Dans le cadre du second tour des élections législatives dans le cercle de Mopti, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et le Préfet de la localité ne parlent pas le même langage. Et pour cause : dans son rapport adressé à la Cour Constitutionnelle, après le scrutin, la Ceni donne gagnante la liste Udd, Yelema, Ps yeleen Kura avec 52,85% contre 47,15 % pour l’alliance Rpm-Adema-Urd. Des chiffres qui sont loin de ceux de la Préfecture qui attribuent la victoire à l’alliance conduite par le Rpm avec 54,49% contre 45, 51% pour la liste Udd yelema ps yeleen kura. La Cour constitutionnelle et a été saisie par la liste Udd et le Préfet et quatre Sous-préfets (tous des militaires) ont été assignés en justice pour fraude électorale auprès le Tribunal de Grande instance de Mopti.
A quel jeu joue la Préfecture de Mopti, c’est la question qui est de nos jours sur toutes les lèvres à la sortie du second tour des élections législatives où le chef de l’exécutif central du cercle de Mopti aurait selon de nombreux observateurs politiques pris fait et cause pour une alliance électorale à savoir le Rpm-Adema-Urd au détriment de Udd Yelema Ps Yeleen Kura. Pour preuve, à cause de l’insécurité de nombreux électeurs ont été empêchés de voter dans de nombreuses zones. Dans certaines localités, les bureaux sont restés fermés le jour du scrutin. Toute chose qui ne serait pas pris en compte dans le rapport du Préfet qui en complicité avec certains sous Préfets se seraient débrouillés à faire le plein des urnes. Mais. Comment ?
«A titre d’exemple, à Dialloubé le sous préfet a ouvert le bureau à 9 h les populations sous la crainte des menaces des terroristes ne sont pas sortis. Et deux heures plus tard à savoir à 11 heures O2 minutes, il ya eu une alerte djihadiste et l’armée a évacué immédiatement le Sous préfet avec le matériel électoral, le commandant de zone a écrit au gouverneur pour faire le compte rendu. Mais tenez vous bien, dans cette localité l’alliance Rpm-Adema-Urd s’est tapée plus de 7 800 voix dans six bureaux seulement ouvert sur 40 » a regretté notre interlocuteur. Le même scenario s’est tenu dans la commune de Soye. « Le jour du vote, c’est aux environs de midi que le Sous préfet arrive avec le matériel électoral au chef lieu de la commune. Et le chef du village a été catégorique il ne voulait pas d’élection dans sa commune par crainte de représailles des djihadistes d’ouvrir les bureaux de vote. Parce qu’il avait aussi reçu des menaces à cet effet. Le représentant de l’Etat a été résigné de quitter la zone avec le matériel électoral à 13 heures soit 1 heure plus tard. La aussi, le rapport du commandement militaire de la zone en fait foi. Et le gouverneur de Mopti même est prêt à témoigner pour dire qu’il n’ya pas eu d’élections dans ces localités», a ajouté la même source avant de poursuivre que pour Ouro-Modi et Koubaye, l’armée ne s’est pas rendue dans pour la sécurisation du processus donc conclusion il n’ya pas eu d’élection aussi dans ces localités également. Or dans ces quatre localités ou il n’y a pas eu d’élection, l’administration a donné 18 000 voix à l’alliance Rpm, Adema Urd comme l’atteste le rapport de la Ceni.
C’est partant de ces différents constats que la Ceni a adressé un rapport du scrutin à la Cour constitutionnelle dans lequel rapport elle donne gagnante la liste Udd, Yelema, Ps Yelenkura avec 52,85% contre 47,15 % pour l’alliance Rpm-Adema-Urd. Des chiffres qui sont loin de ceux de la Préfecture qui attribuent la victoire à l’alliance conduite par le Rpm avec 54,49% contre 45, 51% cela sur la base des 18000 voix des zones où il n’ya pas eu de vote. Raison pour laquelle une plainte a été déposée contre le Préfet de Mopti Aliou Guindo et le sous préfet de quatre autres localités (tous des militaires). Il s’agit de Dialloubé, Koubaye Soye et Korombana, qui sont tous des militaires. C’est pourquoi, la justice de Mopti, compte tenu de leur statut a adressé une correspondance à leur hiérarchie pour une mise en disposition des quatre accusés au compte de la justice.
A rappeler que trois sous préfets du cercle de Douentza ont été également assignés au pénale pour bourrage d’urne dans des zones d’insécurités. Aussi, lors du premier tour à Mopti, deux présidents de bureau de vote ont été pris en flagrant délit de bourrage d’urnes appartenant aux zones d’insécurités au profit de la liste conduite par le Rpm-Adema-Urd. Les malfaiteurs ont condamnés le 14 avril dernier à trois ans de prison ferme. Cette condamnation, n’a pas servi de leçons à d’autres pour le second tour qui se sont adonnés aux mêmes pratiques.