Dos au mur, avec la persistance des appels pour sa démission, le Président Ibrahim Boubacar KEITA a finalement instruit au Premier ministre l’application immédiate et intégrale de l’application de l’article 39. La précipitation dans laquelle intervient cette décision lève le voile sur l’intention d’IBK de sauver plus son régime que l’école malienne. Sinon, pourquoi n’a-t-il pas agi plutôt ? Pourquoi attendre que l’année scolaire s’épuise d’abord pour agir ou que la pression populaire le pousse vers la sortie ?
En espace de trois jours seulement, le Président de la République Ibrahim Boubacar KEITA s’est prononcé 2 fois de suite sur la situation socio-politique du pays cristallisée depuis quelques mois. La dernière est son allocution du mardi au Centre international de conférence de Bamako à la rencontre avec le Cadre d’actions, de veille des confessions religieuses et des organisations de la société civile. Très acculé lors de cette rencontre, IBK a annoncé la fin du bras de fer entre le gouvernement et les enseignants en instruisant l’application immédiate et pleine de l’article 39 dont le non-respect par l’exécutif consistait l’un des motifs de la brouille. L’opportunité de cette décision pose un problème de logique dans la démarche d’IBK. Il serait tenté de sauver son régime très décrié ou l’année scolaire ?
Ainsi, cette sortie plane le doute sur la sincérité et la volonté du chef de l’État de sauver l’école malienne en mettant les enseignants dans leurs droits. Et pour cause : la loi contenant le fameux article 39 a été adoptée par l’Assemblée nationale en 2018. Et depuis, plus d’une année le monde scolaire est paralysé pour la non-application de cette disposition. Des milliers d’élèves sont ainsi privés de leur droit fondamental à l’éducation contrairement aux engagements politiques du chef de l’État. Pendant ce temps, IBK est resté dans les discours, presque indifférent au sort de l’école, en dépit des différentes manifestations du Collectif
des enseignants du Mali (CEM).
Cependant, c’est sous la pression populaire en cours, ces derniers temps, qui l’a poussée sinon obligée à agir. Maintenant qu’il a le couteau à la gorge, IBK lâche du lest et fait presque amende honorable. Cette fois-ci avec fermeté et rigueur, il se prononce sur la situation et bien d’autres problèmes.
L’opportunité de sa sortie sur cette crise scolaire ne joue pas en faveur sa sincérité de n’avoir agir comme pour l’intérêt de l’école. En dessous, le président IBK en manque de popularité est en train de surfer sur cette situation pour dégonfler la colère de certains partenaires sociaux qui pavent les rues pour exiger sa démission. Après tout ce temps de laxisme dans la gestion de cette crise, IBK aura du mal à convaincre qu’il ne s’agirait pas d’une approche pour sauver sa tête face au tumulte. Ainsi, sa priorité est son pouvoir, la sauvegarde de ses prérogatives présidentielles et non l’école malienne. Certainement, sans ce vaste mouvement contre lui, son attitude face à ce problème allait être différente. Tout simplement, les autorités auraient pu concéder avant les manifestations en cours.
Par Sikou BAH
INFO-MATIN