Malgré les mises en garde de la Cour constitutionnelle du Mali contre la création de partis et de mouvements politiques en violation des dispositions constitutionnelles et légales à la veille, le lancement du Mouvement politico-musulman de l’imam Mahmoud DICKO a été un franc succès samedi dernier. Un succès dû en partie à la mobilisation de la classe politique dont de nombreux leaders ses bousculaient à la tribune.
Ils étaient tous là, ce 7 septembre 2019, en grand nombre, dans la salle Bazouma SISSOKO du palais de la Culture Amadou Hampathé BA, pour prendre part à la cérémonie de lancement des activités de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’imam DICKO. Il s’agit de représentants de partis politiques de la majorité comme de l’opposition pour répondent à l’appel d’un mouvement, dont le relent rappelle bien de mauvais souvenirs sous d’autres cieux, notamment le du Front islamique du salut (FIS), en Algérie et le parti des Frères musulmans en Égypte.
Malgré le rappel, en guise de mise en garde de la Cour constitutionnelle, sur les principes de création d’un parti ou mouvement politique, au Mali, nos dirigeants politiques et même administratifs se sont bousculés devant les portes du Palais de la Culture pour se faire voir à la tribune voire, à la première loge, par le futur guide de la CMAS, Mahmoud DICKO, ex-président du HCIM.
Parmi les plus grandes figures connues de la scène politique nationale, on pouvait voir : Amadou Abdoulaye SY, président du parti MPLUS/RAMATA ; Mamadou TRAORE du Cofop ; l’ancien maire de la CIII, Abdoul Kader SIDIBE, de la CODEM ; l’ancien ministre Ben-KATTRA ; l’ancien ministre Oumar Ibrahim TOURE, président de l’APR. Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement aussi y a mis son cachet en se faisant représenté par le ministre chargé des Réformes institutionnelles et des relations avec la Société civile, Amadou THIAM, qui a d’ailleurs présidé la cérémonie d’ouverture des travaux.
Pourtant, la veille, la Cour constitutionnelle du Mali avait dénoncé le caractère attentatoire à la Constitution que la création de ce genre de mouvement représente.
« La Cour constitutionnelle du Mali, dans sa mission de veille et de garantie juridictionnelle de la Constitution, porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale qu’elle constate de plus en plus une tendance à la création de partis et de mouvements politiques en violation des dispositions constitutionnelles et légales », pouvait-on lire dans le communiqué de la Cour constitutionnelle, en date du 6 septembre 2019.
D’ailleurs, la Cour constitutionnelle du Mali avait rappelé utilement les dispositions constitutionnelles du 25 février ; à savoir : les articles 25 : « Le Mali est une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique, laïque et sociale… » ; 28 « Les partis concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent librement leurs activités dans les conditions déterminées par la loi. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale, de la démocratie, de l’intégrité du territoire, de l’unité nationale et la laïcité de l’État » et 121 de la loi fondamentale, mais aussi loi portant charte des partis politiques, notamment en ses articles 1er ; 45 ; 49.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces mis en garde de la Cour n’ont pas suffi à décourager nos hommes politiques de pratiquer leur sport favori de courtiser les leaders religieux.
Une chose est évidente, c’est que nos hommes politiques, incapables de mobiliser le peuple, ne se gênent plus de chercher les faveurs des chefs religieux susceptibles même au risque de fouler au pied la Constitution du pays.
Par Abdoulaye OUATTARA