Des femmes ont abandonné la coupe du bois grâce aux revenus substantiels qu’elles tirent de l’exploitation de périmètres sur lesquels elles font pousser des fruits et légumes
Le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Mme Kéïta Aïda Bo, accompagné de ses collaborateurs, était en visite vendredi dernier à Sélingué dans la région de Sikasso. La délégation ministérielle a visité les postes forestiers de Sénou, Ouéléssébougou et Kangaré.
Les périmètres maraîchers des femmes des villages de Dalaba et Dalabala, le centre agroforesterie et entreprenariat (WARI) et l’Association des femmes productrices de pâtes d’arachide ont également reçu la visite de Mme Kéïta Aida Bo. Qui a aussi procédé au reboisement dans 4 écoles fondamentales (Kangaré, Nanakoroni, Dalaba et Dalabala). Cette dernière activité participe de la campagne nationale du reboisement dans notre pays.
L’objectif pour les visiteurs du jour était de se faire une idée sur la mise en œuvre et l’impact des projets de lutte contre la pauvreté et la désertification. Il était environ 8h 30 quand le ministre et sa délégation arrivaient au poste forestier de Ouéléssébougou. L’arrivée de la délégation a coïncidé avec le contrôle, par le chef de poste, d’un camion rempli de charbon en provenance de Kolondièba pour Bamako. Le chef de poste, Mamadou Sidiki Traoré, a, dans un premier temps, vérifié les reçus tendus par le chauffeur avant d’aller contrôler le contenu du camion et s’assurer que les normes sont respectées. Surpris et ému, le chef de poste a expliqué au ministre le processus administratif à suivre par tout exploitant, transporteur et commerçant de ressources ligneuses;
La visite inopinée a permis au ministre de prendre la mesure du quotidien des travailleurs des Eaux et Forêts dans les localités visitées. Les trois postes forestiers partagent des difficultés en commun liées notamment au manque d’équipements et au problème sécuritaire.
La délégation ministérielle a ensuite mis le cap sur le groupe scolaire de Dalabala pour la plantation d’arbres. Dans les quatre écoles retenues, 100 pieds d’arbres ont été plantés. Aussi, le ministre a-t-il remis aux responsables des matériels d’entretien des arbres qui venaient d’être plantés. Le chef du village de Dalabala, Massa Doumbia, a remercié le ministre pour cet appui qui participe à l’amélioration du cadre de vie du village. Il a par la suite plaidé pour la clôture de l’école en vue d’une meilleure protection des enfants et des arbres. Le ministre a expliqué que le choix des écoles n’est pas fortuit. Il s’agit de montrer aux élèves l’importance du reboisement. Par ailleurs, les écoles ont reçu des espèces qui n’ont pas été choisies au hasard puisqu’il s’agit d’espèces autochtones, celles que nous trouvons chez nous comme le cailcédrat et l’eucalyptus.
Après le reboisement, le ministre et sa délégation ont visité les périmètres maraîchers des femmes de Dalaba et Dalabala. Dans ces deux villages, la délégation ministérielle a pu analyser l’impact, surtout économique, de cette activité sur les bénéficiaires. En effet, pour convaincre ces femmes à ne plus vivre des coupes du bois et à ne plus fréquenter les sites d’orpaillage traditionnel, le Fonds mondial pour l’environnement, à travers l’ONG Acalode (appui aux capacités locales pour le développement), a financé des activités génératrices de revenus.
UNE RECONVERSION RÉUSSIE. En effet, les femmes bénéficiaires de ces jardins maraîchers font de bonnes affaires avec la production bio. Dans leurs jardins, on y trouve, entre autres, des oignons, des tomates, du gombo, du piment, des concombres, du manioc et des papayes. Mme Djénèba Sinayoko est la présidente des femmes de Dalabala. Elle témoigne qu’elles ont été formées aux techniques de la production bio. Grâce aux bénéfices de ces activités, les femmes ont pu financer des puits dans leur jardin, car le projet n’avait pas prévu cette commodité. Elle indique qu’avec cette activité, les femmes n’ont aucune raison de se tourner vers la production et la vente du charbon, un travail mesquin et peu lucratif. Le jardin maraîcher des femmes de Dalaba a permis à celles-ci de mettre en place une caisse où chacune dépose 250 Fcfa par jour. Cette somme tirée du bénéfice quotidien que leur procure le maraîchage, leur permet de faire face à la période de soudure, mais aussi à aider un membre lorsque ce dernier est dans le besoin.
En plus du maraîchage, certaines femmes se sont reconverties en productrices de pâte d’arachide. Le ministre s’est réjoui de l’engagement des femmes. En effet, celles-ci ont été détournées de l’exploitation abusive de nos forêts pour se tourner vers des activités génératrices de revenus. « C’est encourageant de voir cet exemple réussi qui permet d’élargir le projet à d’autres endroits au Mali. Ce n’est pas uniquement pour les femmes, il y a d’autres activités qui peuvent être développées pour les hommes et les jeunes », a souligné Mme Kéïta Aïda Bo. L’objectif, selon elle, est d’arriver à une gestion durable de nos ressources forestières et fauniques.
Par rapport à l’exploitation frauduleuse de bois et de charbon de bois, le ministre conseille les ménages à se tourner vers des énergies renouvelables. « Il faut aller vers d’autres activités protectrices de l’environnement plutôt que le contraire comme c’est le cas malheureusement dans beaucoup d’endroits dans notre pays », a lancé le ministre. La journée marathon a pris fin avec la visite du centre agroforesterie et entreprenariat (WARI). Un partenariat public et privé pour la gestion du complexe Bougouni et Yanfolila.
Mariam A. TRAORÉ
Source: essor