Ce n’est plus le beau temps au sein du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Après les grandes mobilisations qui ont eu raison du régime du Président Ibrahim Boubacar KEITA en août 2020, les divisions continuent de fragiliser le M5-RFP.
Des départs individuels, des membres fondateurs du M5-RFP ont claqué la porte pour constituer le M5-RFP Mali Kura créant de fait un bicéphalisme au sein du M5. Alors que cette tempête plane, de nouvelle fissure est annoncée, à travers la contestation autour du vice-président du Comité stratégique, Boubacar Karamoko TRAORE. Ces multiples divisions provoquées par le désir d’opérer une rectification à la tête du mouvement ne finiront-elles pas à avoir raison sur le M5-RFP ?
Les divisions au sein du M5-RFP ne datent pas d’aujourd’hui. Tout juste après le renversement du pouvoir d’IBK, certains membres fondateurs ont décidé de prendre leur distance avec ce mouvement. Après le coup d’Etat de 2020, l’intention inavouée de certains leaders ont fait surface. Leur combat, en clair, n’était pour instaurer une gouvernance vertueuse après la chute de IBK, mais de se faire une place dans l’ombre.
‘’ Le M5 est mort de sa belle mort’’, c’est en ces termes qu’Issa Kaou NDJIM, membre fondateur du mouvement, prononçait l’oraison funèbre du M5-RFP.
En plus de l’ancien coordinateur de la CMAS, Issa Kaou NDJIM, plusieurs autres figures emblématiques ont pris leurs distances.
Pour les contestataires, la mission du mouvement s’était achevée avec la chute de l’ancien chef de l’État. Pendant que beaucoup étaient nommés à des postes de responsabilités, d’autres continuaient à se battre pour avoir leur part de gâteau.
Pourtant au moment de la contestation contre le régime IBK, le mouvement présentait une certaine solidité qu’on ne pouvait imaginer sa fragilisation, si tôt, à cause des intérêts personnels.
Au début, tous les cadres du mouvement soufflaient dans la même trompette et avaient comme objectif de faire partir le régime IBK et assoir une bonne gouvernance au Mali.
Mais qu’est-ce qui a changé entre-temps ? La gestion du pouvoir ? L’on peut répondre à cette question par l’affirmative sans risque de nous tromper.
Cela, d’autant plus qu’il est clair que tous les divisions au sein du M5-RFP ont comme source des conflits de leadership. Certains estiment que le butin n’a pas été partagé de façon équilibrée et veulent bien se positionner pour réclamer leur part. C’est ce qui explique les conflits de leadership qui font des ravages à la tête du mouvement.
Le vendredi dernier, lors d’une réunion du bureau, celui qui assurait l’intérim à la tête du Comité stratégique, l’organe décisionnel du M5-RFP, Boubacar K TRAORÉ, a été évincé de son poste. Ses opposants lui reprochent d’être incapable de maintenir un climat de sérénité dans le groupe. Aussi, il est reproché à l’intérimaire de créer des situations conflictuelles au sein du regroupement, notamment entre la jeunesse du Mouvement.
De leur côté, des responsables du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) se sont opposés au remplacement du vice-président Boubacar K. TRAORE. Pour eux, cette décision est de nature à porter atteinte au crédit de fonctionnement de leur organisation.
C’est dire que ce coup de force contre le vice-président, Boubacar K. TRAORE, crée un énième bicéphalisme au sein du M5-RFP. Cette situation fragilise davantage ce mouvement qui fut la bête noire du régime du défunt Président Ibrahim Boubacar KEITA.
En tout cas, ces querelles de leadership ne renvoient pas une bonne image. Elles étalent au grand jour la volonté réelle des acteurs de ce mouvement qui est loin de se battre pour le Mali, mais pour servir des agendas personnels. Ce qui est aussi évident, dans ce contexte de recomposition politique et des forces en présence, ces dissidences programment le M5 à un échec de réussir ses engagements pour le Mali et surtout de créer les conditions de la continuité des initiatives de la transition.
PAR MODIBO KONÉ
