Coup d’Etat, assassinats, exactions, exécutions, agressions physiques et morales des hommes politiques, des journalistes et des militaires sont entre autres pathologies dont vivent les maliens depuis le 22 Mars 2012.
Comme pour dire que la morale de l’histoire est immorale (François Xavier de Verschave),Amadou Haya Sanogo, conseillé et soutenu par des mandarins de la République à savoir certains avocats , magistrats, dirigeants politiques et associatifs, a agi suivant strictement son seul libre arbitre sans référence aucune à un principe moral ou juridique probablement perfectible voire discutable. La gestion éphémère et fatalement chaotique d’Amadou Haya Sanogo, qui s’est effectuée en dehors de tout principe humainement acceptable, a cultivé et institué l’arrogance, la démesure et la démagogie comme désormais les nouveaux modes de gestion des affaires publiques.
De la démagogie, nous en avons connu avec Amadou Haya Sanogo qui justifiait sa sale besogne en prétextant que le régime d’ATT était corrompu, qu’il fallait le CNRDRE pour redresser le Mali laminé par tous les maux sous ce dernier. La démagogie du chef du CNRDRE et ses soutiens civils et militaires, affichés et tapis dans l’ombre, s’exacerbait jour après jour à travers des propos et actes désormais tristement célèbres tels : « tolérance zéro », « le coup d’Etat a été sanitaire et salutaire », « le coup d’Etat du 22 Mars est une révolution » et patati et patata.
Le plus surprenant est que des magistrats, avocats et politiciens encore actifs dans la quête démocratique de sièges à l’Assemblée Nationale sans souci vis-à-vis de leur conscience morale, aient été les funestes auteurs de l’Acte fondamental du CNRDRE dont l’application devrait suivre la suppression de la constitution du 25 Février 1992 du peuple souverain du Mali.
La grande famille juridique et judiciaire tout comme la classe politique doivent en tirer les leçons, si non à quoi serviraient donc les nombreux Ordres censés effectuer une autorégulation du comportement de celles et ceux qui ont embrassé de si prestigieuses, mais oh ! Combien exigeantes, professions.
Par ailleurs, faisant fi de tout et même des règles élémentaires de la guerre ou affrontements entre militaires c’est-à-dire, les professionnels du métier des armes, le tristement Sanogaule, ses « Barbier et ses Talleyrand », ont procédé à des arrestations et enlèvements de militaires dont le sort préoccupent à plus d’un titre, les membres de leur famille, les républicains et la justice Malienne. De telles pratiques rappellent des périodes sombres de l’histoire de l’humanité qu’il n’est pas utile de rappeler, même si nous ne résistons pas à la tentation d’en citer : Hitler, Idi Amin Dada, Peter Botta, Pinochet et autre Salazar devenus tristement célèbres.
La question énigmatique que posent les familles des victimes, les républicains et la justice Malienne au désormais inculpé Amadou H. Sanogo est la suivante : les militaires bérets rouges enlevés et arrêtés se trouvent où présentement?
Répondre à cette question revient uniquement à Amadou H.Sanogo qui exécute présentement le retour de la métaphore nietzschéenne relative au funambulisme c’est-à-dire sommer de marcher sur une corde raide tendue au dessus d’un grand trou. Il est périlleux pour lui d’avancer, d’avoir peur et de rester sur place ou de reculer car s’il y tombe, il n’aura personne pour s’occuper de son corps. A l’aller de la métaphore Amadou H. Sanogo a pourtant été applaudi et entouré des soutiens de toutes parts qui ont, aujourd’hui, tous déserté le terrain du soutien au coup d’Etat ou se sont tu comme des carpes.
La confiscation des véhicules de l’Etat et des particuliers, les intimidations des directeurs de banques, de services économiques et financiers, la gabegie, le népotisme, le détournement de fonds publics, le trafic d’influence, l’ingérence dans les affaires administratives de l’Etat sont entre autres faits relevant essentiellement de l’immoralité et la soif des putschistes à s’enrichir de façon exponentielle sur le dos du peuple Malien.
Eu égard à ce constat, nous pouvons affirmer qu’Amadou Haya Sanogo et ses camarades ont fait pire que tous les acteurs réunis de différents régimes de l’ère démocratique en terme de violation de droits humains et de crime financier au Mali. Par rapport à la gestion des ressources du Mali sous le CNRDRE, nous osons espérer que le rapport 2012 du vérificateur Général, nous en donne la nette photographie et que les nouvelles autorités seront à la hauteur des attentes du peuple qui n’en peut plus sous le poids écrasant de l’impunité et des violations de ses droits.
Cependant, aux mandarins de la République, il doit être clair pour eux que le monde est moral (Desmond Tutu), c’est-à-dire la vérité finit toujours par rattraper le mensonge de même que la justice triomphera indubitablement de l’injustice.
L’analyse du processus historique de notre société nous permet de comprendre et de soutenir que la victoire est tendancieusement du côté de la vérité et de la justice. Malgré les semblants et éphémères réussites individuelles ou collectives de ceux qui utilisent les moyens pathologiques, l’horizon indiqué par les défenseurs de la justice sociale et la morale pour le processus de l’évolution de notre société est et demeure celui de l’émancipation du peuple souverain du Mali. A la démesure des membres du CNRDRE et de leurs soutiens, les républicains ont opposé la mesure la retenue et la République car, il n’y a pas d’alternative à celles-ci quand on se soucie du vivre ensemble des membres de notre société. Dans le cadre républicain, tous les citoyens ont les mêmes droits (traitements humainement acceptables), cela veut dire que nul ne doit se croire plus fort pour le demeurer s’il ne transforme pas sa force en droit et son devoir en obéissance (Jean Jacques Rousseau).
Les actes immoraux perpétrés par les putschistes ont rendu davantage pathologique le processus de l’évolution de notre société dont le vécu s’éloigne de plus en plus de la réalisation de la vie réussie pour ses membres.
Amadou Haya Sanogo est l’auteur principal du coup d’Etat du 22 Mars 2012, un acte considéré comme un crime imprescriptible dans la constitution du 25 février 1992, au lieu de payer pour le crime commis il est propulsé au grade de général. Dans notre société, il est évident que cette mauvaise et honteuse promotion d’Amadou Haya Sanogo peut servir faussement ou tristement d’exemple pour des militaires mal inspirés ou en proie au ramollissement moral. Voilà l’analyse, combien de fois pertinente, d’ailleurs étayée par la mutinerie d’un nombre important de putschistes au camp de Kati en Septembre dernier contre le grade de Général d’Amadou H.Sanogo, qui a valu à M. Tiébilé Dramé d’être traité de tous les noms d’oiseaux par Makan Konaté du COPA lors d’une conférence de presse organisée pour la circonstance. Mais pourquoi donc, Makan Konaté qui semble être l’un des rares soutiens de Sanogaule ne se présente pas comme témoin à décharge de son idole ? Effectivement dans l’adversité asymétrique et l’incapacité d’expliquer ou de justifier une position ou un choix moralement inconfortable par des arguments solides, l’homme peut faire recours à la « bouillie du cœur ». Ce constat fut établi par un grand penseur du 19 e siècle. Car le choix alimentaire n’a pas de lendemain pour le processus de l’évolution de notre société devant s’inscrire dans des perspectives- alternatives crédibles à son vécu pathologique.
Le coup d’Etat et son corollaire d’exactions mis bout à bout ont eu des résonnances telles que la division de la classe politique, la société civile, et les militaires en pro et anti-putsch, l’occupation inédite des trois régions du Nord, l’agression du Président Dioncounda Traoré, bref la banalisation du mal physique ou moral au Mali.
Au regard des nombreuses péripéties que l’évolution de notre pays a connues, ces derniers temps, nous devons en tirer des enseignements utiles pour ne pas oublier les crises dont le peuple continue à vivre les conséquences, car celui qui oublie son histoire est condamné à la répéter.
Au nombre des enseignements à retenir, nous pouvons citer :
- Comprendre que le coup d’Etat est un recul qui ne sera plus accepté par les citoyens et les organisations qui gouvernent le monde,
- Retenir que l’avenir de notre société au vécu pathologique est porté par des perspectives politiques qui tranchent clairement avec l’immoralité, la haine, la vanité et la démagogie qui sont antinomiques de la vie bonne pour le peuple.
- Faire l’analyse critique de nos pratiques de la démocratie en tant que valeur ou idéal qui est censé nous guider depuis au sortir des évènements du 26 mars 1991en vue de les rénover ou innover conséquemment.
- Permettre le renouveau de l’action politique par une véritable démocratisation des services sociaux de base c’est-à-dire en accordant les mêmes chances à tous les citoyens du Mali.
- Retenir qu’il n’y a pas de chemin facile pour la démocratisation véritable des droits et libertés du peuple c’est-à-dire la démocratie exige d’abord des élites des sacrifices colossaux en terme d’exemplarité dans leur agir de tous les jours.
- Introduire le débat idéologique en politique au Mali en vue de permettre d’une part aux observateurs extérieurs une certaine lisibilité du jeu politique malien et d’autre part, aux citoyens Maliens de constater les différences entre les partis politiques qui concourent à leur suffrage. Cela aura l’avantage de sauver les citoyens de la tentation du désespoir qui les guettent à propos de l’action politique et de la généralisation généreuse qui les amène à affirmer que tous les partis politiques sont égaux au Mali, blanc bonnet, bonnet blanc.
En définitive, l’exemplarité du traitement que la justice malienne va réserver à tous ces crimes odieux pourra rendre plus confiant le peuple en la République et la démocratie dont le retour doit consacrer pour lui la fin du règne de l’impunité et de jouissances démesurées d’une minorité qui a confisqué le pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat au grand dam de la majorité silencieuse et impuissante.
Par M. Seydou CISSE
Professeur de philosophie.
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Source: Lerepublicainmali