L’affaire Aida Ndiongue fait couler beaucoup d’encre au Sénégal. Cette femme d’affaires et ancienne sénatrice, membre du PDS, le parti de l’ex-président Abdoulaye Wade, est en détention provisoire depuis le 17 décembre pour faux, usage de faux et escroquerie portant sur des deniers publiques. Alors que ses avocats ont annoncé qu’elle allait porter plainte contre le procureur pour avoir violé le secret de l’instruction, le gouvernement a apporté ce mardi son soutien au procureur.
Vendredi 17 janvier, en conférence de presse, le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, révèle que les avoirs de l’ancienne sénatrice s’élèvent à près de 48 milliards de francs CFA (72 millions d’euros), qu’elle a des sociétés, beaucoup d’argent liquide, et des bijoux pour une valeur de 15 milliards de francs CFA (23 millions d’euros NDLR) qui ont été découverts chez elle et dans des coffres à la banque. Serigne Bassirou Guèye soupçonne la femme d’affaires de s’être enrichie sous le régime Wade, en profitant notamment d’un programme gouvernemental de construction de logements sociaux.
« Le procureur n’a jamais vu un seul bijou appartenant à notre cliente. Les coffres dont on nous parle ne lui appartiennent même pas », s’insurge l’un de ses avocats, maître Mbaye Jacques Ndiaye. « Tout ce que dit le procureur est faux. C’est un canular judiciaire et en plus, il viole le secret de l’instruction. Nous allons porter plainte contre lui », ajoute l’avocat.
Alors que dans les rangs du parti présidentiel, on ironise sur le « trésor d’Ali Baba et la seule voleuse », le porte-parole du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, a expliqué qu’il s’agit de nouveaux faits sur lesquels une instruction n’est pas encore ouverte. Le procureur est, selon le ministre, « parfaitement dans son rôle quand il informe l’opinion ».