L’activiste Tahirou BAH a franchi, ce samedi 24 août 2024, une autre dimension de sa rancœur contre le Premier ministre, Choguel MAÏGA, en brûlant publiquement le livre de ce dernier « Le Mali…, ma vie» au Centre international de conférences de Bamako. Cette scène qu’il a laissée filmer étale son inculture sur la place publique et son hypocrisie après avoir recommandé ce même bouquin à lire.
« Le livre de Choguel est un torchon…Je prends le monde entier en témoin, ce livre doit être brûlé », a déclaré l’activiste Tahirou BAH en marge de la manifestation de la tendance M5-RFP dirigée par Oumarou DIARRA avant de procéder à l’autodafé de ce bouquin du Premier ministre dans lequel il aborde ses expériences de 40 ans de vie politique dans notre pays.
En plus de son statut d’activiste, celui qui se targue d’être un écrivain pour avoir au moins deux livres à son actif s’est permis de cet acte si ignoble, rabaissant, écœurant au lieu de mener un débat littéraire qui sied à son rang d’homme de culture qu’il prétend être. Lorsque les faits sont tronqués, on apporte la contradiction, on ne brûle pas une œuvre, un ouvrage pour soulager son orgueil, entretenir sa haine. Brûler un livre, c’est en quelque sorte mettre du feu à la mémoire que l’on ne pourra jamais avoir.
En brûlant ce livre, l’activiste nourrit son inimitié, sa rancœur contre le chef du gouvernement, son désormais ancien ami, dans une fronde entre ex-alliés de la « révolution » contre Ibrahim Boubacar KEÏTA. Quatre ans après la chute de IBK, les vraies natures de ceux qui ont promis mille et une merveilles aux Maliens, à travers le « Mali Kura », se révèlent. Certains d’entre eux, à la quête d’assouvir leur appétit, des strapontins, vendent des clichés déshonorants de notre pays en se mettant en scène. Le geste de Tahirou en est une illustration.
En attendant la concrétisation des promesses, on est bien servi des conneries des flagorneurs.
A l’entendre, sa colère n’est pas suscitée par le contenu, dit-il, trompeur du livre, mais la gestion du M5-RFP par Choguel qu’il accuse d’avoir trahi le mouvement. Or, ce mouvement hétéroclite, même bien avant le coup d’Etat n’a jamais su garder une ligne jusqu’à la chute de IBK. Pendant la transition, le fossé de la divergence s’est davantage élargi avec un groupe éclaté en plusieurs morceaux.
En clair, le livre était une parade pour charger le Premier ministre, même si sa gestion n’est pas irréprochable, dans le but de défendre une alternance à la Primature.
Dans tous les cas, cet acte de blasphème caractérise la personnalité ‘’hypocrite’’ de Tahirou BAH pour avoir encensé ce même livre d’une « richesse profonde hautement intellectuelle avec du contenu et beaucoup d’enseignements qu’il faut lire absolument. Je vous le recommande vivement. », et d’avoir pendant des années porté des gants contre les détracteurs de Choguel Kokalla MAIGA. Le syndrome caméléon.
Agir de la sorte ne saurait être couvert par une quelconque liberté, parce ce que si elle est totale, c’est la boîte à pandore de toutes les dérives. Ainsi, la liberté d’expression ne saurait demeurer absolue, d’après Baruch Spinoza : « Nous ne pouvons nier toutefois que le pouvoir ne puisse être blessé aussi bien par des paroles que par des actions, de sorte que s’il est impossible d’enlever aux citoyens toute liberté de parole, il y aurait un danger extrême à leur laisser cette liberté entière et sans réserve ». Et, il ajouta : Il n’y a « point de paix, point de sécurité possible pour l’État, si chacun devait vivre selon son gré et son caprice ».
Si l’autodafé est une pratique ancienne, il est fortement déconseillé par de nombreux chercheurs et écrivains, à l’image du poète juif allemand Heinrich Heine qui a écrit : « Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes. »
Une prophétie par ailleurs que l’on ne souhaite pas pour notre pays déjà en proie à l’insécurité.
PAR SIKOU BAH
