Pour marquer le premier anniversaire de la disparition du N° 2 et chef militaire du Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA), Cheick Ag AOUSSA, une partie de la population de Kidal a, de nouveau battu le pavé, dimanche dernier.
Certes, il est tout à fait normal et légitime de rendre hommage à un être cher arraché à l’affection des siens, mais quand ce dernier traine un passé aussi obscur en matière de combine avec des entreprises terroristes, à l’image de M. Ag AOUSSA, il y a lieu de le faire avec une certaine modestie. Les marcheurs de Kidal mesurent-ils réellement la portée leurs actions ?
Même face au plus gros risque de se voir accusés d’avoir signé un pacte avec le diable, des Kidalois n’ont pu s’abstenir, dimanche dernier, de célébrer le 1er anniversaire de la mort du tristement célèbre leader du HCUA, Cheick Ag AOUSSA, victime en 2016 d’un engin explosif ayant touché son véhicule au détour d’une rencontre. Comme pour narguer le monde entier engagé dans la lutte contre le terrorisme dont Barkhane en un symbole fort au Mali, les manifestants de Kidal ne se sont pas limités à se souvenir de leur leader qui n’a pas un passé reluisant. Ils se sont ainsi attaqués à la force française présente dans la ville par des jets de projectiles. Cette dernière est accusée, à tort ou à raison d’être le meurtrier de leur ‘’idole’’.
Où sont alors passés les engagements de ces populations à lutter et à lutter contre le fléau du terrorisme s’ils s’attaquent aux dispositifs de lutte contre ce phénomène ?
Et pourtant, cet engagement a été l’une des bases du retour des maîtres actuels de Kidal dans cette ville où ils avaient été précédemment chassés par Ansar-Eddine, MUJAO et autres barons du narcotrafic qui ont occupé le nord de notre pays en 2012. C’est suite à une remise en selle de la même force française, à l’époque Serval, que les maîtres chanteurs actuels de Kidal ont pu revenir prendre le contrôle de la 8e région administrative de notre pays.
La condition comme l’indiquions plus haut était, non seulement leur démarcation d’avec les organisations terroristes, mais aussi d’aider à lutter contre ce phénomène.
Quatre années plus tard, nous semblons toujours en face d’un statuquo pour ce qui concerne Kidal. En tout cas, il reste difficile de faire une lisibilité claire quant à la promesse de démarcation d’avec les terroristes. Pour un oui ou un non, des hommes qui manquent suffisamment de couilles pour montrer leur vraie couleur instrumentalisent femmes et enfants pour occuper les rues en guise de protestation. Jusqu’à quand allons-nous continuer dans ce désordre ?
En tout cas, les vraies populations au nom desquels tous ces combats se mènent ont suffisamment souffert du chao : absence de services sociaux de base (eau, électricité, santé), des enfants privés d’école, absence totale de sécurité.
Autre fait troublant, au-delà de saluer la mémoire de l’ancien chef militaire, les manifestants ont aussi exigé la libération de sept personnes arrêtées depuis le dimanche 1er octobre suite à un raid lancé par Barkhane contre le domicile d’un riche homme d’affaires, Mahamadou Ag RHISSA, suspecté de lien avec le terrorisme.
Certes, l’ancien chef militaire du HCUA réputé pour ses largesses auprès des populations de la capitale de l’Adrar des Ifoghas, mais il faut se convaincre que tous ces cadeaux n’avaient qu’un seul objectif, acheter le silence des paisibles populations pour se livrer ses business ignobles.
Au regard du contexte actuel, on peut se demander à qui profitent ces genres de manifestations qui sonnent comme une prime au terrorisme ?
Pour cela, il est temps que les populations de la ville de Kidal, comme la plupart des communautés du nord, comprennent que ce processus de paix est à la croisée des chemins et qu’il faut faire la différence entre ceux qui veulent la paix et les ennemis de la paix.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin