La problématique de la maitrise un coût des élections demeure, sans nul doute, l’un des défis majeurs qui se posent avec acuité à notre système démocratique. La question est revenue dans les débats, lundi dernier, lors de la réunion du cadre de concertation entre le ministre en charge de l’organisation des élections et la classe politique. Au cours cette rencontre, il est ressorti des échanges que le gouvernement doit faire face à beaucoup de gymnastiques pour réunir l’argent nécessaire à la tenue des communales du 20 novembre.
Les élections dans un pays sont des questions de souveraineté pour dépendre de la générosité d’un bailleur de fonds étranger, soit-il un partenaire technique et financier. En Afrique et particulièrement, dans notre pays, notre maturité démocratique ou l’esprit citoyen ne semble pas atteindre ce niveau.
Du moins si l’on s’en tient aux acrobaties menées pour faire face à ces charges. À chaque importante échéance, les autorités nationales sont obligées de tendre la sébile pour répondre aux exigences d’organisation de nos élections.
L’organisation des communales du 20 novembre ne fait pas exception à la règle. En effet, pour un budget initialement arrêté à 12 028 042 000 F CFA, le département de l’administration a été obligé de faire une cure budgétaire pour faire face aux dépenses prévues, en raison d’un manque à gagner de plus de 2 milliards F CFA que certains partenaires devraient mobiliser, apprend-on, de sources du département.
Il est évident aujourd’hui que le coût des élections et la bonne gestion des finances publiques constituent un défi majeur pour tous les organes de gestion des élections Afrique, en général, et au Mali en particulier.
La question se pose alors de savoir comment rationaliser les dépenses afin de diminuer le coût des élections dans de nos pays où il est dit que les ressources sont limitées ?
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, dans notre pays, depuis l’avènement de la démocratie en 1992, le processus électoral est largement soutenu par les partenaires techniques et financiers qui assurent l’animation.
Un paradoxe dans la mesure où la compétition électorale occupe progressivement une place centrale dans la vie politique de presque tous les pays de la sous-région ouest-africaine, depuis le déclenchement de ce qui a été appelé la « deuxième vague de démocratisation », au début des années 1990.
Aussi, le Protocole sur la Démocratie et la Bonne gouvernance adopté par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en 2001, prévoit, parmi les principes « déclarés principes constitutionnels communs à tous les États membres de la CEDEAO », celui en vertu duquel « toute accession au pouvoir doit se faire à travers des élections libres, honnêtes, et transparentes ».
Au regard de cette recommandation communautaire, il est donc impérieux pour nos États de prendre toutes les dispositions pour une meilleure organisation des élections, de manière à laisser peu de place à la bonne foi des partenaires, voir le hasard.
En tout cas, après près de 60 ans d’indépendance, cette insuffisance est loin d’être un honneur pour notre continent et appelle à la conscience de tous les intellectuels et patriotes convaincus.
Aujourd’hui, les réflexions sont en cours et les pistes de solutions sont données par certains experts. Parmi lesquelles on peut citer, le couplage de certains scrutins, l’instauration de la suppléance, la création d’une structure unique de gestion des élections, etc.
En claire, il s’agit par ces mesures, de rationaliser les dépenses, afin de diminuer le coût des élections dans des pays où les ressources sont dites limitées, dont le nôtre.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin