On n’est jamais trahi que par les siens, a-t-elle certainement ruminé tout au long du week-end. Et pour cause ? Ce sont les mêmes qui avaient mis en place des comités de soutien à son prestige et à sa gloire et qui lui crient leur ras-le-bol. À cause des faux engagements qu’elle a pris et de la manipulation outrancière dont elle a été partie prenante sinon l’actrice principale dans cette arnaque de réhabilitation de la RN3.
Après s’être trempée dans la combine et le sport favori des politiciens, à travers une promesse pour abuser de la confiance de toute une région voilà Zeynab de Médine qui fait la sainte ni touche et la veuve effarouchée ! Elle dénonce la manipulation, le lynchage médiatique ; laisse entrevoir l’injustice et l’acharnement dont elle serait victime… ! Reste seulement qu’elle crie au complot !
De quoi se plaint Mme Traoré Seynabou Diop ! De quoi peut-elle se plaindre ? De sa réputation et de son honneur qu’elle a vendus aux chiens (pour emprunter l’expression de J Montaldo) en acceptant de promettre du vent aux Kaysiens et en affirmant des sornettes à la représentation nationale ?
Qui a obligé Traoré Seynabou Diop a dit le mercredi 17 avril 2019, devant l’Assemblée nationale que :
Primo : « le financement a été proposé par le ministre de l’Économie et des finances sur le budget d’État (exercices budgétaires 2018, 2019, 2020). Deux mandats ont d’ores et déjà été émis d’un montant de 15, 696 milliards FCFA au profit de l’AGETIPE Mali qui assure la maîtrise d’ouvrage délégué du projet. Ce projet est inscrit dans la loi de finances 2019 Section 700 : Programme 2-065 ; Action 01. Le montant prévu pour les travaux est de 74 314 850 129 FCFA TTC »
Secundo : « il n’y a pas aucun blocage dans l’exécution normale de ce projet qui figure en priorité dans l’agenda de mon département, pour la simple raison qu’il s’agit d’un corridor important dans l’approvisionnement de notre pays ».
N’est-ce pas en raison de cette communication de circonstance qui la rattrape aujourd’hui que ce jour-là, Mme la ministre n’a pas dit qu’en réponse aux questions du député de Kolokani que : « les travaux de la route Kati-Didieni ont été suspendus pour des raisons financières. Suite à des tensions de trésorerie, l’entreprise n’a pas perçu la totalité de l’avance de démarrage qui devait lui permettre de continuer les travaux ». Bien au contraire, elle n’a évoqué juste qu’une lourdeur administrative dans le traitement des dossiers financiers.
Qu’une étude pour la réhabilitation totale de la route Kati-Kolokani-Didieni-Diema-Kayes-Diboli ait été réalisée, concédons-le à Mme la Ministre. Mais ça ressemble à un aveu tardif de sincérité qui ne saurait aucunement emballer Kayes que de lui révéler aujourd’hui le fonds des secrets d’alcôve du gouvernement en disant : « le coût total pour la réalisation des travaux était évalué à plus de 350 milliards. Faute de moyens financiers pour prendre en charge le coût, l’option d’une réhabilitation progressive a été souhaitée. C’est dans ce cadre que la réhabilitation du tronçon Kati-Kolokani-Didieni a été envisagée pour un montant de 78 milliards ».
Au constat de l’état calamiteux de la route, de l’absence des travaux, de toute volonté de la part du gouvernement de réhabiliter cette route et du zig-zag argumentaire, qu’est-ce que la ministre des Infrastructures et de l’équipement pouvait-elle s’attendre d’autre ? Kaysienne et sahélienne, elle n’ignore pas le péché régional : dire les choses telles qu’elles sont, appeler le chat par son nom. Traduction kaysienne : notre route n’a pas été faite, elle nous a berné, ‘’an tè an ta yafa’’ !
Où est le mensonge ? Où est la calomnie ? Où est l’injure ?
Vilipendée ? Que nenni ! Mais critiquée vertement, elle l’a bien cherchée et bien méritée. Nulle ne cherche à envenimer une situation déjà dramatique avec son lot quotidien d’accidents et de morts qui endeuillent la région. Aussi, c’est se fourvoyer de la part de Senab de Médine que de tenter de se poser en victime de la route Kati-Kolokani-Didieni-Diema-Kayes-Diboli et de laisser croire à un acharnement contre sa personne. Le résultat du désastreux coup de com se solde des jérémiades presque puériles au moment où les vraies victimes sont en droit d’attendre responsabilité et courage.
En effet, quand on prend des engagements et qu’on ne respecte pas, on en tire les conséquences, mais on n’accuse pas les autres d’avoir dit cela et de s’acharner sur la non-tenue de ses engagements.
Aussi, la question est : est-elle à hauteur d’enjeu ? ‘’Ni tè kè ne la, ni tè fô ne ma…’’ Si elle ne peut assumer la critique légitime des Maliens sur l’incompétence, la faillite, la manipulation et les fausses promesses du gouvernement dans cette affaire de la RN3, elle doit tirer sa révérence si elle a encore du respect et de la considération pour les populations qui sont victimes de la politique dont elle est partie prenante.
Par Sidi DAO