Poète, écrivain, éditeur et critique littéraire, le Camerouno-malien, Serges Cyrille Kooko, un auteur prolifique, vient de publier un autre recueil de poèmes “A la croisée des chemins”, chez Innov Editions dont il est le directeur de publication. Nous l’avons rencontré pour échanger autour de son ouvrage. Dans cet entretien, Serges nous parle également de ses projets d’écriture et nous donne son avis sur le monde littéraire malien.
Aujourd’hui-Mali : Bonjour, présentez-nous votre nouvel ouvrage “A la croisée des chemins” !
Serges Cyrille Kooko : Je n’aime pas trop parler de mes écrits. Je préfère souvent laisser le soin aux lecteurs et critiques de le faire. Mais pour vous, je ferai l’effort d’en dire quelques mots. Beaucoup de ceux qui ont lu mon précédent ouvrage “Les larmes du silence”, me disent que c’est le livre de la maturité littéraire. Je le ressens aussi un peu comme ça parce que j’ai voulu y apporter de petits changements dans ma façon d’écrire, dans mes engagements, bref, dans ma vie.
Pouvez-vous nous expliquer un peu le titre du recueil ?
Ce titre n’est pas du tout fortuit. C’est même un titre très personnel. Quand je peaufinais ce livre, j’étais vraiment à un moment où je devais faire des choix très importants dans ma vie. Je devais choisir l’orientation que devait prendre ma carrière, quelles seraient mes priorités et quel sens donner aux décisions de ce nouveau “Moi”.Comme beaucoup d’entre nous, j’étais à un carrefour et il fallait choisir une voie.
Que voulez-vous dire par le titre “Je n’ai pas chois” ?
Le titre “Je n’ai pas choisi” est un poème qui m’a été inspiré par une situation assez banale ici à Bamako, mais très courante et à laquelle on est très souvent indifférent. J’allais au bureau un matin et en passant devant l’hôpital Gabriel Touré, j’ai aperçu un aveugle qu’on aidait à traverser la route et je me suis dit, sur le coup, il n’a pas choisi d’être comme ça, il n’a pas choisi d’avoir ce handicap. D’où ce texte pour qu’on n’oublie pas toutes ces personnes qui vivent avec un handicap et qui n’ont pas choisi d’être comme ça. Il est de notre devoir d’en parler, de les aimer et de les aider.
Vous avez dédié un poème à l’excision, quelle est votre position par rapport à cette pratique ?
Ce thème fait partie de ceux que je qualifie de sensibles dans notre société. Y toucher ou en parler même dans ce contexte de libération de la parole, paraît toujours un peu risqué. J’ai osé en parler, sans pour autant vouloir m’ériger en donneur de leçon ou en moralisateur, et sans vouloir heurter certaines sensibilités. Je disais donc que j’ai osé en parler parce que c’est une pratique qui ne devrait plus exister parce que le corps de la femme est un temple qu’il ne faut pas profaner. Ce n’est qu’un point de vue, et d’ailleurs, je m’en excuse auprès de ceux qui prendraient mal mes propos.
Vous parlez beaucoup de l’amour dans cet ouvrage, êtes-vous romantique ou poète engagé ?
Les termes romantique et engagé, je ne les aime pas trop et je ne les utiliserai pas pour me qualifier. Qu’on soit romantique ou engagé, on ne peut pas faire de la poésie sans les sentiments. C’est toujours une situation, triste, joyeuse, dramatique, injuste, qui pousse un auteur à se pencher pour écrire et ainsi s’épancher pour laisser sortir les blocs d’émotions qui l’envahissent. Moi, je suis tout simplement un poète qui aborde tous les thèmes chers à la poésie et qui traversent allègement les siècles sans prendre une ride.
Vous rendez hommage à une certaine Béatrice, qui c’est et pourquoi son choix ?
Béatrice, ma chère Béatrice est ma sœur aînée qui nous a quittés il y a un an de cela. Comme toutes les pertes, elle m’a complètement terrassé, déboussolé et décontenancé.
Sa perte a été terrible pour moi et j’ai eu du mal à m’en remettre. Même quand je réponds à cette question des gouttes de larmes mouillent mon clavier. J’ai voulu la rendre éternelle dans ce texte.
Quel est le message que vous voulez faire passer par le poème Ma génération” ?
Par le texte “Ma génération”, j’ai juste voulu fustiger le comportement de notre génération qui a un peu perdu le sens des priorités, des réalités. Comme je l’ai dit plus haut, je ne suis pas un donneur de leçon, mais j’appelle les jeunes, je nous appelle, à prendre conscience de notre valeur, de notre importance et de note rôle incontournable dans notre avenir et celui de notre pays. On dit souvent “aide-toi et le ciel t’aidera”. C’est donc à nous de nous aider car personne ne le fera pour nous.
Nous remarquons que la plupart de vos publications sont de la poésie, est-ce votre genre littéraire de prédilection ?
C’est une bonne remarque. Je touche un peu à tous les genres littéraires, mais il vrai que je me sens plus à l’aise quand je fais de la poésie. Je m’exprime mieux en poésie. Je suis d’accord, un poète avant tout le reste. Mais mon prochain ouvrage dont je suis en train de terminer l’écriture est un roman.
Et il parle de quoi ce roman en gestation ?
Ce roman parle des péripéties et tribulations d’un jeune homme au nom de Daleko. Il naviguera entre fiction et réalité. Je compte, s’il plaît à Dieu, le publier en mars 2020.
Quel sera votre dernier mot ?
Je voudrais conclure en disant que tout le monde peut être écrivain, il n’y a aucune magie dans la chose. Il suffit juste d’un peu de courage et surtout de beaucoup de volonté. Je voudrais aussi vous remercier de cette belle opportunité que vous m’offrez pour parler de mon modeste travail.
Réalisé par Youssouf KONE
Source: Aujourd’hui-Mali