Face à la hausse des exactions contre les civils dans le Centre, le Premier ministre malien Soumeylou Boubèye Maïga était à l’Assemblée nationale le 7 janvier pour présenter les actions qu’il compte entreprendre pour mieux protéger la population. À la fin des débats, les avis des parlementaires sont restés mitigés.
En colère après la mort de 37 civils peuls tués le 1er janvier dans une attaque attribuée à des chasseurs traditionnels dozos à Koulogon, dans le centre du Mali, les députés ont interpellé le 7 janvier le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, afin qu’il s’explique sur l’action militaire menée dans le Centre.
À l’Assemblée nationale, les députés n’ont pas mâché leurs mots : « Dans le Centre, nos populations ne peuvent plus aller tranquillement au marché, ni au champ. Les gens ne peuvent plus aller à la pêche ou même promener leurs animaux », déplore à Jeune Afrique le porte-parole du groupe parlementaire Vigilance républicaine et démocratique (VRD).
Renforcer la sécurité
« Il faut qu’on arrête de stigmatiser les Peuls. Malgré les différentes missions effectuées par le Premier ministre et d’autres cadres au centre du Mali, le résultat reste mitigé. Il n’y a pas de conflit intercommunautaire Peuls-Dogons mais des attaques effectuées par des bandits », a lancé Belco Bah, député élu à Niono dans la région de Ségou, touchée par la crise, et membre de la commission défense de l’Assemblée nationale.
Très attendu, le Premier ministre a expliqué l’action déjà entreprise depuis son arrivée à la primature en décembre 2017 et la politique qu’il compte désormais appliquer. « Les stratégies mises en place par le gouvernement sont la préoccupation de l’espace. Nous avons déployé, en 2018, 13 000 hommes dont la moitié au Centre, ce qui a réduit l’insécurité par rapport aux autres années », a-t-il déclaré. « Nous allons continuer à renforcer notre présence militaire », a précisé Soumeylou Boubèye Maïga.
Des explications qui ne semblent pas avoir rassuré certains députés du Centre, qui jugent que l’heure est « grave ». « Le gouvernement a déjà envoyé des soldats, quels sont les résultats ? Vous prenez par exemple des localités comme Dialloubé et Kouakourou où l’armée a fait des postes militaires dans les villages, mais les gens ont peur de sortir à l’extérieur parce qu’il y a des hommes armés qui tournent autour des villages », a souligné le député Mody N’diaye.
Lors de ses réponses aux questions des députés, le Premier ministre malien a reconnu que l’action militaire seule n’était pas la solution. Il a ainsi préconisé de l’associer au redéploiement de l’administration, d’instaurer un mécanisme de dialogue intercommunautaire et le processus de désarmement et de réinsertion (DDR) des combattants des groupes armés du Centre.
Jeune Afrique