Le 24 mai 2019, le Conseil des ministres a annoncé la création très prochaine d’un cadre politique de gestion de la crise au centre du Mali. Cela pour combiner l’approche politique et l’approche militaire en vue d’apaiser la situation dans cette partie du pays et de résoudre la crise sur une base durable.
Selon le communiqué du Conseil des ministres, ce cadre politique, porté par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, sera créé auprès du Premier ministre et il regroupera les ministres chargés des Affaires sociales, de la Justice, de la Défense, de la Sécurité, de l’Administration territoriale, des Affaires étrangères, de la Cohésion sociale, des Affaires religieuses et du Budget.
Cette initiative intervient au moment où les communautés du centre se sont, pendant longtemps, entretués et détruit des habitations ainsi que des matériels, en l’absence des forces armées et de sécurité, garantes de la protection des personnes et de leurs biens. Avec déjà au moins 551 morts, dont dix-sept femmes, vingt garçons et trois filles, du mois de janvier 2018 à nos jours et plusieurs blessés (selon la Division des Droits de l’Homme et de la Protection de la MINUSMA), ce cadre de politiques de gestion de la crise au centre reste désormais le seul espoir de ces populations en détresse.
La seule inquiétude qui prévaut actuellement concerne la gestion des milices qui assurent encore la protection des personnes et de leurs biens en lieu et place de l’armée malienne. Les ignorer dans la mise en œuvre de ce cadre politique serait une autre erreur dans la gestion de cette crise qui dure déjà depuis plus de quatre ans. La logique sera de traiter directement avec les acteurs du terrain afin de s’imprégner de tous les contours du problème et de proposer ensemble des solutions vraies et durables.
Cela ne peut se faire sans l’implication effective de ces milices armées qui ne sont composées que des autochtones et qui constituent aujourd’hui les réelles acteurs de cette insécurité. A défaut de négocier leurs désarmements, il faudrait les responsabiliser dans la mise en œuvre de ce cadre politique, surtout quand on sait que chacune de ces milices est hautement appréciée par sa communauté. Donc, vouloir faire la paix sans ces vrais acteurs peut aboutir à l’échec. D’autant plus que ce cadre politique n’est pas la première initiative en faveur de la paix au centre du pays.
Certes, il dénote d’une ferme volonté politique des autorités de s’attaquer sérieusement à la question d’insécurité que connaît cette zone, mais l’on se souvient toujours d’autres initiatives comme celle-ci qui n’ont rien donné à présent. Il s’agit surtout du Plan de Sécurité Intégré des Régions du Centre, initié depuis 2018. Ce plan vise le renforcement du dispositif sécuritaire dans les régions de Ségou et Mopti. Mais un an après, les résultats de cette initiative ne sont pas encore réels sur le terrain. Donc, il reste à savoir si les erreurs du passé seront cette fois-ci évitées.
Ousmane BALLO
Source: Ziré-Hebdo