Le mémorandum du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), rendu public le 24 mai 2024 accusant les autorités militaires d’avoir écarté le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, est sans nul doute irresponsable. La Primature n’appartient pas au M5-RFP encore moins à Choguel. Donc, nul n’est censé revendiquer ou déterminer ce qu’il faut pour ce dernier. Au contraire, c’est à lui de savoir ce qu’il veut ou ce qu’il vaut réellement.
En réalité, Choguel est le seul responsable de tout ce qui lui arrive aujourd’hui. Il le mérite bien et il doit s’assumer de manière responsable sans passer par des règlements politiques. Quoi qu’on dise, en bon politique, il n’a pas su jouer le rôle qui lui a été confié en sa qualité de Premier ministre. Il a failli à la mission politique qui lui a été assignée par le chef de l’État. La preuve : plus de trois ans à la Primature, il n’a pas pu faire l’unanimité au sien de la classe politique pour faire comprendre la vision de la transition. Pire, le M5-RFP grâce auquel il est toujours Premier ministre a été divisé par sa faute.
La malédiction de Choguel, c’est surtout le fait de laisser passer un document signé par l’un de ses chargés de mission, Bouba Karamoko Traoré, qui le défend de bout-à-bout contre le chef de l’Etat. Parce qu’en réalité, s’il n’est pas mis dans ses attributions, c’est bien Assimi qu’il faut aller voir. Donc, ce communiqué n’a rien de révélation ou de revendication. Mais, il est tout simplement lâche et honteux.
D’abord, le contrat qui lie Bouba à l’Etat lui impose la réserve et la discrétion. Ensuite, il est inacceptable qu’un Premier ministre laisse de telles informations filer qui discréditent l’Etat aux yeux du monde. Choguel a tout simplement manqué de courage. Rien ne l’empêche de démissionner dès qu’il constate que ses attributions lui ont été retirées. Malheureusement, il a préféré choisir la voie de la victimisation tout en mettant son clan M5-RFP à contribution, refusant de s’assumer publiquement.
En clair après la publication de ce mémorandum, le Premier ministre n’a plus le choix. Il doit partir de lui-même ou alors s’attendre à être éjecté par le chef de l’État. D’ailleurs, les indiscrétions nous confient que des consultations sont déjà en cours pour l’installation imminente d’une nouvelle équipe gouvernementale. Peut-être même que Choguel, après avoir senti son poste menacé, a voulu ainsi engager un autre combat politique pour faire fléchir le président de la Transition dans sa prise de décisions. Sauf que cette posture risque, au contraire, d’accélérer les choses contre lui.
Ousmane BALLO
Source : Ziré