Au Mali, et plus particulièrement dans la capitale, Bamako, la question de l’assainissement est devenue un problème de santé publique. L’amer constat qui découle de ce phénomène est le fait que les pouvoirs publics n’arrivent plus à assurer l’assainissement correct de la ville. En effet, dame Bamako n’est plus la coquette d’antan. Des centaines de tonnes d’ordures jonchent chaque jour les rues.
C’est le cas vers le Grand marché, mais aussi dans la plupart des 69 quartiers de la ville. Surtout pendant la période de pluies. Les immondices empêchent l’eau de circuler, causant parfois des drames. Les quelques dizaines d’employés de la voirie sont impuissants. Il n’y a pas de structure d’assainissement fiable. Il n’y a aucune décharge finale appropriée et les dépôts d’ordures de transit sont pleins. Selon un expert, seuls 30% des déchets de la capitale sont véritablement traités. Ce qui fait que l’exécutif et le maire du district de Bamako s’arrachent les cheveux.
Ozone Mali a depuis quelques années un contrat de ramassage et de traitement des ordures. Mais la société est financièrement asphyxiée et n’arrive pas à rendre Bamako propre. L’Histoire nous apprend que c’est après la seconde guerre mondiale que le gouverneur Louveau fera de Bamako une ville développée et intellectuelle du Soudan. Toutes les infrastructures essentielles datent de cette période marquée par une croissance démographique remarquable. En 1951, la population est estimée à 84600 personnes recensées, parmi lesquelles on comptait 5500 Français et 600 Libanais. De nos jours, la ville frôle les 4 millions d’habitants avec la modernisation et l’essor démographique. Face à ce défi, c’est une gestion en dents de scie qui est réservée à l’assainissement. Or, la transformation des GIE en petites et moyennes entreprises et la modernisation des équipements de ramassage des ordures est une condition pour les opérateurs du secteur d’améliorer leurs performance et revenus et de recruter plus de personnes et de couvrir efficacement plus d’espace d’intervention et de diversifier les activités. La collecte par les entreprises privées est assurée, entre autres, par Ozone. Elle couvre les quartiers de Bamako et principalement les routes districales. Elle est la société qui emploie beaucoup de jeunes (hommes-femmes) dans le secteur. Ses principales interventions sont focalisées sur le balayage des rues et le ramassage dans les déchets de certains espaces publics. Mais la gestion de la filière des déchets solides butte aussi sur les maillons transport et d’élimination au niveau du dépôt en décharge finale. En l’absence d’infrastructures de traitement ou de recyclage, l’évacuation des déchets pose de sérieux problèmes aux ressources municipales : alors que l’aménagement des dépôts de transit est placé sous la responsabilité des communes urbaines, l’évacuation proprement dite vers le dépôt final est placée sous la responsabilité de la mairie du District. C’est en effet à la Dsuva (Direction des services urbains de voirie et d’assainissement) de poursuivre la collecte des déchets domestiques. Le grave déficit de gestion dont souffre ce service technique propre de la mairie du District s’explique par le fait qu’il a vu ses ressources décliner sur plus de trente ans. Il ne dispose aujourd’hui que d’un parc vétuste de 25 véhicules, de 20 ans en moyenne d’âge. En 2011, ses dépenses prévisionnelles se chiffrent à moins d’1,9 milliard de Fcfa. Mais le budget réalisé n’est que d’un peu plus de la moitié. A la différence du service de régulation du transport urbain, aucune redevance n’est reliée directement aux déchets solides ni perçue par le District. En conséquence, les rares GIE dotés de moyens motorisés sont obligés de transporter les déchets collectés hors de la ville. L’autre fond du problème est bien que Bamako ne dispose toujours pas de décharge finale contrôlée fonctionnelle. La distance de 35 à 40 km moyennes entre la décharge et les communes fait que 20 à 30% des camions seulement déversent leurs ordures à Noumoubougou. La majorité des déchets collectés est évacuée vers des excavations improvisées, les flancs de collines, des zones de carrières et de champs. Ces sites ne disposent d’aucun matériel de compactage et ne sont ni aménagés ni entretenus. Conséquence : Bamako est sous l’emprise des ordures.
Présentée par Jean Goïta
Source: La lettre du Peuple