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SANCTIONS CÉDÉAO : Tout le mérite revient au peuple!

Le 09 janvier 2022, la CÉDÉAO a plongé notre pays dans un régime d’autarcie forcée en fermant ses frontières, en bloquant toute transaction commerciale – sauf celles dites essentielles – et financière avec le Mali. Cela a eu des conséquences dramatiques sur notre peuple dont la survie, en grande partie, dépend de l’extérieur et ce, d’autant plus que le Mali est continental, entouré de sept autres pays dont cinq relèvent de l’espace CÉDÉAO. Pour cette souffrance endurée au prix de sacrifices immenses, notre peuple mérite d’être célébré, félicité, respecté.


La résilience, on le sait, n’est pas seulement un atout; c’est aussi et surtout une qualité. Le peuple malien peut bien se féliciter d’être résilient, et cela ne date pas d’aujourd’hui. La période coloniale a été marquée par de brèves révoltes et une insoumission non-manifeste, certes, mais continues. La défaite militaire fut consommée sans, cependant, entraîner une reddition générale du peuple, contrairement à d’autres contrées africaines. Mais ce peuple a, aujourd’hui, un besoin impérieux d’organisation pour mener sa révolution et reprendre le contrôle de son destin. Nous reviendrons sur cette nécessité d’organisation et de révolution dans une édition ultérieure. Pour le moment, parlons des sanctions de la CÉDÉAO et de leurs conséquences sur notre pays.

En janvier 2022, un incroyable élan de soutien s’est levé pour soutenir les autorités de la Transition au Mali, lorsque les sanctions de la CÉDÉAO sont tombées et qui isolaient notre pays dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. A d’autres temps, d’autres époques, peut-être, cela aurait eu comme première conséquence de désarçonner les Maliens et de les pousser à se révolter contre les autorités. En réalité, les chefs d’Etat de la CÉDÉAO visaient indirectement cela. Sauf qu’ils n’auront réussi qu’à braquer le même peuple contre eux-mêmes et à faire corps avec les dirigeants qui n’étaient pourtant pas hautement bénéficiaires de l’applaudimètre, et qui n’avaient donc pas les bons points de la popularité au sein d’une partie de l’opinion nationale.

Certes, les sanctions ont fait énormément de mal. Le peuple en a souffert, du début à la fin. Déjà pauvres depuis toujours, les Maliens se sont confrontés à une « période de soudure » économique des plus dures. Mais ils ont tenu bon en évoquant la cause nationaliste. Un  certain chauvinisme est né et commence, dès lors, à faire son chemin. Les dirigeants maliens ont tout simplement récupéré cet élan populaire qu’ils ont retourné avec intelligence contre l’organe sous-régional. Les militaires au pouvoir ont trouvé, en Choguel K. Maïga, le meilleur épouvantail, le cheval de Troie tout désigné pour absorber le choc des mesures punitives de cette coalition de pays qu’est la CÉDÉAO. Comme ce dernier a su récupérer la volonté populaire qui est de ne rien céder à la communauté internationale, quitte à en baver, il a su forger l’estime du même peuple qui croit reconnaître en lui des vertus de combattant, de résistant, de patriote engagé, etc. Le voilà donc en première ligne d’un front dont les vrais héros sont ailleurs ! Ses discours, opportunément musclés à dessein, sont longtemps restés va-t-en-guerre et nationalistes. Sa tenue et son port vestimentaire s’inscrivent dans le même ton et sont choisis pour fouetter cette ardeur chauvine naissante et inédite au Mali moderne.

Cependant, notre économie est structurellement faite pour “s’intégrer” dans tous les systèmes. Nous produisons principalement ce qui est destiné à l’extérieur et consommons en grande partie ce qui ne vient pas de chez nous. Le « consommer malien », prôné par le Premier minister, se serait confronté à ses propres limites quand nous ne serions plus en état de produire pour nous-mêmes. Notre économie dépend trop de l’extérieur; et vouloir y insuffler une dynamique d’autarcie est une entreprise purement contre-productive. En tout cas, aussi longtemps que le système ne sera pas conçu pour être introverti, c’est-à-dire qui dépendra exclusivement du mode de consommation interne. Qu’on nous pardonne cette ingérence dans un domaine qui est loin d’être notre aire de compétence. Ce n’est que le point de vue d’un profane dépourvu de toute prétention. Mais, même un non-initié à la complexité des équations économiques sait cette vérité : il est illusoire, dans ce monde interconnecté, de chercher ou même supposer une vie en vase clos ou semi-clos? Quand une économie dépend à ce point de l’extérieur, on ne peut pas s’opposer durablement à la communauté internationale. C’est pourquoi, l’issue du combat était connue, et les dirigeants de la CÉDÉAO le savaient : les autorités maliennes allaient, tôt ou tard, se soumettre au diktat sous-régional et international. L’appauvrissement continu du peuple et de l’Etat n’allait leur laisser aucun choix, et la CÉDÉAO le savait. Donc, ils allaient nous avoir à l’usure. Mais, malgré tout, le peuple malien est digne de félicitations. Il gagnait de moins en moins d’argent pour vivre mais il n’a jamais changé de posture. Il est resté droit dans ses bottes. Il a su même forger l’estime des autres peuples. Les produits de première nécessité sont proposés à des prix dissuasifs partout dans le pays. A tel point que les Maliens n’ont plus le moyen de se les offrir; mais ils renouvellent à chaque occasion leur volonté de s’affranchir de la fameuse communauté internationale. Ils savaient que ça ne menait nulle part mais ils étaient déterminés à aller « jusqu’au bout ». Ils avaient faim; tout leur devenait inaccessible. Mais ils voulaient continuer à faire face au destin. Ils ont même crié leur désir de désavouer la CÉDÉAO et ses dirigeants acquis à d’autres causes qu’à celles de leurs peuples. Mais ils n’étaient pas dupes: ils savaient qu’un jour, leurs dirigeants allaient rentrer dans le rang de la communauté internationale et de la CÉDÉAO. Parce que nous sommes un pays pauvre qui a besoin de l’apport des autres pour faire face à ses obligations fondamentales. Parce que notre gouvernement est incapable de payer ses militaires et ses fonctionnaires sans cet apport-là. Parce que, au Mali, il y a des citoyens qui ne payent pas leurs impôts. Parce qu’il y a des dirigeants dans  notre pays qui ratiboisent les caisses de l’Etat pour leurs profits personnels. Alors, dans ces conditions, nous sommes encore loin de gagner une lutte contre la communauté internationale et contre la CÉDÉAO. Néanmoins, notre peuple mérite d’être félicité pour avoir osé. A ce peuple téméraire, nous dédions donc “Janjon”, l’air des vaillants, l’hymne des braves.

Tiécoro Sangaré

Source: Les Échos- Mali

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