Chaque jour, l’horloge mondiale tourne et, toutes les six secondes, un enfant de moins de cinq ans perd la vie. Ces décès, souvent évitables, surviennent majoritairement dans des régions où l’accès aux soins de santé est un défi de taille. Face à cette réalité alarmante, le Mali lance une initiative ambitieuse, notamment le programme REACH (Résilience par l’azithromycine pour les enfants), visant à réduire drastiquement la mortalité infantile.
Ce programme révolutionnaire est le fruit d’une collaboration entre le Centre pour le Développement des Vaccins (CVD-Mali) du ministère de la Santé et du Développement Social et des partenaires internationaux de renom, dont la Fondation Bill et Melinda Gates. Le coup d’envoi officiel de cette campagne de traitement collectif à l’azithromycine a eu lieu lors d’une cérémonie émouvante à Samaya, dans la commune du Mandé, à une quinzaine de kilomètres de Bamako. La cérémonie a été présidée par la ministre de la Santé et du Développement Social, le médecin Colonel Assa Badiallo TOURÉ, en présence d’une délégation de chercheurs américains de la Fondation Bill et Melinda Gates.
Les recherches sont claires : les infections respiratoires, la diarrhée, le paludisme et les complications liées à la naissance figurent parmi les principales causes de décès chez les jeunes enfants. C’est pourquoi le programme REACH, déjà déployé dans plusieurs pays, ambitionne de prévenir environ 150 000 décès d’enfants d’ici 2028 grâce à l’administration médicamenteuse massive (AMM) biannuelle d’azithromycine, un antibiotique largement reconnu pour son efficacité.
Le projet s’étendra à l’ensemble des régions du Mali, ciblant les enfants âgés de 0 à 59 mois, avec une attention particulière pour les populations les plus vulnérables et celles ayant un accès limité aux structures sanitaires. L’objectif est d’assurer une couverture équitable et de maximiser l’impact de cette intervention salvatrice.
Dr Matthew Steele, représentant de la Fondation Bill Gates, a souligné l’importance de cette collaboration, affirmant que le Mali et la Fondation sont en train de bâtir une base solide pour diminuer de 15% la mortalité infantile dans le pays. « Nous sommes conscients que des problèmes comme le paludisme, la vaccination et la malnutrition constituent d’importants défis pour les communautés difficiles d’accès. Nous soutiendrons le Mali dans cette bataille pour surmonter ces obstacles », a-t-il déclaré, réaffirmant l’engagement de la fondation.
L’engagement des communautés locales est également un pilier essentiel du succès du programme. Le président de l’Association de Santé Communautaire (ASACO) de Samaya a ainsi promis de mobiliser activement la population pour garantir la pleine réussite de la campagne, un signe fort de l’appropriation locale de cette initiative.
La ministre Assa Badiallo TOURÉ, visiblement émue, a exprimé sa ferme conviction dans le potentiel du projet REACH. « Il ne devrait plus y avoir d’enfants qui meurent avant d’atteindre l’âge de 5 ans, ni de femmes qui perdent la vie en mettant un enfant au monde », a-t-elle insisté. Elle a rappelé que l’efficacité de l’azithromycine a été prouvée par plusieurs études, notamment au Niger, où un taux de mortalité de 18% a été observé. Bien que les statistiques de l’EDS M VII 2023-2024 montrent une diminution du taux de mortalité maternelle et infantile au Mali, cette baisse reste en deçà des attentes du pays, d’où l’urgence d’initiatives comme REACH.
Il est crucial de noter que le programme REACH ne sera pas une initiative isolée. Il sera intégré à d’autres efforts de santé afin de créer un ensemble cohérent de soins essentiels pour les mères et les enfants, dès le niveau communautaire. Cet effet de synergie, résultant d’un effort concerté, maximisera l’impact global sur la santé publique.
En prélude au lancement officiel, une mission de terrain conjointe, composée de membres du CVD-Mali, de l’INSTAT et de la Fondation Bill et Melinda Gates, a été menée. Cette mission a permis d’informer et de sensibiliser les familles des villages de Kamalé, Nafadji et Djoliba, situés dans la commune rurale du Mandé, sur l’importance de ce traitement préventif pour les enfants de 0 à 5 ans. L’accueil chaleureux, ponctué de tambours et de danses traditionnelles, a témoigné de l’enthousiasme et de l’espoir suscités par cette initiative.
Le lancement a culminé avec la première administration de l’azithromycine, accompagnée par les mélodies entraînantes de l’Ensemble Instrumental. Ce moment symbolique marque le début d’une nouvelle ère dans la lutte contre la mortalité infantile au Mali, un pas significatif vers un avenir où chaque enfant aura la chance de grandir et de s’épanouir.
Ibrahim Kalifa Djitteye