L’économie sénégalaise s’est montrée résiliente en 2023 dans un contexte de tensions politiques conjuguées à une inflation persistante quoiqu’en baisse. La croissance du PIB réel est estimée à 4,3 % – 1,5 % par habitant en 2023 – soit supérieur au taux de croissance de 3,8 % enregistré en 2022 et au-dessus des projections initiales de 4,1 %. C’est ce qui ressort du Rapport sur la situation économique du Sénégal, publié le 12 Juin 2024 par la Banque Mondiale.
« Après avoir atteint un pic de 9,7 % en 2022, l’inflation a reculé à 5,9 % en 2023. L’ambition de consolider les finances publiques envisagée dans la loi de finances 2023 s’est matérialisée même si le déficit global a été un peu plus élevée que prévu. Le déficit du compte courant s’est considérablement amélioré, permettant ainsi d’augmenter les réserves internationales », précise la Banque Mondiale.
Selon l’institution financière, pour lutter contre l’inflation, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a relevé ses taux d’intérêt directeurs de 150 points de base cumulés depuis la mi-2022, à 3,5 % pour les appels de fonds et à 5,5 % pour la facilité de prêt marginal.
Perspectives, risques et défis
Parlant des perspectives, la Banque Mondiale estiment qu’elles restent globalement positives, avec l’engagement des autorités pour des réformes structurelles majeures et l’amélioration de la transparence, mais elles dépendent d’un solide engagement en faveur de la stabilité macroéconomique. « Dans l’ensemble, les incertitudes nationales, régionales et mondiales sont élevées, faisant pencher les risques vers la baisse », ajoute la Banque Mondiale, qui ajoute que le Sénégal a relativement bien résisté aux multiples chocs, l’incidence de la pauvreté restant relativement inchangée à 37,5 % en 2021/2022 contre 37,8 % en 2018/2019, malgré la pandémie.
« Les Sénégalais pauvres restent concentrés dans les zones rurales et plus fortement dans le bassin arachidier. La baisse observée de la consommation par habitant a été surtout ressentie par les ménages plus aisés. Le taux de croissance moyen des plus pauvres a été moins négatif que celui des plus aisés, ce qui a entraîné une diminution des inégalités aux niveaux aussi bien national qu’urbain et rural », peut-on lire dans le rapport.
Pour ce qui concerne l’amélioration de la mobilisation des recettes domestiques, le document estime qu’elle est essentielle pour que le Sénégal puisse réaliser ses ambitions en matière de développement. « La croissance et le dynamisme des recettes fiscales du Sénégal se sont régulièrement améliorés au cours de la dernière décennie, surpassant ses pairs, mais les recettes restent en deçà de leur potentiel. L’impôt sur le revenu des personnes physiques produit peu de recettes, et sa contribution aux recettes fiscales totales a stagné au cours de la dernière décennie en raison de l’étroitesse de l’assiette fiscale et de l’absence d’élan réformateur. L’accélération des réformes de l’administration fiscale et des politiques visant l’IRPP peut contribuer à stimuler les efforts de mobilisation des recettes intérieures », souligne la Banque Mondiale.
Ousmane BALLO
Source : Le Capital