Dans l’épreuve de force opposant le Gouvernant aux syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 autour de l’application hic et nunc de l’article 39 de la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spécialisée, un corporatisme à l’empyreume très utilitariste déboule. En effet, de guerre lasse, face à un radicalisme qui calamistre le hooliganisme syndical, mais également obsédé par le retour des enfants en classe dans les plus brefs délais, alors même qu’un recrutement était dans le pipeline en vue de combler le déficit d’enseignants, le Gouvernement a ouvert un recrutement de 15 300 enseignants volontaires, dont 10 300 pour l’enseignement fondamental 1 et 2 (premier et second cycle) et 5 000 pour l’enseignement secondaire pour une durée de 6 mois. L’urgence a chambardé tous les agendas en la matière.
Entre baroud d’honneur, donner de la répartie au Gouvernement, et tenter de limiter la casse, la SYNERGIE a fait le choix aventureux d’en remettre une couche par une sorte d’institutionnalisation des grèves perlées, question d’alimenter la défiance envers le Gouvernement. Ainsi, u nouveau préavis de grève de 20 jours (du lundi 17 au vendredi 21 février ; du lundi 24 au vendredi 28 février ; du lundi 2 au vendredi 6 mars ; du lundi 9 au vendredi 13 mars inclus) est déposé sur la table du ministre du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique.
Au détour de leur coup d’éclat, les grévistes choisissent de monter en première ligne afin de nourrir le Moloch médiatique dans un véritable réquisitoire contre le Gouvernement qui semble se résumer désormais au Premier ministre dont la tête est mise à prix.
Pourtant, ils ne sont pas indifférents à l’épée de Damoclès suspendue sur leurs têtes. Alors, ils jouent sur un tableau inattendu : embrigader les sortants des Instituts de formation des maîtres (IFM).
Dans une lettre circulaire, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, attirent l’attention des enseignants retraités et les sortants des écoles de formation des maîtres (IFM, ENSup, ENETP…) que le combat qu’ils mènent est celui qui consiste à rendre à la fonction enseignante sa noblesse, sa dignité et surtout la rendre attrayante. À leurs avis, la démarche du Gouvernement consiste à « saper la détermination des enseignants dans leur lutte noble de restauration de la dignité de l’enseignement malien ». L’entourloupe est évidente : placer l’intérêt supérieur de la corporation au-dessus du mercantilisme des collègues engagés dans la profession, à l’abri des tribulations que connaissent ceux qui sont en chômage. Sentir l’odeur alléchante qui vous chatouille les narines d’un leurre, difficile de résister à la tentation. Les jeunes futurs enseignants ont mordu à l’hameçon.
Mais où est la sincérité lorsque dans la ribambelle de revendications des grévistes, aucun point ne porte sur le recrutement de nouveaux enseignants dont le manque se fait pourtant cruellement sentir ? Il ne s’agit clairement pas de ‘’rendre à la fonction enseignante sa noblesse, sa dignité’’ ; mais de soulager des crampes d’estomac provoquées par des avantages accordés à l’UNTM. S’autoriser quelques arrangements avec la vérité : manipulation (voire escamotage) des faits, trucages, mauvaise foi, tout est bon pour tenter de convaincre. Qui dit que l’opportunisme n’est pas une arme fatale syndicale ?
PAR BERTIN DAKOUO
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