Le Premier ministre, par le Décret N°20/PM-RM du 17 janvier 2019, a instauré un Cadre de Concertation national entre le Gouvernement, les partis politiques et la société civile pour valider les propositions du Comité des Experts. Le cadre sera consulté sur plusieurs grandes questions, notamment : les orientations à donner aux Comités d’Experts chargés de la révision constitutionnelle ; les projets de textes portant création des circonscriptions administratives et des collectivités territoriales ; les modifications de la loi électorale ; les projets de lois organiques fixant le nombre d’élus au Parlement ; le chronogramme des consultations référendaires et de toutes les élections.
Alors qu’elle était dans une phase ascendante vertueuse, en redorant son blason par une résolution inespérée, mais salutaire, de placer le Mali au-dessus de tout, l’Opposition retombe dans ses travers de critiques outrancières et d’inconséquence. Elle a demandé le dialogue politique à cor et à cri. Il lui a été offert, sous la forme d’un Cadre de concertation national. Fait étrange, elle le rejette, persistant à exiger un dialogue. Ainsi, pour cette Opposition, qui semble avoir une conception étriquée du dialogue, la forme l’emporterait sur le fond qui consiste à se mettre ensemble pour discuter d’un sujet.
Une nouvelle fois, elle s’est laissé aller à un réquisitoire nourri à la sève de la haine et de la frustration d’un échec électoral qu’elle n’arrête pas de ruminer. En effet, l’excitation paradoxale avec laquelle est accueillie l’offre de concertation nationale dénote qu’elle se soucie du dialogue comme d’une guigne. Par son attitude surréaliste, elle imprime au Mali le rythme d’une marche de l’écrevisse. Faudrait-il alors croire que l’Opposition et le Gouvernement sont comme le soleil et à la lune, condamnés à un éternel rendez-vous manqué ?
Pour (une) fois que le Gouvernement se départit de sa posture jupitérienne, qu’il ravale son arrogance légendaire ; son offre mériterait un meilleur accueil que celui réservé par l’Opposition, bien sûr si tant est que le confort de notre démocratie est une préoccupation commune partagée. Elle peut certes étriller le régime, mais point trop n’en faut, parce qu’il est clair que cette Opposition privilégie les intérêts sur les valeurs républicaines qu’elle revendique à tout crin.
Une nouvelle fois, l’Opposition est prise en flagrant délit de pollution de l’espace politique et est sans conteste coupable de préparer le terrain à un climat politique éruptif. La bonace du début d’année n’aura donc été qu’un leurre.
Cette fois-ci, elle semble tenir sa revanche sur un régime qui a maté, sans ménagement, la contestation post-électorale, dont elle était la figure de proue. Elle fait donc courir au pays les pires risques vis-à-vis de la Communauté internationale lasse des atermoiements, des procrastinations, pire, d’assister un pays, dont les responsables sont passés maîtres dans l’art de se tirer dans les pattes. C’est tout simplement affligeant.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: info-matin