POLITIQUE – Il a choisi la presse écrite pour sortir de son silence. Deux jours après le discours de François Hollande devant le Congrès à Versailles, Nicolas Sarkozy s’exprime dans Le Monde. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le président du parti Les Républicains -pris au piège de l’union nationale depuis quelques jours- n’est pas tendre avec son successeur.
S’il salue « un revirement inattendu, inédit et spectaculaire de la politique de sécurité de ce gouvernement, ainsi que de sa politique étrangère », l’ex-président de la République déplore q »trop de temps perdu » depuis les attentats de janvier et une insuffisante prise en compte de l’intervention en Syrie au plan de la « sécurité intérieure ».
« Trop de temps a été perdu », dénonce Sarkozy
Interrogé pour savoir s’il fallait parler de failles à l’occasion des attentats de vendredi 13 novembre, il répond: « A quel niveau de victimes faut-il fixer la barre pour employer le mot? Est-ce que toutes les conséquences ont été tirées après les attentats du mois de janvier? La réponse est non. Trop de temps a été perdu », dénonce Nicolas Sarkozy. En outre, « le gouvernement n’a pas non plus tiré toutes les conséquences de notre intervention militaire en Syrie sur le plan de la sécurité intérieure », tacle-t-il, estimant qu’il « aurait fallu renforcer notre dispositif antiterroriste » aussitôt.
Selon l’ancien chef de l’Etat, « il faudra sans doute passer par la création d’une commission d’enquête parlementaire » afin de « tirer les enseignements de ce qui s’est produit ». Déjà évoquée mardi lors d’une réunion avec des parlementaires, cette idée est délicate à mettre en oeuvre tant qu’une enquête judiciaire est en cours.
Autre cible de Nicolas Sarkozy, les déclarations de François Hollande au sujet des objectifs de réduction du déficit public qui vont être mis de côté pour accroître les effectifs de police, gendarmerie, justice et de l’armée. « Le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité », a dit le président de la République. « Il a parlé avec trop de légèreté de la situation économique et financière de la France. Nos déficits et notre dette publique remettent en cause notre indépendance », estime le chef de l’opposition.
Des divergences avec Alain Juppé sur l’union nationale
Le président du parti Les Républicain assume de ne pas respecter autant l’union nationale qu’après les attentats de janvier. Et même si Alain Juppé, son principal rival pour la primaire à droite, estime que la France a besoin d’unité, Nicolas Sarkozy estime qu’il y a « urgence à proposer et à agir ». « Je ne vois pas en quoi j’aurais manqué à la solidarité avec les victimes et au respect du peuple français en avançant des propositions », dit-il.
L’ancien Président répète qu’il n’est « pas contre une réforme constitutionnelle ». Mais « tout dépendra de ce qu’il y aura dedans », affirme l’ancien chef de l’Etat, « si cela permet de renforcer la sécurité immédiate des Français, nous la soutiendrons ».
Autre point de divergence avec Alain Juppé, la suppression des postes dans les forces de l’ordre pendant le dernier quinquennat. Le maire de Bordeaux avait estimé mardi sur RMC et BFMTV que « c’était sans doute une erreur ». Nicolas Sarkozy, lui, assume. Et assure que « entre 2002 et 2012, c’est-à-dire pendant toute la période où nous étions en responsabilité, il n’y a eu aucune baisse globale des effectifs ».
Et le chef de l’opposition de faire une nouvelle proposition: « faire appel à la réserve de la gendarmerie et de la police », en attendant la création effective des nouveaux postes annoncées par François Hollande. Il souhaite aussi « revoir les conditions d’armement des forces de l’ordre » et souhaite ainsi que l’Etat fournisse à « chaque voiture de police », « un fusil d’assaut et un gilet pare-balles lourd ».
Source: huffingtonpost