Après la réélection d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), le 12 août 2018, à la tête de l’Etat, l’une de nos équipes de reportage a interrogé quelques Maliens sur les prochains défis à relever. En gros, nos interlocuteurs mettent en avant la mise en oeuvre effective de l’Accord de paix et de réconciliation, le règlement des conflits intercommunautaires, la sécurité du pays et l’emploi des jeunes.
Adama Diongo, un jeune leader dogon : « Il faut que le Président reprenne la main qu’il a perdue »
Sur le plan national, je pense que les attentes sont énormes. D’abord au cours de son premier mandat, IBK a signé un arsenal d’accords dont la mise en œuvre tarde à être effective. Moi, je pense que pour ce nouveau mandat, il doit beaucoup travailler sur la mise en œuvre effective de ces différents accords, surtout celui de la paix et de la réconciliation. Parce que c’est dans cet accord que nous, au niveau du pays dogon, nous pouvons connaître la stabilité. Pour nous, la stabilisation au centre du pays est vraiment une priorité et cela le plus rapidement possible.
Vous savez, depuis que le président IBK est au pouvoir, il s’est beaucoup investi dans la résolution de la crise du nord. Mais sur la situation au centre du pays, nous ne l’avons pas beaucoup senti. On a vu ses ministres faire quelques interventions, mais lui-même a été presque muet sur la situation. Il faut donc qu’il reprenne la main qu’il a perdue.
Sadio Sacko, un habitant de Bamako : « Il faut que le Président mette l’accent sur l’emploi des jeunes »
Ce que j’attends du nouveau mandat du président, c’est qu’il mette un accent particulier sur l’emploi des jeunes. Aujourd’hui, je suis vieux et très fragile sur le plan de la santé, mais j’ai des enfants qui ont terminé leurs études et ils ne font rien pour l’instant. Pour moi, le plus important est le travail des jeunes.
Daouda Keita, retraité à Bamako : « Il faut que les Maliens changent »
Il faut que les Maliens se mettent au travail. On ne peut pas continuer à être négatif sur tout. Un président a toujours un grand rôle, mais il faut que sa population l’accompagne avec une bonne foi. IBK est venu en 2013 dans l’objectif de donner la paix aux Maliens et je pense qu’il a fait de son mieux. Sinon, on a vu des pays qui ont été divisés pour des problèmes moins graves que les nôtres. Je pense au Soudan, à l’Ethiopie et à d’autres. Encore une fois, il faut que les Maliens changent.
Mori Sogoba, agriculteur à Dossorosso (Bla) : « Il faut améliorer davantage les conditions de travail des agriculteurs»
Je ne suis pas contre le second mandat d’IBK. Mais, c’est le problème de la sécurité du pays qui m’inquiète beaucoup et je pense qu’il faut rapidement le résoudre. Aujourd’hui, personne ne peut dire qu’il est en sécurité au Mali. La violence s’accroit de jour en jour. Il faut qu’IBK tienne compte de toutes les réalités que vivent les citoyens. En plus de cela, il doit mettre tout en œuvre pour améliorer davantage les conditions de travail des agriculteurs. Nous n’avons pas d’engrais à suffisance. Dans ces conditions, il sera difficile de lutter contre la pauvreté dans le monde rural.
Minata Sogoba, ménagère à Dossorosso (Bla) : « D’abord, IBK doit tout faire pour redresser l’école.»
D’abord, IBK doit tout faire pour redresser l’école. En suite, construire des dispensaires pour garantir un meilleur cadre de santé à la population locale. Il doit également assurer la sécurité alimentaire. On ne peut pas parler de développement tant que la population ne mange pas à sa faim. Les prix des céréales doivent être stables par tout au Mali. Ainsi, j’invite tous les citoyens à contribuer à la stabilité du pays.
Rokia Daou, Lycéenne à Bla : « IBK doit chercher une équipe capable»
Depuis longtemps, on ne fait qu’assister à des grèves, à des actes de violence et à des crimes odieux. Alors, pourquoi tant de problèmes ? Je pense que toutes les conditions ne sont pas réunies pour assurer un meilleur cadre de vie aux populations. Donc, le président connaît déjà les problèmes qui pèsent sur le pays. Alors, il doit chercher une équipe capable de résoudre ces différentes situations. Dans un pays où il n’y a pas de justice, on ne peut pas parler d’Etat.
BEME Sogoba, jeune diplômé sans emploi à Bamako
« Mettre fin à la routine de la vieillesse bureaucratique»
La réalité du Mali est telle qu’on n’a même plus besoin d’en parler. L’insécurité, le chômage et la pauvreté ne cessent de s’empirer jour après jour. Nous voulons que le Mali ressemble à ces pays qui, après une guerre, ont réussi à s’engager sur une réelle voie de développement. Il s’agit principalement du Rwanda. Aujourd’hui en matière d’emploi au Mali, l’espoir doit reposer sur la jeunesse. Cela, pour mettre fin à la routine de la vieillesse bureaucratique.
Amadou Basso & Kousseini Sogoba