientale, arabe ou arabo-musulmane du 7ème au 20ème siècle, avec un pic du 18ème au 19ème siècle, approvisionnait en esclaves, le moyen orient, et le Proche-Orient. Elle a coûté à l’Afrique en perte de vies humaines17 millions de personnes (8ème et le 20ème siècle), 28 millions selon Pétré-Grenouilleau. La traite orientale était un cran au-dessus dans la cruauté, tous les hommes étaient systématiquement castrés. Même les bébés masculins, afin de proscrire tout mélange de race dans les pays arabes. Le résultat : les métis sont rares dans les pays du golfe ou les communautés noires sont quasi inexistantes comme on peut le voir aux États-Unis d’Amérique et certains pays de l’Amérique latine comme au Brésil, sauf en Argentine où les noirs ont été systématiquement tués, un véritable nettoyage racial ! Messi de l’Argentine est le héros de millions d’africains et maliens, qui ont vibré en 2022, lorsque l’Argentine a remporté la coupe du Monde ! Je ne dis pas d’être rancunier, mais de savoir d’où vient celui que l’on soutien comme les juifs d’Israël !
La traite atlantique débute au 15e siècle lorsque les Portugais commencent à acheter des êtres humains sur les côtes d’Afrique qu’ils explorent. (Ronaldo est déifié au Mali !). Il s’agissait de suppléer au manque de main d’œuvre en Amérique où le développement exige une main d’œuvre abondante, les immigrés européens étant peu nombreux et les indiens autochtones décimés.
Les européens mettent en place dès le 16ème siècle un commerce un commerce transatlantique longtemps connu sous la terminologie « commerce triangulaire » qui coûta à l’Afrique, au 19ème siècle à l’abolition de l’esclavage, plus de 12 millions et demi de captifs déportés vers les Amériques et les îles de l’Atlantique (22 millions selon certaines sources). Plus d’un million et demi de personnes périrent pendant la traversée, sans compter les morts lors de captures ou lors de la marche vers les ports. Certaines sources parlent de 5 millions de morts lors des captures et marches vers les ports. Le nombre véritable des victimes de ce commerce criminel ne sera donc jamais connu. Cette traite était ponctuée d’exposition des africains dans des zoos humains, et il y avait toute une législation pour l’organiser, dont le code noir en France. Du haut de sa culture et de son « humanisme », Victor Hugo, en 1879, lança la colonisation de l’Afrique par un discours mémorable, comme nos chefs d’état aujourd’hui, lancent aujourd’hui les travaux de chantiers de développement. En substance, il dit dans ce discours aux puissances européennes d’aller apporter la civilisation au sud de la méditerranée, où il n’y a que barbarie, un immense continent sans histoire, et que les terres qui y sont, sont un don de Dieu pour l’occident. Oui, Victor Hugo qu’on nous a enseigné à l’école et dont on se gaussait de ses citations et autres envolées littéraires ! C’est lui qui a lancé la colonisation de l’Afrique, c’est de lui que s’est inspiré Sarkozy à Dakar pour dire que l’Afrique n’est pas rentrée dans l’histoire !
De cette colonisation est née la françafrique, qui, pendant 70 ans a continué d’alimenter les économies européennes à la faveur d’une élite conditionnée pour ce faire au détriment de l’Afrique en général et du Mali en particulier. Cette élite, dans la servitude volontaire, a fini par être atteinte du syndrome de Stockholm et dans ses attitudes, soit suit Senghor, pour qui « la raison est Hélène et l’émotion nègre », soit a un comportement identique à cet esclave du 19ème siècle, qui libéré, et ne sachant que faire de sa liberté, retourne dans la cage qui lui sert de logis, dans la vaste demeure de son maître et là, se soumet à une servitude volontaire (Cheick Anta Diop). Soumission volontaire, puisque l’esclavage est aboli ! Malheureusement, c’est à cela nous assistons au Mali, depuis un certain temps. C’est vraiment malheureux !
Après 70 ans de françafrique et toute sorte d’expérimentation de gouvernance, instruite de l’Europe et appliquée à des populations qui ne demandent qu’à vivre dignement de leur labeur, s’opère dans le sahel, une rupture géopolitique d’avec la domination néocoloniale ; précisément au Burkina Faso, au Mali, et au Niger. Des pays qui ont entamé la marche vers la construction d’une Afrique fédérale qui répond aux aspirations des pères de l’indépendance africaine (Modibo Keïta, Ahmed Sékou Touré, Kwame Nkrumah, Gamal Abdel Nasser, le Roi Hassan II du Maroc). Qui s’opposaient déjà à cette vision d’une Afrique fédérale ? Les présidents Felix Houphouët-Boigny Côte-d’Ivoire) et Léopold Sédar Senghor (Sénégal), comme quoi, ces deux pays, demeurent fidèles à leurs idéaux de 1963 dans la défense contre vents et marées de la CEDEAO. Il est à espérer que le Président Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Sonko démentent l’histoire et suivent leur compatriote Cheick Anta Diop. Wait and see!
Il faut arrêter de mentir sur les causes des crises à répétition dans le septentrion malien et savoir une fois pour toute, qu’elles ne s’arrêteront que lorsque la souveraineté pleine et entière du Mali s’affirmera sur cette partie du territoire national en communion avec toutes les communautés du Mali et dans le respect des diversités, sources de richesses de notre nation. L’espace que constitue le nord du Mali, le sud de l’Algérie, et le nord du Niger devait constituer une collectivité territoriale française, exactement comme la Martinique, la Guadeloupe, les Antilles, et la Guyane qui fait frontière avec le Brésil sur près de 730,4 km. Hé oui, la France fait frontière avec le Brésil du fait de ses expansions coloniales qu’elle ne veut pas lâcher !
C’est lui, Felix Houphouët Boigny, alors député français, qui est l’artisan de la cause historique et profonde des rebellions au Nord du Mali. En effet, le député le député Felix Houphouët Boigny a présenté et défendu à l’assemblée nationale française le projet de loi, portant création de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS), en 1957, pour faire de l’espace sahélo-saharien, une Collectivité Territoriale française d’outre-mer. Pour mieux s’approprier de cette zone, à la veille des indépendances, les colons militaires français, ont fait initier une lettre en 1958, signée par le Cadi de Tombouctou et plusieurs notables arabes et touaregs, et envoyée au Général De Gaule pour demander le rattachement de cette zone à la France. Une lettre au contenu raciste, rappelée dans la plateforme politique du MNLA, jamais condamnée par une organisation de la société civile africaine, ni les organisations internationales à vocation de lutte contre le racisme et la discrimination raciale. Même pas l’ONU !
Voilà historiquement les germes des rebellions au Mali, parce que, sans le Sahara, la France est une puissance nucléaire au pied d’argile ! Les premiers essais nucléaires français ont eu lieu dans le sud algérien, grâce à l’uranium extrait dans le Sahara et jusqu’au aujourd’hui les dégâts continuent sans compensation aucune des populations affectées. Raphaël Granvaud, dans son livre, « Areva en Afrique, une face cachée du nucléaire français », explique comment De Gaule a bâti la politique nucléaire de la France sur l’uranium du Niger et plus tard, Isabelle Lasserre et Thiery Oberlé, dans leur livre « Notre guerre secrète au Mali. Les nouvelles menaces contre la France », justifient l’Opération Serval par le souci de la France, de protéger les gisements d’uranium d’Arlit au Niger. La France n’avait cure des populations du Sahel !
Aujourd’hui, l’Europe est proche de la fin d’un cycle de domination du monde. Tous les acteurs s’accordent sur cette réalité. Celle-ci intervient au moment où, les africains se réveillent, et où, émergent d’autres puissances comme la Chine, la Fédération de Russie, née sur les braises de l’ex URSS, l’Inde et surtout, le désamour entre les Etats-Unis d’Amérique et le vieux continent. Les USA sont plus préoccupés de l’Asie que de l’Europe qui peine aujourd’hui à maintenir le confort de ses populations, particulièrement, la France. D’où la volonté de la France de retourner dans le sahel expliquée par les propos du président Felix Houphouët Boigny, qui reconnait que : « quiconque contrôle le Sahara, contrôlera le monde !» Et la France veut contrôler le Sahara, quoi qu’il en coûte pour les populations de la zone sahélo-saharienne, par la recolonisation, s’il le faut (Général Lecointre) ! Sans le Sahara, la France n’est plus une puissance nucléaire ! Ailleurs, elle n’a plus de sources d’approvisionnement en uranium à vil prix, pour ne pas dire gratuitement !
Le Mali, en s’opposant à cette mainmise de la France sur les richesses de son territoire a dû faire partir les forces néocoloniales de son territoire (OTAN) et sortir de la CEDEAO, une création des ex puissances coloniales. Aucune invective, ni raillerie ne tient devant cette vérité historique ! La France veut continuer de se nourrir du Mali, dont-on l’accepter ? Voilà la question (That is the question) ! La transition, malgré ses tares a répondu à cette question. Alors un appel pour quoi et adressé à qui ?
2. Mensonge et méprise sur les origines des crises de l’emploi, de l’éducation, de la corruption, de la mauvaise gouvernance, de l’inefficacité des services publics, de l’accès limité aux services sociaux de base et de l’exode rural. Monsieur Guindo, êtes-vous vraiment sérieux en ramenant toutes ces défaillances de gestion à la tradition de Assimi Goïta? Je vous rappelle tout juste que l’immense président Alpha Oumar Konaré, en quittant le pouvoir, a reconnu que son seul échec a été l’école. Il ne pouvait être autrement dans ce domaine pour trois raisons : (i) l’école avait déjà été détruite sous le régime de Moussa Traoré. L’enseignant s’appelait » école karamoko ni », (ii) l’implication des élèves dans l’avènement de la démocratie et la présence de l’AEEM dans les organes de gestion de la Républiques lors de la transition et le traitement spécifique qui leur a été fait au détriment de la discipline à l’école, (iii) la contestation sans discontinuité, animée par le COPPO, et impliquant les élèves et étudiants durant tout le premier mandat du président Alpha Oumar Konaré. Ce COPPO qui se présentait comme un « pôle démocratique alternatif », que vous voulez recréer. Le COPPO a empêché le Mali de fonctionner et ses leaders ont une part de responsabilité dans l’échec du Mali dans les domaines sociaux que vous évoqués. Ils sont connus ! Qui d’entre eux a assuré l’alternance au niveau de la présidence de sa formation politique, depuis sa création ?
3. Mensonge et méprise sur le système de protection sociale. Monsieur Guindo, quoique insuffisantes, la qualité et l’envergure de la protection sociale sont une réalité. Ce ne sont pas les propriétaires des logements sociaux, les détenteurs de cartes de mutuelle, ceux de l´AMO qui démentiront. Renseignez-vous, le processus de l´Assurance Maladie Universelle est bien avancé. Alors, où se situe le problème ?
4. Mensonge et méprise sur l’insécurité alimentaire. Monsieur Guindo, la création d’un ministre ou d’un Commissariat chargé de la sécurité alimentaire, ne datant pas de la transition doit vous parler. Peut-être que ceux, dont moi, en charge de l’agriculture avons été incapables de remplir correctement nos missions pour éradiquer l’insécurité alimentaire. Si les aides des partenaires techniques et financiers suffisaient, nous serions sortis de l’ornière ! Donc leur absence compte très peu dans ce domaine. Depuis Mathusalem, ce sont les 2 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire sévère. Cherchons la raison ailleurs et valorisons nos potentiels agricoles.
5. Mensonge et méprise sur « le pôle démocratique alternatif ». Qui, aujourd’hui, parmi ceux qui dénigrent la transition n’a pas participé à l’avènement de ces tares, à sa manière et à son niveau ? Quel que soit le type de ces errances, qui des hommes politiques en vue, peut jeter la pierre à la transition, si tant est que la responsabilité collective à un sens dans la gestion d’un pays ? Parmi ceux qui battent le pavé ou animent les meetings et réunions, il y a : (i) des membres de partis politiques ayant été au pouvoir et financés par l’argent public, (ii) des membres de gouvernements, dont des chefs de gouvernements, (iii) des députés à l’assemblée nationale,
(iv) des présidents ou vice-présidents de l’assemblée nationale, (v) des maires de collectivités territoriales, des présidents de Conseils de Cercles, des Présidents d’assemblées Régionales, des simples élus municipaux, (vi) des cadre de l’administration publique ayant participé à la conception des outils d’aide à la décision du Président de la République, (vii) des opérateurs économiques du secteur privé ayant bénéficié de marchés publics dans les mêmes conditions qui prévalent aujourd’hui, etc…
Alors, monsieur Guindo, en paraphrasant Jean Ziegler, je vous demande de « retourner votre fusil », et de tirer ailleurs les balles léthales de votre contestation de la transition au Mali. Une transition dont on parle à travers le monde comme un « espoir pour l’Afrique ». Tirez ailleurs, car ni le Mali, ni les autres pays de la Confédération des Etats du Sahel ne sont dans le « tout sécuritaire ». Ni sous Alpha Oumar Konaré, ATT, IBK, le Mali n’a jamais été dans le tout sécuritaire. La transition non plus d’ailleurs, d’où l’existence d’un ministère dedié à la réconciliation nationale. Je ne vous commente pas les déboires des processus de DDR et autres DDRI qui ont fragilisé et les FAMA et l’administration publique. Je vous invite tout juste à écouter les maliens du septentrion malien, toutes communautés confondues qui rejettent l’AZAWAD ! Que voulez-vous ? Monsieur Guindo, je vous invite à me rejoindre dans l’appel que j’ai lancé au Mali et en Afrique pour traduire en justice le président français Nicolas Sarkozy, Bernard Henry Levy et autres, pour la casse de la Libye et tout le désordre consécutif dans le Sahel et au Mali. Là vous feriez œuvre utile !
Je termine en vous vous rappelant tout juste, parce que vous le savez, que derrière ces massacres des populations sahéliennes sont les multinationales pour les ressources stratégiques du sous-sol de la zone et que ce sont les milliardaires, patrons de ces multinationales qui détiennent les médias à plus de 98% en France. Nombre de ces médias ont des protocoles de collaboration avec les médias maliens. Ils nous servent ce qu’ils veulent que nous consommions en termes d’informations. Jugez-en !
• Bernard Arnault : Les Echos, L’Opinion, Le Parisien, une partie du Groupe Perdriel (Chal-lenges, Sciences et Avenir)
• Patrick Drahi : BFMTV, RMC, L’Express, Libération i24
• Xavier Niel : Le Monde SA (Le Monde, Télérama, Courrier International, L’OBS, Le Monde Diplomatique, Huffpost), NJJ (Paris Turf, Nice Matin, Var Matin, Monaco Matin)
• Daniel Kretinsky : Le Monde SA (Le Monde, Télérama, Courrier International, L’OBS, Le Monde Diplomatique, Huffpost), Elle, Marianne, Télé 7 Jours
• La famille Dassault : Le Figaro, Le Figaro Magazine
• François Pinault : Le Point
• La famille Bouygues : Groupe TF1 (TF1, LCI, TMC, TFX)
• Arnaud Lagardère : Paris Match, Hachette Livre, le JDD, Europe 1
• Vincent Bolloré : Groupe Canal + (Canal +, C8, CNews), Prisma Media (Capital, Femme Actuelle, Télé Loisirs, GEO, Voici, Gala), une partie de
• Lagardère (Paris Match, Hachette Livre, le JDD, Europe 1), France Catholique
(Source : Infographie Association Acrimed et Le Monde Diplomatique).
Dans le reste des médias, hors contrôle des milliardaires, l’état français à travers
Media-Monde anciennement l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF), créée le 4 avril 2008, a pour objectif de superviser et coordonner les activités des radios et té-lévisions publiques détenues par l’Etat français ayant une diffusion internationale. Elle regroupe : France 24 la chaîne de télévision d’information internationale en con-tinu (en français, anglais, arabe et espagnol), Radio France Internationale (RFI), la radio d’actualité mondiale (en français et en 16 autres langues, dont nombre de langues africaines), et Monte Carlo Doualiya (MCD), la radio française en langue arabe diffusée au Proche et au Moyen-Orient. Au total, le groupe diffuse ses pro-grammes en 21 langues. France Médias Monde détient également une participation dans la chaîne TV5 Monde (12,6%).
La situation n’est pas différente aux États-Unis d’Amérique, où la Revue Européenne de médias numériques note que » un à un, les grands titres sont rachetés par des milliardaires. (Par Alexandre Joux- N°49 Hiver 2018-20191739). Tout a commencé en 2013 avec le rachat fracassant du Washington Post par Jeff Bezos (voir La rem n°28, p.41). En Grande-Bretagne, ce n’est pas mieux ! Sur les huit quotidiens les plus lus, cinq soutiennent les conservateurs. Seuls le Daily Mirror et le Guardian penchent du côté des travaillistes, encore que cette dernière publication soutienne également parfois les Libéraux-démocrates. Une telle situation s’explique sans doute par la mainmise des ultra-riches sur les médias au Royaume-Uni. L’oligarque russe Alexandre Lebedev a racheté l’Evening Standard en 2009. Le Daily Mail, dont le ti-rage papier est inférieur à celui du Sun mais le lectorat numérique beaucoup plus vaste, appartient au milliardaire Jonathan Harmsworth, 4ème vicomte Rothermere. Enfin, le Daily Telegraph est détenu par les frères David et Frederick Barclay, eux aussi milliardaires, anciens donateurs du Parti conservateur et propriétaires de l’île sur laquelle ils vivent, dans la Manche. Quant au tabloïd préféré des Britanniques, The Sun, il constitue le titre phare de News UK, la compagnie de l’homme d’affaires australo-américain Rupert Murdoch, qui possède également le Times. (Source : Le Monde Diplomatique, février 2020, article inédit « Pourquoi le Labour a perdu (les élections). Les médias britanniques sont-ils de droite ? »). Source Wikipédia
Ainsi, les hommes de presse et de médias des pays sahéliens, savent pertinemment que, comme l’économie, il y’a une véritable mondialisation de la communication et de l’information, or celles-ci participent à la guerre et elles sont entièrement sous le con-trôle des multinationales aujourd’hui. Pour qui sait que, tous les malheurs du Sahel proviennent de la convoitise par les multinationales des ressources stratégiques de son sous-sol, la relation entre médias et guerre devient évidente. En effet, il tombe sous le sens commun, que toute guerre a un volet de communication, si la commu-nication elle-même, n’est pas une guerre en soi.
Aujourd’hui, avec le contrôle des médias par les multinationales, il n’est pas exclu, par le biais des protocoles de collaboration, que les médias maliens et sahéliens soient financés en partie par leurs homologues européens aux mains des milliar-daires. Selon l’adage, « qui paye, commande ! », la neutralité des médias peut être mise en cause. Rotschild grand-père, ne disait pas autre chose en affirmant : « lais-sez-moi battre la monnaie d’un pays, je me fiche de ceux qui y élaborent les lois ».
Rapporté aux médias, les milliardaires des multinationales diraient : « laissez-nous
financer les médias du Sahel, nous leur feront dire ce que nous voulons, en dépit des orientations stratégiques de leurs dirigeants ». C’est dire toute la puissance de l’argent et des riches sur les décisions d’un pays ! Je ne dis pas que c’est le cas, aujourd’hui, mais il faut rester vigilant ! Les hommes et femmes de médias du Sahel doivent refuser ce diktat et se tenir dignement et fièrement à côté des autorités des pays de la Confédération des États du Sahel pour défendre la souveraineté et la di-gnité de l’Afrique. A moins que
Seydou Traoré
Ancien Ministre Mali 2002-2007
Chevalier de l’Ordre National du Mali 20098