Combien de partis politiques y a t- il au Mali ? Deux cent dix- sept (217) peut être plus parce que chaque jour que Dieu fait il s’en crée. Tel un phénomène de mode. Les partis au Mali, pour employer un langage imagé, il en tombe du ciel comme des gouttes de pluie. Cette pléthore est loin d’être un signe de vitalité de la démocratie malienne. C’est le signe du manque de sérieux de la classe politique. Il est vrai que dans l’euphorie de la révolution de mars 1991, les Maliens qui en avaient marre du parti unique et de ses abus, se sont mis à créer, à tour de bras, des partis politiques, ce d’autant plus qu’au nombre des revendications populaires figurait en bonne place le multipartisme intégral. Au nombre de ces revendications figuraient également la démocratie, la défense des libertés collectives et individuelles.
Des partis politiques, on en voit de toutes les couleurs et de toutes les obédiences au Mali : des partis lilliputiens, des PUARL (partis uniques à responsabilité limitée), des partis dont le seul signe de vie se manifeste, comme un confrère l’a écrit, à l’occasion de la mise sur les fonds médiatiques du père fondateur. Peut-il y avoir plus de 200 projets de société pour un pays de 20 millions d’habitants comme le Mali ? La réponse est évidemment non. Très peu de partis procèdent à l’éducation et à la formation de leurs militants entre deux élections, comme le leur recommande leur règlement intérieur.
Beaucoup de partis sont créés dans l’espoir de bénéficier de l’aide de l’Etat. Malheureusement, le même scénario vaut pour la presse. Les politiciens ont eux-mêmes inventé le vocable imagé de transhumance politique, entendez par là se faire élire par un parti politique et immigrer par la suite avec armes et bagages dans une autre formation politique, sans vergogne. C’est vrai, le Mali est pays d’élevage, mais cette pratique doit s’arrêter. La Transition doit veiller à cela dans le cadre des réformes institutionnelles. Même si le nombre de partis politiques n’est pas à limiter, leur inflation n’est pas souhaitable. Leur regroupement s’impose.
Les promoteurs de partis doivent mettre leur égo en berne et accepter de faire des fusions-absorptions. La crise d’adolescence ne doit pas signifier l’infantilisation de la démocratie malienne. Qu’en est-il de la tentative entre la Codem de Housseyni Amion Guindo et l’Apr de Oumar Ibrahim Touré ? Les professionnels maliens de la politique doivent cesser de croire que leurs compatriotes sont saisis d’amnésie collective. Les autorités de Transition doivent mettre tout cela à plat pour refonder la nation malienne.
BOUBACAR Sidibé Junior
Source: Aujourd’hui-Mali