Ismaila Madior Fall, ancien ministre sénégalais de la justice a été placé mardi sous bracelet électronique avec assignation à domicile à l’issue de son audition par la commission d’instruction de la Haute cour de justice (Hcj), ont annoncé ses avocats.
Fall fait partie des cinq ministres sous la gouvernance de Macky Sall dont les résolutions de mise en accusation ont été adoptées le 8 mai par l’‘assemblée nationale.
En charge de la justice entre septembre 2017 – mai 2019 puis Septembre 2022- octobre 2023, Fall est poursuivi pour une affaire présumée de corruption et de détournement de deniers publics dans le cadre de l’attribution d’un marché pour la réalisation d’un Centre de surveillance électronique.
Son accusateur, un promoteur immobilier chargé de la réalisation du Centre, a indiqué avoir remis au ministre 50 millions francs (85 mille 950 usd) sur un montant total de 250 millions (430 mille usd) que lui aurait exigé le ministre pour bénéficier de l’attribution du marché.
Le promoteur immobilier ainsi que le directeur des constructions publiques au ministère de la justice au moment des faits ont été placés en garde à vue par la police dans le cadre de cette affaire.
L’ancien ministre de la justice a reconnu lors d’une émission sur une télévision privée avoir reçu 50 millions francs de son accusateur mais avait assuré les lui avoir rendus « diplomatiquement ». Il a précisé qu’il était question d’une dation en paiement pour la réalisation du centre de surveillance électronique.
La comparution de Ismaila Madior Fall fait suite à celle de Ndèye Saly Diop, ancienne ministre de la femme de la Famille et de l’enfant intervenue hier lundi. Elle a été placée sous contrôle judiciaire après le paiement d’une caution de 57 millions de francs.
Les trois ministres restants, Moustapha Diop (développement industriel et des Pmi), Aissatou Sophie Gladima (mines et géologie et, Mansour Faye (développement communautaire) en l’occurrence vont comparaitre devant la commission avant la fin de la semaine. Comme Ndèye Saly Diop, ils sont aussi incriminés par un rapport de la cour des comptes de 2022 sur la gestion des fonds Covid-19.
Au Sénégal, la Hcj a été rarement activée. Une première fois lors du procès du président du conseil Mamadou Dia et ses compagnons pour le coup d’état supposé de décembre 1962 et une autre fois en 2005 pour l’ancien premier ministre Idrissa Seck et son ministre de l’urbanisme.
Dia avait été condamné à la prison à perpétuité en 1963 avant d’être gracié en 1974 tandis que Seck s’en est sorti avec un non-lieu.