Elles étaient une minorité, ce lundi 4 novembre 2019, au monument de l’indépendance pour pleurer leurs morts. Elles, ce sont des mères et veuves des militaires tués par les terroristes dans les différentes attaques perpétrées contre les positions des FAMA dans le Nord et le centre de notre pays et particulièrement à Indelimane, le vendredi passé. Elles étaient seules face à leur sort malgré l’existence d’une multitude de groupements et d’associations de femmes au Mali, dont elles auraient pu bénéficier en premier les soutiens.
Où sont passées les braves dames du Mali ? Est-on tenté de s’interroger, depuis un certain temps. En effet, malgré la crise qui est en passe d’avoir raison sur notre pays, ces femmes qui se font appeler ‘’les femmes leaders du Mali’’ sont invisibles sur l’échiquier lors des épreuves douloureuses. Pourtant, ce ne sont pas les sujets qui manquent actuellement avec une guerre qui propulse désespérément le pays au-devant de l’actualité nationale.
Après le massacre de Sobane Da, la double attaque sanglante contre les camps de Boulkessi et de Mondoro et ce dernier crime lâche et barbare perpétré contre les FAMA dans le camp d’Indelimane, ces femmes sont restées de marbres, face aux cris de détresse de toute la notion malienne en générale et de celui des femmes endeuillées par la mort cruelle et brutale des leurs. Quel manque de solidarité !
FENACOF ; CAFO ; Convergence du Mali ; Réseau des femmes parlementaires et ministres du Mali ; Cadre de concertation des partis politiques du Mali, etc. Elles sont nombreuses ces coalitions dirigées par des femmes intellectuelles qui ont occupé des places stratégiques au sein des instances nationales et internationales. Nous estimons qu’elles doivent être en mesure de susciter des débats ou des questions qui puissent sortir le pays du gouffre. Mais il n’en est rien ! À la grande déception des Maliens endeuillés, aucune coalition ou association de femmes n’a daigné lever le petit doigt pour ne serait-ce que de condamner cette barbarie. Ni par un communiqué ni par une manifestation populaire. Que se passe-t-il alors ? Mauvaise foi ou manque d’initiative ? En tout cas, ces femmes sont bien présentes et ne manquent pas manque aucune occasion pour plaider leur autopromotion. La preuve, pas plus tard que le samedi dernier, c’est-à-dire, au lendemain de la tuerie de plus de 50 soldats, le Réseau des femmes parlementaires et ministres du Mali étaient face à la presse pour appeler les Maliennes à participer au DNI.
Les femmes jouent un rôle crucial dans la société malienne et statistiquement, elles y ont un poids important. Dans la société malienne, la femme a toujours occupé une place de premier choix en sa qualité d’épouse et de mère, de travailleuse et de citoyenne. Pour reconnaitre ce statut, les plus hautes autorités de notre pays ont toujours mis la femme au centre des préoccupations. C’est à ce titre que la constitution malienne de 1992 garantit l’égalité des droits de tous les citoyens sans distinction de sexe et le Mali a adopté une politique nationale en matière de genre en 2010. En 2012, le Mali a lancé son premier plan d’action national (PAN) pour la mise en œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité (PAN 1325). Le deuxième PAN 1325 a été lancé en 2015, pour la période 2015-2017. Enfin, une loi garantissant un quota de 30 % de femmes dans les nominations aux instances de décisions nationales et aux organes législatifs a été adoptée en décembre 2015.
Malgré tout, les leaders d’organisations féminines semblent donner pas montrer la voie à suivre pour les générations futures. Elles restent invisibles aux grands rendez-vous de l’histoire de notre pays. En tout état de cause le grand silence de la gent féminine en ces temps cruciaux de l’évolution historique du Mali est interpellateur à plus d’un titre.
PAR CHRISTELLE KONE