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Sénégal : coup de filet antiterroriste contre Boko Haram

Branle-bas de combat au Sénégal. Fin octobre et début novembre, les autorités ont procédé à plusieurs arrestations d’hommes et de femmes présentés comme ayant des liens avec des groupes terroristes, parmi lesquels figurent des imams, dont l’un, Alioune Badara Ndao, est connu pour ses prêches salafistes.

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Puis, mi-novembre, Abdoulaye Daouda Diallo, le ministre de l’Intérieur, a évoqué la possibilité d’interdire le port du voile intégral, comme au Tchad, au Cameroun ou au Niger, trois pays touchés par des vagues d’attentats ces dernières années. « À l’intérieur du pays, la police, la gendarmerie et l’armée travaillent pour avoir le maximum d’informations en ce qui concerne ce nouveau phénomène », a indiqué le ministre, rappelant que le terrorisme « touche tout le monde ». Le gouvernement a beau se montrer rassurant, il sait que le pays est désormais une cible des groupes terroristes ouest-africains. « Une cible majeure », précise une source militaire française.

Un Boko Haram sénégalais ? 

À l’origine de cette prise de conscience et de ces mesures qui font débat à Dakar, le démantèlement d’un groupe de Sénégalais qui envisageaient, selon toute vraisemblance, de créer dans leur pays une branche de Boko Haram et qui auraient même élaboré un projet d’attentat dans la capitale. Cette découverte est, selon les termes d’un officier nigérien, « le résultat d’une excellente coopération » entre le Sénégal, le Niger et la France, mais aussi le fruit d’un improbable coup de filet.

L’histoire remonte au début de la saison des pluies et se déroule loin de Dakar, dans le sud du Niger. Quatre hommes, tous des ressortissants sénégalais qui ont entre 20 et 30 ans et qui viennent de franchir la frontière en provenance du Nigeria, se font prendre avec des faux billets dans les environs de Maïné-Soroa, une ville située à l’ouest de Diffa, tout près de la frontière. Rien que de très banal a priori. Les hommes sont donc envoyés à la prison de Zinder.

Ils ont pris la route parce que leur chef, un compatriote dénommé Makhtar Diokhané – qui s’est lui aussi battu pour Boko Haram -, leur a demandé de le rejoindre au Sénégal

Ce que les autorités nigériennes ne savent pas encore, c’est qu’ils viennent de la forêt de Sambissa, l’un des repaires de Boko Haram au nord-est du Nigeria, qu’ils s’y trouvaient depuis près d’un an, qu’ils ont combattu pour la secte, et qu’ils ont pris la route parce que leur chef, un compatriote dénommé Makhtar Diokhané – qui s’est lui aussi battu pour Boko Haram -, leur a demandé de le rejoindre au Sénégal, où il était rentré un peu plus tôt, dans le but, apparemment, d’y créer un réseau jihadiste.

L’arrestation de Makhtar Diokhané

Apprenant leur arrestation, Diokhané quitte le Sénégal et se rend au Niger, via le Nigeria, dans le but, très probablement, de régler le problème. Informées de sa venue par les services de renseignements sénégalais et français, qui s’intéressaient déjà à lui (la France avait intercepté des écoutes téléphoniques le concernant), les autorités nigériennes le cueillent à la frontière, dans la région de Zinder. L’interrogatoire des cinq hommes est fructueux : « Nous les avons fait parler. Diokhané s’est mis à table, raconte une source nigérienne. Ils ont avoué qu’ils se rendaient au Sénégal pour y établir une branche de Boko Haram, et qu’ils avaient des liens avec Abubakar Shekau. »

Les services sénagalais trouvent chez l’épouse de Diokhané une belle somme d’argent (l’équivalent de 15 000 euros) et un pistolet automatique

Immédiatement informés, les services sénégalais se mettent en quête de leurs soutiens dans le pays. Ils trouvent notamment chez l’épouse de Diokhané une belle somme d’argent (l’équivalent de 15 000 euros) et un pistolet automatique. Celle-ci est arrêtée, de même que la belle-sœur du chef. Ils trouvent également des documents faisant l’apologie du terrorisme chez certains imams. Selon une source française, d’autres Sénégalais seraient en lien avec les groupes terroristes qui sévissent au Nord-Mali. Il y a quelques années, le Mujao comptait des Sénégalais dans ses rangs. Aqmi aussi.

Rémi Carayol

Source: jeune Afrique

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