Peut-être que le duo Assimi-Choguel arrive à son épilogue. En tout cas, c’est l’heure de vérité, surtout quand l’on se réfère à l’évolution des choses ces dernières semaines et au mémorandum du M5-RFP, tendance Choguel, qui en rajoute une couche. Désormais, il est clair que les jours du Premier ministre sont comptés à la Primature.
Il y a tout juste 14 mois, nous nous interrogions en ces termes : ‘’Que vaut Assimi sans Choguel ?’’. Avec ce titre, nous évoquions la qualité et le rôle politique du Dr Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre, pour les autorités militaires de la transition afin qu’elles puissent réussir leurs missions. Cependant, nous évoquions aussi la difficile cohabitation des deux forces (politiques et militaires) au vu des compromissions très curieuses.
Une année après, l’histoire nous donne peut-être raison sur la lecture que nous avons faite quant à la difficile cohabitation. La semaine dernière, le M5-RFP, tendance Choguel, a critiqué ouvertement les colonels au pouvoir pour la première fois. Dans un mémorandum, le Mouvement politique s’oppose fermement non seulement à la prolongation de la transition, mais aussi à l’octroi des grades de général aux six colonels et à l’ouverture d’un dialogue avec les chefs terroristes, conformément aux recommandations du dialogue inter-Maliens inclusif.
Le clan Choguel n’en peut plus !
Le M5-RFP, tendance Choguel, avait certainement le cœur lourd depuis un moment et vient de le faire savoir. Dans ce mémorandum assez long et mis à la place publique le 24 mai 2024, le mouvement accuse surtout les colonels au pouvoir d’avoir écarté Dr Choguel Kokalla MAÏGA, des grandes décisions de la gouvernance actuelle. Un communiqué assez surprenant qui annonce « La rupture du Pacte d’honneur », entre les deux clans.
À travers ce mémorandum, certes, le M5-RFP se félicite d’avoir déclenché le processus d’une rectification de la trajectoire et d’avoir contribué grandement au processus de Refondation de l’Etat, mais il regrette tout de même la posture des autorités militaires de la transition qui n’associent plus réellement son camarade, le Premier ministre, aux prises de décisions importantes.
Le mémorandum indique aussi que malgré le redressement de la trajectoire de la Transition et la mise en œuvre progressive du processus de Refondation de la Nation, sous l’impulsion du gouvernement, le Peuple malien témoigne et assiste à un relâchement des termes du Pacte d’honneur du partenariat stratégique liant les deux Forces civiles et militaires pour le changement.
« Ainsi, nous avons pu assister, le 1er juillet 2023, à la rupture de ce pacte initialement incarné par la formation du gouvernement de Transition le 11 juin 2021 par, purement et simplement, le limogeage et le remplacement de presque tous les ministres du M5-RFP, sans consultation ni proposition de Dr Choguel K. MAIGA, en sa double qualité de Premier ministre et de président du M5-RFP », peut-on lire dans ledit document.
Choguel écarté…
Une situation qui sera plus tard exploitée par certaines forces politiques, témoignent les amis de Choguel, pour tenter d’affaiblir et de déstabiliser le M5-RFP. Au-delà, le mouvement politique du clan du Premier ministre regrette aussi que plusieurs questions majeures de la gestion gouvernementale ont été traitées sans y associer le chef du gouvernement. Il s’agit, selon le mouvement, de la finalisation de la réorganisation territoriale ; de la gestion de la crise énergétique ; de l’organisation de la campagne référendaire du 8 juin 2023, qu’il qualifie de meeting de la honte ; du report des élections, etc.
Il en est de même pour le M5-RFP, de ce qui concerne les discussions sur l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ; des négociations sur certains dossiers à caractère économique et financier avec des partenaires stratégiques, ainsi qu’avec des partenaires techniques et financiers du Mali. « Certaines pratiques de l’ancien système qui jurent avec les intérêts supérieurs du Peuple malien, refont surface à travers des arrestations et détentions extrajudiciaires notamment de membres du M5-RFP, le retour progressif et l’infiltration rampante de ceux qui avaient observé une position « neutre » et de ceux qui avaient combattu ouvertement l’avènement du renouveau et s’adonnent à un sabotage et à une déstructuration, depuis l’intérieur, du processus de Refondation, dans le but de remettre en cause l’esprit et les acquis du changement », souligne le mémorandum.
Sur un tout autre plan, le M5-RFP dénonce l’initiative du Dialogue inter-Maliens (DIM) qui devra servir d’alternative à la fin de l’Accord issu du processus d’Alger en matière de paix et de réconciliation nationale, tel que prévu par les recommandations des ANR. Mais, la déclinaison de certaines recommandations tendancieuses « phares » du DIM ont heurté l’opinion, en ce qu’elles s’écartent des objectifs visés et qu’elles tombent dans le piège des pourfendeurs de cette initiative. Il s’agit, selon le M5-RFP, de la prorogation de la durée de la Transition ; de l’élévation de six colonels aux grades de généraux ; et de la négociation avec les chefs des groupes terroristes.
C’est dire que ce document annonce désormais des signes de rupture définitive entre le clan Choguel et les six colonels.
Amadou Kodio
Source : Ziré