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SAS-Gate : le contrat qui enfonce la Côte d’Ivoire

Ainsi donc, agissant au nom et pour le compte du Gouvernement de Côte d’Ivoire, le Général Doumbia Lassina, Chef d’État-Major des Forces armées Ivoiriennes, a accepté de «louer» ses soldats de son pays à une entreprise privée : Sahel aviation services (SAS) qui élit domicile Rue 25, Porte 352, à Badalabougou Est, Bamako. Contre quoi ? Des clopinettes pour ces soldats traités tels des légionnaires par une si grande nation. En dessous du SMIG français : 1.200 dollar par mois soit 600.000 FCFA au moment de la signature du contrat (juillet 2019) plus une indemnité journalière de 1,50 dollar chaque jour ne soit 22.500 FCFA par mois. Voilà le coût d’engagement privé de ces soldats d’élite de l’armée ivoirienne. Rien que ça ?

 

À ce salaire de nègre, SAS promet de fournir son puissant soutien à la Côte d’Ivoire pour obtenir les dédouanements et tous les documents connexes requis par les autorités maliennes. C’est l’hôpital qui se moque de la charité là ! C’est un Allemand, «bo yoro djan» qui se propose d’obtenir des facilités auprès du Mali pour la Côte d’Ivoire ? De qui se moque-t-on ?

Entre les lignes de l’opacité des termes contractuels, l’attention ne peut pas ne pas être attirée par l’autre partie contractante, Service de l’Aviation du Sahel (SAS) représenté par son Directeur général, Stefan Koehler, un allemand, agissant non seulement au nom de Sahel Aviation Services (SAS), mais aussi des forces armées allemandes. Depuis quand un privé agit-il au nom des forces armées allemandes ? Quelle belle leçon de démocratie la grande Allemagne veut-elle par ce contre-exemple donner aux Africains singulièrement aux Maliens ? La première nation européenne qui prostitue une armée nationale avec des miettes (600.000 par mois) via un «sous-traitant» de la Minusma dirigé par un bien né qui dirige une société aux activités opaques et qui agit au nom des forces armées allemandes ! Qui est finalement ce Stefan Koehler ? Un privé qui fait du business dans l’aéronautique ou un militaire allemand camouflé qui mène pour son pays dans des opérations secrètes. La qualité contractuelle qu’il a mis en avant permet de croire à la seconde hypothèse. Car, l’Allemagne a bien ici à Bamako, un ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, comme on le dit dans la langue mielleuse, censée représenter les intérêts de l’État allemand… A moins que SAS ne soit une SMP (société militaire privée) servant de paravent aux services secrets allemands en Afrique de l’Ouest depuis Bamako.

Les Nations-Unies ont-elles si bien fait de prendre leurs distances avec cette affaire fumeuse qui sent le roussi sur toute la ligne ? Comment conformer les 25 soldats ivoiriens de l’élément de soutien national contractuel avec les 49 éléments arrêtés le 10 juillet 2022 à l’aéroport de Bamako-Sénou ? Dans le contrat diffusé sur les réseaux sociaux, il y est clairement annoncé que les 25 soldats ivoiriens sont déployés pour assurer la sécurité et la protection armée du complexe SAS de jour comme de nuit, en équipe fixe et mobile. Alors pourquoi des vigiles seraient armés jusqu’aux dents avec un tel arsenal de guerre comme le dit le communiqué du gouvernement du 11 juillet dernier (Fusils d’assaut AK 47 et mitrailleuses (PKP) calibre 7.02×54 mm) ?

Si les 49 soldats sont venus «en vertu d’une convention signée, en juillet 2019, entre la Côte d’Ivoire et l’Organisation des Nations Unies, et conformément à un contrat de sécurisation et de soutien logistique signé avec la Société Sahel Aviation Services (SAS)», le gouvernement ivoirien a un gros problème d’arithmétique, car entre 25 soldats souscrits et 49 déployés, il y a 14 éléments supplémentaires dont il faut expliquer les raisons de leur présence sur le territoire national. Par ailleurs, l’aéroport de Bamako ne peut être conforme au regard des normes onusiennes exigées pour tout contingent NSE à savoir appui effectif au contingent national. Parce que ni le contingent ivoirien ni celui de l’Allemagne ne sont déployés à l’aéroport de Bamako-Sénou. Le premier est à Tombouctou, le second à Gao. Alors pourquoi, SAS, une compagnie d’aviation aurait-elle un camp militaire dans l’enceinte de l’aéroport ?   

Contrairement au contrat dont fait référence le gouvernement ivoirien, la rotation des 25 éléments (et 5 militaires administratifs) se faisait tous les trois mois. Or, si le contrat tel que fuiter sur les réseaux sociaux est celui qui a été signé par le chef d’état-major des armées ivoiriennes, il y a là également un sacré problème avec le nombre de rotations. Car de juillet 2019 à juillet 2022, il y a 36 mois. Donc les soldats déployés en vertu de ce contrat auraient dû faire 12 rotations au lieu de 7 comme l’a annoncé le gouvernement ivoirien.

Résumons le scandale. Si ce contrat est vrai, on comprend pourquoi la RCI a du mal à assumer et pourquoi la direction de SAS a fui en RCI en laissant armes et bagages.

1. La RCI avait levé la possibilité d’envoyer un contingent NSE, mais n’a jamais fait les formalités auprès de la MINUSMA ;

2. la RCI signe un contrat de mercenariat avec SAS (qui cache une activité de SMP) et qui implique l’ONU sous couverture NSE (non déclaré)

3. le contrat d’un an spécifie 25 soldats en rotation de 3 mois

4. la MINUSMA impliquée atteste qu’aucun contingent NSE ivoirien n’est actif au Mali.

5. La RCI envoie 49 + 1Lieutenant qui correspond à 1 contingent NSE, mais pas du tout ni à la lettre, ni à la forme du contrat, en effet les rotations NSE sont de 6 mois d’1 effectif de 50 et pour se conformer au contrat il faudrait en permanence 25 dans la nature non couverte par celui-ci.

6. Un opérateur économique privé agit au nom des forces armées allemandes, et les forces armées ivoiriennes travaillent pour une société privée allemande.

Voilà pourquoi se démarque la MINUSMA qui est embarquée dans ce qui apparaît comme un détournement des effectifs potentiels de NSE dans leur dos pour une opération pécuniaire qui définit un mercenariat. D’où le lâchage après avoir tenté de défendre en pensant le contexte standard.

Par ailleurs l’agacement du Mali non informé (comme la MINUSMA) de l’existence de vrais-faux NSE qui font «on ne sait quoi» sur son territoire est légitime et compréhensible. On peut aussi se poser la question des 25 excédents permanents qui sont censés ne pas être hébergés, payés, nourris, blanchis par SAS : que font-ils ?

Bref, c’est bien du mercenariat. Tous les paramètres le définissant y sont. Il n’y a peut-être pas malice hostile au Mali (vérifier quand même le cas des 25). Enfin, de hautes autorités ivoiriennes s’adonnent à du trafic de soldats mercenaires depuis 2019 en ne respectant ni le Mali, ni l’Allemagne, ni les Nations unies.

Du discrédit total, quelle manipulation à la limite criminelle de la part des autorités de ce pays qui n’ont aucun respect du droit international et la souveraineté du Mali. Ici, on a la confirmation que les 49 détenus au Mali sont des mercenaires. On ne peut plus clair. C‘est scandaleux.

Ça veut dire simplement que les soldats ne passaient devant aucune autorité de la douane des frontières ou de sécurité aéroportuaire quand ils arrivaient par un vol SAS. L’avion allait directement dans le camp militaire privé de SAS situé dans l’enceinte de l’aéroport, comme un jet privé…

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

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