Situé en plein cœur de la ville de Tombouctou, le gouvernorat de la région de Taoudénit a été cambriolé par des hommes armés encore non identifiés. Cet acte ignoble est perpétré dans une ville censée être sécurisée avec la présence des FAMA, de la Minusma et la force Barkhane. À quand la fin du cinéma ?
Dans la nuit du 18 mars, aux environs de 03heures du matin, des individus armés ont attaqué le gouvernorat de Taoudénit. Après avoir ligoté les deux hommes de garde, les assaillants ont apporté deux PM, quatre véhicules dont le véhicule V8 du gouverneur. Cette attaque du gouvernorat de Taoudénit confirme la volatilité de la situation sécuritaire qui n’épargne même pas les chefs-lieux de régions hautement sécurisés.
Le paradoxe est que le gouvernorat de la région de Taoudénit se trouve dans le quartier sud de la ville de Tombouctou. Une ville où sont présents des éléments des forces armées et de sécurité malienne, des Casques bleus de la MINUSMA et des éléments de la force Barkhane.
Malgré cette présence remarquée et renforcée des forces de défense et de sécurité dans la ville de Tombouctou, les bandits ont pu cambrioler le gouvernorat et emporter des PM et des véhicules, dont le véhicule du gouverneur. Après leur forfait, les bandits se sont volatilisés dans la nature sans être inquiétés. Le gouvernorat étant un lieu stratégique où le dispositif sécuritaire est renforcé, plusieurs interrogations taraudent les esprits.
D’ores et déjà, les observateurs s’interrogent sur la nature de cet acte qui ressemble plutôt à un banditisme qu’à un acte terroriste.
À en croire certaines indiscrétions, ce cambriolage intervient après une déclaration des leaders communautaires de la commune de Salam, actuelle région de Taoudénit, appelant à boycotter les élections législatives du 29 mars dans leur circonscription.
En clair, les leaders communautaires de la commune de Salam dénoncent la décision des autorités d’avoir rattaché leur région (Taoudénit) au cercle de Tombouctou. C’est pourquoi ont-ils décidé de boycotter les élections législatives du 29 mars prochain pour protester contre l’exclusion de la région de Taoudénit des législatives.
À l’analyse de la situation, des observateurs ont vite fait le lien entre le mécontentement des leaders communautaires de la région de Taoudénit et le cambriolage du gouvernorat perpétré par des hommes armés non identifiés. Ils auraient orchestrés ce cambriolage pour saboter les préparatifs des élections législatives dans leur circonscription.
Les leaders et chefs de fractions ont voulu montrer leur force face à la décision du gouvernement qu’ils ne partagent pas. Pourquoi préférer la violence à la voie démocratique qui indique des démarches appropriées dans ces genres de circonstances. Il est alors inacceptable que pour des revendications politiques, l’on cambriole un gouvernorat sous le nez et la barbe des forces de sécurité malienne, des éléments de la Minusma et de l’opération Barkhane.
Y a-t-il eu une complicité entre les bandits et l’ensemble de ces forces ?
Banditisme ou terrorisme, les auteurs de cet acte doivent être recherchés et punis avec la dernière rigueur. Et pour cause, même s’ils ont voulu épargner la vie des gardes en les ligotant, les actes commis débordent tout entendement politique. Le vol d’armes de guerre et d’équipements publics.
PAR MODIBO KONE
INFO-MATIN