Le Pool d’observation citoyenne du Mali (POCIM) a tenu une conférence le 13 août dernier afin de faire part de ses constats sur le déroulement du second tour de la présidentielle au Mali. Occasion pour le POCIM de formuler des recommandations à toutes les parties prenantes.
Au lendemain du second tour de la présidentielle, le Pool d’observation citoyenne au Mali, en collaboration avec le Conseil National de la Jeunesse, l’Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie, ont mis au grand jour les résultats fournis par leurs nombreux observateurs déployés sur la quasi-totalité de l’étendue du territoire malien.
Le chef de la mission du Pool d’Observation Citoyenne du Mali, Ibrahima Sangho, a fait part de plusieurs constats au cours de cette conférence, allant des tensions électorales, de la faible implication des organisations de la société civile au colloque de négociations, à la problématique de l’accès équitable des candidats aux médias d’État dans la période post-électorale. Dans son intervention, M. Sangho mentionne également le déploiement tardif des préfets et des sous-préfets dans leur circonscription respective ; la violation du code de conduite signé par les candidats ; le non-respect des règles d’affichage et la censure des réseaux sociaux à des fins électoralistes.
À ce titre, M. Sangho n’a pas manqué de faire des remarques qu’il juge pertinentes pour « le déroulement du scrutin dans un climat pacifique et la tenue du scrutin dans le centre et les régions du nord ; l’exercice effectif du droit de vote par tous les électeurs, l’intégrité du scrutin, la participation et l’acceptation des résultats par toutes les parties prenantes. »
Ce qui sous-entend que beaucoup d’électeurs ont été privés de leur droit de vote soit du fait de l’insécurité soit à cause de la mauvaise volonté du gouvernement. Il suggère de revoir la manière d’organiser les scrutins au Mali.
La Mission, dans ses observations, a aussi remarquée des dysfonctionnements dans plusieurs localités, ainsi que dans le district de Bamako, martèle le chef de la Mission. Comme obstacles, il a tenu à citer, entre autres : l’utilisation de bulletins pré signés à Niaréla, la mauvaise qualité de l’encre dans plusieurs localités et le non affichage de la liste électorale devant la majorité des bureaux de vote. Ensuite, précise-t-il, il a été signalé l’absence de cachets, le manque de bulletins dans certains bureaux. M. Sangho n’a pas oublié de mentionner la fermeture anticipée de quelques bureaux dans certaines zones comme Kidal, Niafunke, etc.
Le POCIM a relevé également des incidents majeurs dans la commune de Ndojiga. Aux dires du chef de la mission, 50 bureaux de vote ont été fermés avant l’heure prescrite à cause de la menace sécuritaire. À Youwarou, il a été constaté l’absence des agents électoraux dans certains bureaux de vote, l’enlèvement des matériels électoraux, etc. À Niafunké, un président de bureau de vote a sauvagement été tué et 4 assesseurs molestés, constate le POCIM. À 34 km de Bankass, des agents électoraux et des matériels électoraux ont été attaqués ; etc.
Après ces remarques, le POCIM, à travers M. Sangho, a formulé des recommandations s’adressant aux autorités en charge de la bonne organisation des élections, notamment le gouvernement, la Cour Constitutionnelle, la Cour Suprême ainsi que les candidats, les citoyens maliens, les partenaires techniques et financiers.
C’est ainsi que la mission du POCIM recommande l’adoption de mesures pouvant conduire au bon déroulement de ce scrutin afin de préserver le Mali d’une crise post-électorale. À ce titre, le POCIM, à travers son chef, suggère au gouvernement et à la Cour Constitutionnelle la publication en ligne des résultats provisoires dans le souci de la transparence, la diligence dans la centralisation et la proclamation des résultats provisoires et ensuite la création d’un organe unique de gestion des élections au Mali. Outre ces mesures, il suggère à la Cour Suprême l’élaboration et l’adoption d’une approche cycle électoral, ainsi que d’un code électoral de déontologie des magistrats durant cette période fragile dans la vie d’une nation. Cette conférence a fourni l’occasion au POCIM d’inviter les autorités maliennes à travailler pour l’amélioration organisationnelle des futures élections au Mali. La poursuite des dialogues politiques inclusifs et féconds pour des gestions censuelles des dysfonctionnements constatés lors du déroulement du scrutin présidentiel… est une autre recommandation formulée par le POCIM à l’endroit des candidats.
« L’acceptation des résultats du deuxième tour du scrutin présidentiel ; la culture de la paix et de la non-violence », ont été demandées par le POCIM aux citoyens maliens.
Quant aux partenaires techniques et financiers, cette mission d’observation les invite au renforcement des capacités de la société civile afin de lui permettre de mieux accomplir non seulement sa tâche de veille citoyenne, mais aussi celle de contrôle et de sensibilisation autour des droits civiques et politiques.
Abdoul Ongoiba, stagiaire
Source: Le Pays