Nos autorités sont-elles au courant des mouvements et autres tractations des ex-groupes armés de Kidal ? La question se pose, ces derniers étant comme dans le maquis, donc hors de contrôle, seraient en train de se préparer pour apporter la réplique à Bamako après le revers qu’ils ont subi à Kidal en novembre face à l’action salvatrice de nos FAMA. C’est du moins ce que laisse transparaitre un tweet de Attaye Ag Mohamed de l’ex-CMA, affirmant que les Forces de l’Azawad sont bien loin de la capitulation ! Qu’est-ce qu’ils trament donc ?
S’il est difficile de répondre à cette question, on aurait peut-être dû essayer de les faire ramener à la raison lors du Dialogue inter-malien. En effet, l’essentiel était de faire le premier pas, peut-être qu’on aurait réussi à avoir, à défaut de tous les groupes, l’allégeance de certains, ce qui aurait eu le mérite de les affaiblir, donc de les perturber dans leurs actions. Mais dans le contexte actuel où ils quasiment hors contrôle, il ne serait pas exagéré de dire qu’ils constituent aujourd’hui un maillon par lequel les ennemis de notre pays peuvent s’appuyer pour nous atteindre.
Autrement dit, ils sont à même d’acquérir des armements en toute clandestinité, grossir leur rang en recrutant des désœuvrés, et mêmes des mercenaires pour mieux attaquer notre pays.
Et c’est justement ce que semble corroborer les propos de Attaye Ag Mohamed dans son tweet. « Nous rassurons que les Forces de l’Azawad, sereines dans leur préparation de réponses contre la junte Bamakoise, sont bien loin de la capitulation. Elles ne céderont jamais car le succès est certain. Notons que résultat militaire exhibé par la junte militaire est clairement en deçà de ce qu’elle a déployé et emprunté à ses parrains. Désespéré à atteindre ses objectifs politiques, le régime autorise alors un déchaînement quotidien sur des innocents. La riposte azawadienne sera fatale, rapide, efficace mais toujours responsable dans ses objectifs militaires », écrit-il.
Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette assurance dans les propos ? C’est à nos plus hautes autorités d’amplifier les mesures de prudence pour éviter toute surprise désagréable.
Pour rappel, ils ont renommé, en avril dernier, le Cadre Stratégique Permanent pour la Paix, la Sécurité et le Développement (CSP-PSD), en Cadre Stratégique pour la Défense du Peuple de l’Azawad (CSP-PDA) pour, disent-ils, mieux adapter leurs objectifs. Ainsi, le CSP-PDA rassemble sous sa bannière tous les groupes armés du Nord de l’ex-CMA.Le CSP-PSD créé en 2021, regroupait en son sein les groupes armés indépendantistes de la Coordination des Mouvements de l’Azawad et les groupes armés pro-gouvernementaux. Mais les choses ont très vite évolué, avec la défection des groupes pro-gouvernementaux et le départ de la MINUSMA, dont la rétrocession de certaines emprises avait été marquée par des accrochages avec l’armée malienne.
La suite est connue : en novembre 2023, l’armée malienne signe son retour à Kidal, après dix ans !
Il y a eu la bataille de Kidal, il y a aussi l’après-bataille de Kidal. Sur ce registre, nos autorités ont intérêt à garder les yeux grandement ouverts pour conter toutes velléités de réplique de ces ex-groupes armés de Kidal. Cela est d’autant plus vrai que déjà embourbé dans la traque contre les terroristes, on ne peut se permettre l’ouverture d’un second front avec ses fils égarés du Mali !
MAIMOUNA DOUMBIA
Source : Le Soir de Bamako