Commune I du district de Bamako : « La mairie a vendu le marché de Sotuba ». Le pot aux roses a été révélé par notre confrère « Les Echos », dans son édition du 24 novembre. Entre la mairie de la commune I et ses électeurs, les populations de Sotuba ACI, c’est la fin de la lune de miel. Les élus locaux risquent de perdre leurs bulletins dans ce scandale foncier, une affaire d’escroquerie municipale à ciel ouvert. Après enquêtes, le verdict du confrère est sans appel : le marché du quartier a été morcelé et vendu par le conseil municipal.
Plusieurs espaces verts de Sotuba ACI faisant objet de titres fonciers et prévus pour être des terrains de football, centre de santé, marché, école étaient en son temps menacés par des spéculateurs fonciers. Face à ce phénomène, le Collectif des résidents de Sotuba ACI avait depuis août 2011 adressé des correspondances aux autorités compétences de sauvegarder leurs espaces verts. Dans le souci de protéger leurs espaces verts, le Collectif des résidents de Sotuba les avait identifiés en y mettant des plaques en attendant de les mettre en valeur. Pour le cas particulier du marché, le Collectif a pris contact avec la mairie de la Commune I pour rendre viable l’espace prévu pour être un équipement marchand. Un plan a été ébauché dans ce sens par le collectif faisant ressortir le type de marché moderne qu’il souhaite construire dans le quartier.
L’idée de bâtir un marché a été favorablement accueillie par la mairie de la Commune I et par le gouvernorat du district. Mais il reste entendu qu’un collectif ou une population quelconque n’a pas vocation de construire un équipement marchand. Cela est du ressort des collectivités comme la mairie qui peut donner l’équipement marchand en contrat bail ou en gérance assortie de cahier de charge.
A l’ACI Sotuba, les choses ne sont pas passées dans les règles de l’art. Le Collectif des résidents accuse la mairie d’avoir réalisé un plan différent du sien en augmentant le nombre de boutiques et en mettant une boulangerie qui n’était pas prévue. Pis, le bureau communal et le conseil municipal se seraient servis à satiété et aurait même donné la boulangerie au gouvernorat du district. Mieux, « les six membres du bureau communal ont reçu chacun deux lots dans le futur marché. Un richissime membre du bureau communal, en la personne d’Alhousseini Maïga, a lui seul acheté des lots pour la somme de 36 millions de F CFA », écrit notre confrère. Ce n’est pas tout : cette somme a été partagée entre les membres du conseil communal qui n’avaient pas reçu leur part dans les lots du marché et qui avaient menacé de faire péter l’affaire. La photocopie du chèque BNDA n°678703, avec comme titulaire Alhousseini Maïga, d’une valeur de 1055000 F CFA, endossé au nom de Boubacar Coulibaly, membre du conseil municipal de la Commune I en fait foi.
Le gouverneur du district, Hady Traoré rencontré reconnait en la mairie sa vocation de gérer les équipements marchands dans le cadre des dispositions prévues par la loi en lieu et place des populations. Mais il dénonce le conflit d’intérêt qui peut se créer lorsque la municipalité met en avant ses propres intérêts. Sans avoir la preuve des accusations de malversations foncières au marché de Sotuba ACI, le gouverneur du district n’apprécie pas du tout que des lots aient été monnayés. Par contre, il s’inscrit en faux contre ceux qui soutiennent qu’il a reçu sa part en l’occurrence une boulangerie. « Je mets quiconque au défi de le prouver », a-t-il dit. Ce qu’il reconnait, c’est qu’un opérateur économique est venu le voir en lui demandant qu’il serait bien d’édifier une boulangerie dans ce marché. Il dit avoir signifié à son visiteur qu’il n’a rien à voir dans ça et qu’il serait mieux de se mettre en rapport avec la mairie de la Commune I.
Mme Konté Fatoumata Doumbia, maire de la Commune I revenue d’une suspension de trois mois en octobre dernier, dit avoir pris le train en marche, même si elle affirme connaitre le Collectif des résidents de Sotuba ACI qu’elle avait déjà rencontré. Selon elle, le projet du collectif de bâtir un marché moderne dans un quartier aussi huppé est une bonne initiative. « Mais le collectif avait un autre agenda, celui de gérer à ses propres fins le marché. J’en connais parmi eux qui n’inspirent pas confiance », a-t-elle dit. Notre entretien s’est déroulé à l’absence de son 1er adjoint, M’pè Diarra, qui avait piloté le dossier pendant la suspension de Mme le maire dont l’arrivée a d’ailleurs sauvé les meubles. Le secrétaire général de la mairie de la Commune I, Toumany Sow, présent, a indiqué que l’espace en question a été attribué par le gouvernorat du district, au moment où Georges Togo était le gouverneur, sous décision n°05 du 27 mai 2014. Selon lui, le schéma d’aménagement a été approuvé par l’actuel gouverneur Hady Traoré et le plan réalisé par la direction nationale de l’urbanisme. Il reconnait à son tour que le Collectif est venu voir la mairie dans le cadre d’une collaboration d’aménagement des espaces verts. « Il n’y a pas eu de vente de parcelles, au sens du droit. Tout ce qui existe comme décision administrative ce sont des contrats de bail établis avant la suspension des attributions de parcelles », a affirmé M. Sow. Il a poursuivi que les intéressés doivent mettre en valeur leurs lots et payer à la mairie, 225 F CFA/m2 pendant dix ans et la première anuité est payée dès la signature du contrat.
« Je n’ai pas signé de contrats de beaux, j’étais en suspension et c’est le maire intérimaire qui avait les affaires en main », a affirmé Mme Konté Fatoumata Doumbia, maire de la Commune I. Elle soutient que la boulangerie a été mise sur le plan sur recommandation de la direction nationale de l’urbanisme.
Le président du Collectif des résidents de Sotuba ACI, M. Siby se refuse d’admettre qu’il avait demandé à gérer le marché ou à prétendre avoir des parcelles. Selon lui, le souci de son collectif est qu’il ait un marché moderne et que l’endroit ne soit pas vendu à n’importe qui pourrait faire n’importe quoi dedans. Il dit être convaincu que la mairie a outrepassé ses droits en tirant un profit mercantile de leur futur marché.
Le conseiller municipal, Alhousseini Maïga, celui-là même qui a acheté plusieurs lots et même dédommagé des membres du Conseil municipal sortis bredouilles, est resté injoignable malgré nos nombreuses sollicitations.
Source: Lerepublicainmali