Selon les statistiques fournies par l’ONU, les attaques terroristes enregistrées au Mali en 2018 sont au nombre de 237, soit 11 de plus qu’en 2017. Et depuis le début de cette année 2019, point de répit pour nos populations civiles et militaires. Pourtant, le Chef d’état-major des armées françaises, le Général François Lecointre, trouve la recrudescence des attaques terroristes leurs cortèges de morts ces derniers temps comme une dynamique positive dans la lutte contre les narco djihadistes.
En visite au Mali, ce week-end, et dans la région du Sahel, le Chef d’état-major des armées françaises, le Général François Lecointre, faisant allusion à l’attaque du camp militaire de Dioura, du dimanche 17 mars 2019, qui a fait 23 tués, a fait des déclarations au micro de nos confrères de l’APF et RFI qui frisent l’insulte à l’intelligence des Maliens.
« C’est précisément parce qu’on est allé chercher l’ennemi dans ses derniers retranchements qu’il réagit aussi brutalement ». Et de poursuivre : « Ces attaques très symboliques, qui font suite à des coups durs très puissants portés par (la force anti-djihadiste française) Barkhane et ses alliés, sont la réaction de quelqu’un qui se sent acculé. Pour moi, c’est un signe positif ». Les Maliens exaspérés par cette crise depuis 2012, ont suffisamment entendu de ces balivernes.
C’était pareil en 2014, lorsque Paris s’était vanté d’avoir donné ‘’un coup de pied dans la fourmilière djihadiste’’ au Nord-Mali dans le cadre de l’opération militaire Serval. La suite, par rapport aux attaques terroristes, est connue. La fourmilière s’est reconstituée sous le regard complice des mêmes qui ont, depuis, mobilisé des milliers de militaires et un arsenal impressionnant pour éradiquer le fléau. Malgré tout, c’est toujours la psychose. Devons-nous continuer à nous contenter de ces mêmes propos d’optimisme béat qui fut-il d’un général français pour avoir été au cœur de plusieurs théâtres d’opérations : au 3e régiment d’infanterie de marine à Vannes, comme chef de section de 1988 à 1991, officier adjoint puis commandant de compagnie entre 1993 et 1996, et enfin, en qualité de chef de corps de 2005 à 2007. Il sert également au 5e régiment interarmes d’outre-mer à Djibouti de 1991 à 1993.
Il a connu de nombreuses expériences opérationnelles, en République centrafricaine en 1989, lors de la Guerre du Golfe en 1991, en Somalie en 1993, au Gabon puis au Rwanda en 1994, à Sarajevo en 1995. C’est lors de cette mission effectuée sous mandat de l’ONU qu’il monte à l’assaut le 27 mai 1995 avec le lieutenant Bruno HELUIN et ses hommes pour reprendre le poste du pont de Vrbanja. Il sera projeté en Côte d’Ivoire en tant que chef de corps avec son régiment lors de l’opération Licorne en 2006.
Peut-on aujourd’hui, mon général, s’en réjouir de la recrudescence des attaques terroristes, avec ses cortèges de morts, arguant qu’elles sont la réaction de quelqu’un qui se sent acculé ? Non. Déjà, avec la présence de la MINUSMA, plus de 12 000 hommes, les résultats engrangés par Barkhane, plus de 3000 hommes au Sahel, sont sérieusement maigres.
Aujourd’hui, plus que jamais, les Maliens exacerbés par la présence massive des forces étrangères, ont le sentiment d’être abandonnés à la solde des forces du mal, qui sans être inquiétées, attaquent, enlèvent quand et où elles veulent.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin