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Sans Tabou: peine de mort, l’État va-t-il franchir le rubicon ?

Le record de condamnations à mort lors de la session 2020 de la Cour d’assises de Bamako 2020 a relancé les débats au Mali sur la nécessité d’abolir « oui » ou « non » cette peine au Mali. Alors que l’application de la peine capitale au Mali remonte à 1980, nombreux sont aujourd’hui les Maliens qui s’interrogent sur le sort des condamnés à cette peine qui deviennent de plus en plus nombreux dans les geôles du pays.

 

Après la condamnation de l’assassin de l’imam YATTABARE aux assises de 2019, certains groupements religieux avaient plaidé pour l’application, au Mali, de la peine de mort, tandis que l’État malien observe toujours un moratoire sur la peine capitale, depuis aout 1992.
Cette année, la question a refait surface après les constats d’un record de condamnations à mort lors de la session 2020 de la Cour d’assises de Bamako 2020, prononcée à la suite de grosses affaires de terrorisme, mais aussi de criminalité. L’État du Mali osera-t-il défier un jour les défenseurs des droits de l’homme en appliquant les condamnations à la peine capitale ? En tout cas, le dispositif reste toujours en vigueur dans le Code pénal, même si son application reste suspendue, depuis trois décennies. La justice malienne a-t-elle assez d’expertise et de moyens pour éviter les erreurs conduisant à l’exécution d’un innocent ? L’État a-t-il assez de force pour faire exécuter des terroristes appréhendés au nord du Mali qui, au sens de la loi, doivent être fusillés ? Sinon, quelle équité y aurait-il à condamner à la peine de mort des criminels sachant que la sentence ne serait jamais appliquée ? En tout cas, le débat reste entier.
Pour les abolitionnistes, la peine de mort n’est pas la solution. Ces derniers s’appuient le fait que des erreurs de justice peuvent faire que des innocents soient pour rien. Aussi, malgré l’application effrénée de la peine capitale, les États-Unis gardent-ils le plus grand nombre de prisonniers au monde. Selon les statistiques, il y a la peine de mort dans Etat fédéral, pourtant un individu meurt toutes les 30 secondes, suite à un acte criminel.
Par ailleurs, selon les spécialistes, aucune étude sérieuse n’a réussi à ce jour à prouver hors de tout doute que la peine de mort était dissuasive. Tout au contraire, la majorité des recherches sur le sujet démontrent que la mort, comme sanction, n’a jamais empêché une personne motivée à commettre une infraction criminelle de la perpétrer.
De plus, il arrive souvent qu’un acte soit commis sans préméditation ou sur l’impulsion du moment et même de manière accidentelle. Dans ce type de situation, il semble encore une fois peu probable que la personne en cause se soit arrêtée pour penser aux conséquences pouvant découler de son acte.
C’est pourquoi les abolitionnistes préconisent qu’il faille travailler à la reconstruction citoyenne.
Pour le cas malien, il est aisé de constater que l’insécurité grandissante n’est pas liée à ce que l’État applique ou pas la peine de mort, mais que le droit positif malien soit bien appliqué.
« Nous avons un code pénal bien fait qui traite les actes criminels et décourage les intentions criminelles. La corruption et le social tuent le système judiciaire malien et encouragent les actes criminels ainsi que les intentions criminelles », précise un spécialiste.
« Le plus grand mal, à part l’injustice, serait que l’auteur ne paie pas la peine de sa faute », a dit Platon.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : INFO-MATIN

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