De 16 cas enregistrés ce 23 avril, le Mali était à 45 nouveaux cas de contamination au COVID-19, ce 25 avril 2020, selon les chiffres communiqués par les services du ministère de la Santé et des affaires sociales. Dans un Mali où c’est le couvre-feu préoccupe plus que la maladie à Coronavirus, cette courbe de l’évolution de la maladie donne encore à réfléchir aux autorités d’un pays qui continuent de fonder l’essentiel de leur espoir sur l’aide pour éradiquer le fléau.
Ce jeudi 23 avril 2020, sur 106 échantillons testés, les services de santé du Mali ont enregistré 16 nouveaux cas de COVID-19, quatre patients guéris et 4 décès. 72 heures plus tard, à la date du 25 avril 2020, le tableau de bord affiche 45 nouveaux cas. Cette évolution n’augure guère d’une perspective rassurante pour une fin proche de la maladie, qui en plus de sa psychose et ses pertes en vies humaines, asphyxie une économie nationale déjà mise à mal par le terrorisme.
À la différence de beaucoup de nos voisins, ce sont les autorités nationales qui semblent prendre à la légère la gestion de cette pandémie qui ne connaît pas de frontière et qui n’épargne ni riche ni pauvre. Au Mali, c’est toujours le laisser-aller, en dépit d’un couvre-feu instauré par les autorités, de 21 heures à 5 heures du matin, depuis les premières heures de la maladie. À part ce couvre-feu, qui semble être quand même pris avec tout le sérieux, tout le reste n’est que superfétatoire.
D’un côté, les leaders religieux qui ont du mal à croire à la réalité de la maladie, malgré le nombre important de victimes, et qui continuent de défier l’autorité de l’État sur la fermeture des lieux de culte et de l’autre ; d’autre part, un État désarmé, dépourvu de ressources et d’autorité et perte de crédit. Où va mon pays ?
Dans une adresse à la nation, ce 10 avril 2020, le Président de la République a promis à chaque Malien un masque. L’opération « un Malien, un masque » s’est vite transformée en « un électeur, un masque ». S’il a été annoncé sur les antennes de la télévision nationale que 10 des 20 millions de masques promis par le Président IBK aux Maliens sont arrivés à Bamako, ce 18 avril, soit 24 heures avant l’ouverture des bureaux de vote au compte du second tour des législatives, il faut reconnaître qu’une partie de ces masques ont pris des destinations inconnues. En tout cas, jusqu’à preuve du contraire, dans aucun quartier du district, il n’a été jusque-là organisé une quelconque opération de distribution de masques. Dans le Mali profond, on s’interroge toujours à quand l’arrivée des masques promis par le Président IBK ? Pendant ce temps, la maladie continue de gagner du terrain, à cause du non-respect certainement des mesures barrières (ouverture des mosquées, des marchés, non-respect du port de masques et d’autres mesures d’hygiène dans les transports collectifs…). Doit-on pour autant en vouloir à une population qui vit au jour le jour ? En effet, le respect par le gouvernement des promesses faites aux populations permettait un suivi plus rigoureux des mesures barrières.
‘’(…) Un fonds spécial de 100 milliards de nos francs pour les familles les plus vulnérables sera mis en place, à l’échelle des 703 communes du Mali. Des critères de vulnérabilité évalués et consensuels conditionneront l’accès à ce fonds qui sera géré de manière collégiale et transparente, avec l’administration publique, les chefs de villages et de quartiers, les organisations citoyennes, les autorités morales désignées par les bénéficiaires eux-mêmes. Nous sommes pris à la gorge, mais nous n’avons pas d’autre choix : nous avons un devoir de compassion vis-à-vis de nos sœurs et frères qui vivent d’un secteur informel pleinement impacté, lui aussi, par la pandémie’’, a promis ce 10 avril le Président IBK.
Qu’en est-il de ces aides promises aux couches démunies ? Pour le moment, c’est le flou artistique et le Président peut toujours se targuer d’avoir réussi à berner les Maliens ? Mais jusqu’à quand ? En tout état de cause, les attentes sont grandes en termes d’assistance et d’accompagnement…
Par Sidi DAO
INFO-MATIN