Bamako se modernise et se peuple. Cette transformation s’accompagne de nouveaux styles de vie au quotidien. La vie citadine est aujourd’hui marquée et dominée par l’usage de plastiques pour divers besoins.
De telle sorte que la capitale aux trois caïmans est inondée et submergé de déchets plastiques. Ce sont des milliers de tonnes. Les initiatives ne manquent pas pour les ramasser et les recycler, mais les moyens sont insuffisants. Cependant, dans la pratique, les gens semblent de ne pas se soucier des effets nocifs du plastique sur la santé tout au long de son cycle de vie. En effet, dans un rapport publié en février 2019, le Center for International Environmental Law (CIEL) alerte sur l’impact sanitaire du plastique. Dans ce rapport, intitulé «Plastique et santé : le coût caché d’une planète plastique », le CIEL détaille l’impact global du plastique sur la santé humaine par une analyse précise de chaque étape de son cycle de vie, aussi bien en amont qu’en aval.
Le résultat est alarmant : le plastique représente un risque sanitaire à l’échelle mondiale car, il a un effet néfaste aussi bien lors de sa fabrication que lors de son utilisation, de son traitement en tant que déchet ou encore de sa dispersion dans l’environnement. Faut-il souligner que le cycle de vie du plastique est constitué de différentes étapes, qui peuvent chacune avoir des conséquences nocives. Déjà, à l’extraction et le transport de matières premières fossiles (pétrole, gaz, charbon), des substances chimiques et toxiques sont libérées dans l’atmosphère ainsi que dans l’eau et les sols. Ensuite, lors de la fabrication du plastique, de nombreux plastifiants et additifs chimiques sont utilisés afin notamment de donner certaines caractéristiques au produit final : couleur ou transparence, souplesse ou rigidité, imperméabilité à la lumière ou à l’oxygène, retardateurs de flammes, etc.
Bien que la toxicité de nombre d’entre eux ait été prouvée, les industriels ne sont pas tenus de rendre publique la liste de ces additifs, qui constituent en moyenne 7% de la masse des plastiques non fibreux. La majorité d’entre eux n’étant pas fixés solidement au polymère, ils contaminent facilement et durablement l’environnement, c’est-à-dire l’air, l’eau, mais aussi la nourriture ou le corps humain.
Aussi, l’utilisation du produit plastique et des emballages : celle-ci entraîne l’ingestion et l’inhalation de microparticules de plastique et de substances toxiques associées. L’ingestion peut être due au dépôt de produits chimiques présents dans le plastique sur les produits alimentaires ou à la contamination des eaux tandis que l’inhalation est due à un contact direct avec le produit plastique (vêtements, emballages, jouets pour enfants, etc.). Ainsi, une étude menée par Orb Media concernant la contamination de l’eau du robinet montre que des microparticules de plastique sont présentes dans 81% des échantillons d’eau analysés, partout dans le monde. Dans une deuxième étude portant sur l’eau des bouteilles en plastique, Orb Media a trouvé des microparticules dans 93% des échantillons, avec en moyenne deux fois plus de microparticules présentes dans l’eau en bouteille que dans l’eau du robinet.
En ce qui concerne le traitement du déchet plastique : à la fin de sa vie souvent très courte, le plastique devient un déchet dont le traitement prend trois formes: l’incinération (souvent présentée comme de la valorisation énergétique), le recyclage ou la mise en décharge. Lorsqu’il est traité dans une usine d’incinération, de nombreuses substances toxiques, telles que le cadmium, le plomb ou le mercure, sont relâchées dans l’environnement proche. En 2015, 12% des plastiques ont été traités de cette manière et seulement 9% ont été recyclés dans le monde.
Les 79% restants se sont retrouvés dans des décharges ou encore dans la nature, représentant une source de pollution encore plus importante pour l’eau, les sols et l’air. Au-delà de ces étapes clés, le plastique est à l’origine d’une pollution, présente tout au long de son cycle de vie, due à une diffusion de microparticules provenant du produit d’origine qui contaminent toutes les zones environnementales (air, eau et sol), mais aussi tous les éléments avec lesquels il est en contact (nourriture, peau, etc.). Des impacts sanitaires ont été déjà identifiés.
L’omniprésence du plastique dans notre environnement représente un danger sanitaire pour l’homme. En effet, ce produit est en continuelle interaction avec l’environnement humain et finit par s’infiltrer dans le corps humain, par ingestion, inhalation ou contact direct. Ainsi, de plus en plus de microfibres et microparticules plastiques sont retrouvées dans les tissus humains et le système sanguin. Les effets sur la santé peuvent être divers : impacts sur le système immunitaire et le système respiratoire, perturbations endocriniennes, baisse de la fertilité, hausse des risques de cancers…
Ces effets existent à chaque étape du cycle de vie du plastique et démultiplient donc les conséquences sur la santé. Néanmoins, l’impact de la combinaison de ces effets est encore mal connu et ne peut donc pas être appréhendé correctement. Ces risques concernent tous les individus, mais les personnes exposées de façon prolongée (travailleurs dans le domaine du plastique, riverains d’usines, consommateurs quotidiens de produits plastiques) ainsi que les publics vulnérables (enfants, nourrissons et femmes enceintes) sont tout particulièrement affectés.
Présentée par Jean Goïta
La Lettre du Peuple