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Sans Tabou: EDM, de l’électricité dans l’air

Entre l’encadrement de l’appétence d’un ministre pour des milliers de milliards à happer avant de se tailler et la protection des libertés publiques consacrées par la norme suprême, les forces de l’ordre d’obéir à l’ordre public dénué de toute autorité légitime. En commandant ce samedi aux forces de l’ordre de charger les manifestants pacifiques sortis pour alerter et protester contre les délestages sauvages, les autorités ont pris le risque insensé d’un embrasement généralisé compte tenu de la fragilité du contexte social. En envoyant gazer, charger, arrêter et menotter de jeunes gens pacifiques sous le fallacieux prétexte de non-respect des mesures barrières le gouvernement veut-il ouvrir la boîte de pandore ou veut-il mettre le feu aux poudres ; ce qui pourrait abréger la Transition ?

 


Le prétexte avancé tiré du contexte covidaire ne peut prospérer. Ce d’autant plus que le gouvernement est le premier à ne pas respecter les mesures qu’il a lui-même édictées face à la situation. Au lieu de matraquer une poignée de jeunes gens devant la Bourse du Travail sortis simplement pour réclament l’électricité, au risque de provoquer une onde de choc, le gouvernement ne ferait-il pas œuvre utile de se pencher sur l’application et l’effectivité des mesures qu’il a annoncées pour stopper la hausse des cas de Covid-19 ? Que fait le gouvernement face à la promiscuité dans les marchés qui restent ouverts sans aucun respect des mesures barrières ? Que dit le gouvernement sur les prières collectives dans et hors des mosquées toutes les nuits partout dans le pays malgré la hausse exponentielle des cas de coronavirus enregistrés chaque jour ? Quid des écoles qui restent ouvertes et sans aucune mesure d’accompagnement ? Que dire des SOTRAMA qui continuent à transporter les personnes dans les conditions où aucune distanciation n’est possible ?
L’option de la force est un aveu de faiblesse et une preuve de perte de sang-froid de la part d’un gouvernement incapable d’assurer le minimum énergétique au pays. Le problème est-il ici les manifestants ou l’objet de la manifestation ? Faisant recours au VAR, chaque Malien se souviendra que le ministre Lamine Seydou TRAORE, désormais Monsieur 2.300 milliards, avait tenu, le mardi 9 février 2021, une conférence de presse où il a fait plusieurs déclarations tapageuses sur le redressement des sociétés EDM et SOMAGEP et l’instauration d’un management vertueux afin de mieux répondre aux enjeux et défis des sous-secteurs de l’énergie et de l’eau en termes de maîtrise des coûts, de revenu assurance, d’expérience clients et de transformation de leurs business model. Face à un déficit de 75 milliards en 2020 et 39 milliards en 2019, 180 milliards de dettes d’exploitation et l’absence totale d’investissements depuis 30 ans, le ministre de l’Énergie toisant, pardon en insultant presque un journaliste (Koureichi CISSE) avait presque fanfaronné en disant qu’il n’y aurait pas de délestage (coupure) électrique en mars, avril et mai 2021. Il lui avait lancé : « Si tu veux me faire croire à l’existence d’un soi-disant lobby pour contrecarrer nos projets, tu te trompes. D’abord, aucun lobby n’existe et d’ailleurs même s’il existe, personne ne pourra stopper ces projets. Ils font partie des priorités de la Transition et nous le ferons. Qu’il n’en déplaise ». Nous voilà à la mi-avril, non seulement le marchand de la bonne parole n’a pas résorbé le déficit de EDM mais en plus réclame 2.300 milliards pour faire face à la situation. Et comme pour couvrir la fausse promesse du ministre de l’Énergie aux populations qui suffoquent en cette période de ramadan (Haké magni) le gouvernement, par solidarité, envoie les forces de l’ordre gazer, matraquer les jeunes qui manifestent.
Quand est-ce que ces messieurs comprendront que les intimidations ne passent plus après ce qui est advenu le 18 août dernier ?
Face à la brutalité de la charge, le mouvement dit se réorganiser pour le 22 avril et lance son cri de guerre : « l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort. Seule la lutte libère. » (Thomas Sankara, 04 octobre 1984).
Affaire à suivre

PAR BERTIN DAKOUO

Source: Info- Matin

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