Moins de 48 heures avant la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle, certains candidats à la présidentielle montent au créneau. Ils contestent les résultats provisoires proclamés par le ministre de l’Administration territoriale et demandent sa démission.
Ce collectif est composé de vingt des vingt-quatre candidats à l’élection du président de la République du 29 juillet 2018. Selon ce collectif, l’élection présidentielle a été entachée de «plusieurs irrégularités». Soumaïla Cissé, membre de ce collectif, dénonce «le bourrage honteux des urnes» par le candidat sortant et appelle les autres candidats «à la formation d’un front uni pour le Mali».
Nous étions le lundi 6 août 2018 à la Maison de la presse, où des candidats à l’élection du président de la République, du 29 juillet, ont dénoncé «le bourrage des urnes dans certaines localités, leur enlèvement illégal, la violation de la procédure de dépouillement dans de nombreux bureaux de vote, l’achat massif des consciences ou encore les 200.000 bulletins déclarés nuls». Selon eux, ces irrégularités et ces faits ont largement contribué à amener certains candidats à des rangs qui ne reflètent pas la réalité.
Dans une déclaration lue par le candidat de l’URD, M. Soumaïla Cissé, le collectif rejette également ces résultats. Selon Soumaïla Cissé, ces résultats ne reflètent pas le vote des Maliennes et des Maliens. «Nous savons tous que tout a été fait par le gouvernement pour empêcher la libre expression de la volonté du peuple lors du scrutin du 29 juillet. Je le dis haut et fort, ces résultats ne reflètent pas le vote des Maliennes et des Maliens ! Ils ne sont ni sincères ni crédibles», fulmine Soumaïla Cissé. Avant de protester contre ce qu’il appelle «des résultats de la fraude, d’un bourrage honteux des urnes en faveur du président de la République sortant».
«Ce sont des résultats manipulés. Nous ne les accepterons pas. J’en appelle à la vigilance de toutes les forces démocratiques, à la mobilisation de tous pour défendre l’expression libre du suffrage du peuple contre les prédateurs et les fossoyeurs de la démocratie», a déclaré le chef de file de l’opposition, qui invite les autres candidats à la «constitution d’un front uni pour le Mali…».
Mamadou Traoré, candidat du parti Union, y est aussi allé de son commentaire. «Nous avons remarqué que nous avons eu des voix dans des localités où nous ne sommes pas représentés. Et également, nous avons été privés de voix dans des localités où nous sommes fortement représentés par nos familles et les membres du parti», constate-t-il. Et de pester : «je vis à Kalaban-Coro, j’ai ramassé des ordures à Kalaban-Coro, alors il est impossible que j’aie 0% à Kalaban-Coro. Il y a des bureaux de vote où les membres du parti ont voté, on a eu zéro voix».
Prenant la parole à son tour, le candidat du Cnid-Fyt, Me Mountaga Tall, a parlé des recours en annulation déposés auprès de la Cour constitutionnelle par plusieurs candidats, «unis et solidaires, déterminés et résolus». Il a ensuite énuméré leurs exigences : «le recomptage contradictoire des voix et la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote, la publication de la liste exhaustive des localités et des bureaux de vote où le scrutin n’a pas pu se tenir, et du nombre d’inscrits concernés. Tant que cette liste n’est pas connue et vérifiée par les missions d’observation, commente-t-il, le pouvoir peut en toute impunité produire des résultats dans des bureaux de vote officiellement ouverts, mais dans lesquels les électeurs ne s’y sont pas rendus faute de sécurité».
De son côté, Choguel Kokalla Maïga demande une clarification sans ambiguïté de la communauté internationale et du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation au sujet du fichier électoral mis en ligne par la Délégation générale aux élections (DGE). Ainsi qu’«une vérification contradictoire du logiciel de compilation qui échappe à tout contrôle et que les différentes missions électorales d’observation n’ont pu véritablement auditer malgré les engagements pris lors de la rencontre avec le Premier ministre, le 28 juillet dernier.»
Il a par ailleurs souhaité la publication du rapport de la CENI sur le 1er tour du scrutin présidentiel. En sus de la publication de la situation réelle du vote par procuration. «Solennellement et dans un esprit de responsabilité, nous en appelons donc à la mobilisation et au rassemblement du peuple malien pour faire échec à ce qui se trame : un coup d’Etat électoral. Le Mali mérite mieux que cette comédie électorale sur fond de fraude à huis clos. Les Maliennes et les Maliens ont droit à la vérité des chiffres. Nous en appelons aussi à la communauté internationale pour qu’elle prenne ses responsabilités et qu’elle n’attende pas la fin du processus électoral pour dénoncer les graves dysfonctionnements qui entachent cette élection présidentielle», a-t-il martelé.
Sans la garantie des conditions ainsi énumérées, le collectif des vingt candidats affirme en tirer toutes les conséquences. «Le pouvoir sortant en portera l’entière responsabilité», déclare-t-il. Le collectif des candidats à l’élection présidentielle exige en outre la démission du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, principal responsable du «hold-up électoral».
Il invite les populations de Bamako et Kati à participer massivement au grand meeting de dénonciation de la fraude et de défense de la démocratie, le mardi 7 août 2018, à partir de 16 heures, au Palais de la culture.
Ousmane Diakité
Soleil Hebdo