Redécoupage territorial : la session de rattrapage
Il aura fallu que les Maliens tapent du poing sur la table, partout à travers le pays, à travers des marches, sit-in, des contributions sur les réseaux sociaux pour que le Gouvernement revoie sa copie sur un projet de morcellement du pays savamment orchestré au sommet de l’État. Le nouveau projet de redécoupage territorial fuité sur les réseaux sociaux. S’il est loin d’être abandonné, malgré les différentes protestations, les Maliens peuvent se consoler de l’annonce de concertations régionales sur le sujet dans les jours à venir.
Désormais, l’on retient que le sort du controversé projet de redécoupage territorial du Mali, connu des Maliens par le biais des réseaux sociaux, sera réglé lors de concertations régionales improvisées. Cet égard, minime soit-il, du gouvernement à l’égard de ses gouvernés, le peuple le doit à sa réaction de colère opposée au projet, à travers tout le pays, ces derniers jours. Il s’agissait pour les populations dont la survie est désormais en cause, par une gouvernance qui pèche par suffisance, d’opposer un niet catégorique à une politique de pilotage à vue dont les Maliens refusent de se contenter en ce 21e siècle. Ainsi, pour calmer les ardeurs belliqueuses, le Conseil des ministres de ce mercredi 24 octobre 2018 a entériné une communication du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation relative à la tenue de conférences régionales sur les avant-projets de texte relatifs à la réorganisation du territoire. Il s’agit de la Loi n° 2012-017 du 2 mars 2012 portant création de circonscriptions administratives et la Loi n° 2012-018 du 2 mars 2012 portant création des cercles et arrondissements des régions de Tombouctou, Taoudénit, Gao, Ménaka et Kidal.
Par cette communication, le Gouvernement s’est finalement résolu à soumettre ces avant-projets de texte relatifs à la réorganisation du territoire à l’examen de conférences régionales. Ces conférences, indique-t-on se dérouleront du 06 au 10 novembre 2018 au niveau des chefs-lieux de région. Elles permettront de : prendre en compte, selon ladite communication, les avis et les suggestions des populations ; proposer à une instance nationale de validation de la réorganisation territoriale un projet fondé sur les réalités socioculturelles et économiques de chaque région et permettant de faire face aux défis sécuritaires et de promotion d’un développement local équilibré.
Les conférences régionales regrouperont les représentants de l’État, des Associations et organisations de la société civile, des Partis politiques, des Collectivités territoriales, des chefferies traditionnelles, des Chefs religieux et des Mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger dans la Région.
Si l’initiative est appréciable, il convient de s’interroger sur la qualité des recommandations qui sortiront de ces concertations régionales. En effet, il convient de reconnaître que l’initiative gouvernementale apparaît comme improvisée à tout point de vue. Et pour cause ? Il a fallu, dans un premier temps, que les populations protestent pour que l’Exécutif avoue l’existence de ce projet de morcellement du Mali.
En second lieu, ces concertations annoncées pour le 6 au 10 novembre prochain ne donnent pas le temps et les moyens aux populations à la base (communes, cercles) de se concerter et de faire des propositions claires et consensuelles au cadre régional. Dès lors, la base même de ces concertations s’annonce biaisée. Dans ce contexte, il est difficile d’attendre desdites concertations, des recommandations reflétant les aspirations profondes des populations à la base.
Par Sidi DAO
Source: info-matin