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Sans Tabou: taxe, le réveil tardif

En faisant fi de la communication avant l’application de mettre la main dans la poche des Maliens, le gouvernement tente-t-il de corriger le tir, à travers l’exercice de rencontrer les faîtières du monde agricole, samedi dernier au Centre international de conférences de Bamako. Cette rencontre dénote le sentiment que l’initiative pour prélever des centaines de milliards sur les pauvres populations n’a pas été comprise. Non seulement sur son fondement, mais aussi sur son utilisation. La débauche verbale engagée depuis quelques jours pour alpaguer et conquérir les Maliens s’inscrit-elle dans ce cadre.

Après le ministre de l’Energie et de l’eau, Boubacar Mao DIANE, vendredi à la Grande Mosquée de Bamako, ce sont deux ministres de la République qui étaient face ce samedi 15 mars 2025 aux faîtières du monde rural pour parer à un réveil tardif du gouvernement face à une taxe dont le rejet semble consommé par une grande partie de la population. Il s’agissait pour le ministre de l’Agriculture Daniel Siméon KELEMA et le ministre de l’Élevage et de la Pêche, Youba BA, qui avaient réquisitionné, pardon invité, le président de l’APCAM, Bouya Sanoussi SYLLA le distrayant de ses occupations, d’assurer la communication d’utilité publique au sein de la grande famille Agricole en donnant la bonne et officielle information, et assurer le relais sûr à travers les différentes structures et faîtières. Une grosse journée d’information, de partage et de sensibilisation a donc été organisée au CICB sur le bien-fondé et les enjeux des mesures de taxations relatives au fonds de soutien aux projets d’infrastructures de base et de développement.
Pour le ministre Daniel KELEMA et son homologue Youba BA, la souveraineté à laquelle les Maliens aspirent va de pair avec la prise en charge du fonctionnement judicieux des secteurs prioritaires de l’économie et de ses secteurs sociaux à ‘‘travers nos ressources propres, à s’assumer pleinement et à relever le défi, qui, en à pas douter, est énorme, mais pas au-dessus de notre volonté, notre patriotisme et notre capacité’’. Pour y parvenir, le gouvernement pense que ‘‘nous devons donc faire appel à notre sens élevé de patriotisme, à notre solidarité, à notre génie créateur’’. Et ‘‘prendre en main notre destin’’ le gouvernement a institué le Fonds de soutien aux projets d’infrastructures de base et de développement social pour demander aux citoyens de contribuer. Aussi, les ministres KELEMA et BA, en appellent au patriotisme à toutes épreuves des Maliens : ‘‘le contexte est certes difficile, mais aucun effort n’est de trop s’il s’agit de la cause de la nation’’.
C’est par une courte échelle politicienne que le paiement des impôts et taxes devient un acte patriotique. Ici ou ailleurs, acculés et dans les pires difficultés, les hommes politiques, notamment ceux qui sont aux commandes de l’Etat, font ressortir la lapalissade selon laquelle ‘‘payer l’impôt dans son pays, participer à l’effort national face à la crise économique, c’est un acte de patriotisme ». Or, rien de tel.
L’article 27 de la Constitution du 22 juillet 2023 dit que « tout citoyen est tenu de remplir ses devoirs civiques, notamment de s’acquitter de ses obligations fiscales ». En français facile, payer ses impôts et taxes est un devoir constitutionnel de chaque Malien, en période de crise énergétique ou non. Comme disait éloquemment l’autre : « la citoyenneté, c’est un honneur, ce sont des droits et des devoirs aussi, parmi lesquels le fait de pouvoir payer l’impôt… ». Cela n’a rien de patriotisme. À moins qu’on ne confonde civisme et patriotisme. Car, si tout patriote est un citoyen, tout citoyen n’est pas patriote.
Lancer une campagne de sensibilisation de dix jours après l’application de la mesure de taxation dénote non seulement d’une prise de conscience que la pilule reste difficile à avaler par les Maliens, mais aussi d’une improvisation plate au niveau du gouvernement qui semble pris à la gorge. Le réveil est non seulement tardif, mais brutal.
Pour s’en sortir, le gouvernement ferait mieux de faire l’économie de la politique du bouc émissaire. ‘‘Ce sont les politiciens qui sont derrière le rejet de la taxe par les populations’’. C’est divertissant d’accuser quelqu’un d’instrumentaliser les populations alors qu’on a dit que ce sont les mêmes populations sur l’ensemble du territoire national qui ont demandé il y a 4 mois son renvoi.
Faute de garder le silence qui grandit, le gouvernement devrait être tranchant sur le sujet : le paiement des impôts et taxes est un devoir pour chaque Mali, en période de crise ou non. Et on avance.

PAR SIKOU BAH

Source : Info Matin
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