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Sanctions américaines : quelles implications pour les officiers maliens visés ?

Lundi 24 juillet, le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du Département du Trésor des États-Unis a sanctionné trois officiers supérieurs de l’armée malienne dont un membre du gouvernement de transition. Il leur est reproché d’avoir facilité le déploiement et l’expansion des activités de la société militaire privée « Wagner » au Mali.

Les États-Unis affirment avoir pris cette mesure sur la base de preuves montrant que ces officiers ont contribué aux activités malveillantes du groupe Wagner au Mali. Pour le Trésor américain, ces sanctions répondent aux actions de trois individus spécifiques et ne sont pas dirigées contre le peuple malien.

En tant que plus grand donateur bilatéral d’aide au développement et d’aide humanitaire au Mali, les États-Unis ont affirmé que ces mesures n’entament en rien leur soutien au peuple malien dans sa quête de paix, de prospérité et de démocratie. Pour le sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, Brian E. Nelson, « ces responsables ont rendu leur peuple vulnérable aux activités déstabilisatrices et aux violations des droits de l’homme du groupe Wagner tout en ouvrant la voie à l’exploitation des ressources souveraines de leur pays au profit des opérations du groupe Wagner en Ukraine ».

Parmi les officiers sanctionnés figure le Colonel Sadio Camara, actuellement ministre de la Défense et des anciens combattants dans le gouvernement de transition. Il lui est reproché d’avoir « planifié et organisé le déploiement du groupe Wagner au Mali ». Cela, à travers plusieurs visites effectuées en Russie depuis 2021 afin de concrétiser cette présence.

Autre officier également concerné par ces sanctions, c’est le général Alou Boi Diarra, actuellement chef d’état-major de l’armée de l’air du Mali. Le rôle de ce dernier aurait consisté « à contribuer de manière significative au mouvement logistique des entités russes au Mali ». Ensemble, Camara et Diarra sont accusés d’avoir « formulé et exécuté le plan qui a finalement introduit le groupe Wagner au Mali ». Le général  Alou Boi Diarra lui aussi est reproché d’avoir effectué plusieurs séjours en Russie pour sceller ce déploiement. Pour le Trésor américain « le général Diarra est un promoteur du groupe Wagner au sein des forces armées maliennes, et il a collaboré avec Ivan Aleksandrovich Maslov (Maslov), le chef sanctionné par les États-Unis du groupe Wagner au Mali. En concertation avec Diarra, Maslov continue de gérer les contingents du groupe Wagner au Mali »..

De son côté, le lieutenant-colonel Adama Bagayoko, troisième officier sanctionné, est le chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air malienne. Il est décrit par Washington comme « l’avocat du groupe Wagner auprès du gouvernement de transition burkinabé, s’efforçant d’assurer le déploiement du groupe Wagner au Burkina Faso ». En outre, le lieutenant-colonel Bagayoko est « suspecté de chercher à faciliter l’accès du groupe Wagner à l’extraction de l’or au Mali ».

Par le passé, les États-Unis ont plusieurs fois sanctionné le groupe Wagner et de nombreuses entités et individus dans le monde qui soutiennent ses activités déstabilisatrices. Le groupe Wagner a commis des violations généralisées des droits de l’homme et a exploité et approprié des ressources naturelles dans plusieurs pays d’Afrique. Tout en agissant en tant que force militaire par procuration du Kremlin, le groupe Wagner a mené des opérations de combat dans le monde entier, y compris dans la guerre brutale de la Russie contre l’Ukraine. Le groupe Wagner aurait cherché à faire transiter des acquisitions matérielles pour aider la guerre de la Russie contre l’Ukraine via le Mali, et était disposé à utiliser de faux papiers pour ces transactions. Le groupe Wagner a également été sanctionné par l’Australie, le Canada, le Japon, le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Le gouvernement de transition malien a réagi mercredi, en début de soirée, condamnant les sanctions des États-Unis contre les trois officiers de l’armée. Pour Bamako, les mesures prises par le trésor américain violent le droit international. Les autorités de transition qui imputent à Washington la déstabilisation du Sahel en raison de son intervention en Libye en 2011 dans le cadre d’une mission de l’Otan, rappelle qu’elles inscrivent leurs actions dans le respect de la souveraineté du Mali, du choix de leurs partenaires et des intérêts vitaux du pays.

Implication des sanctions

Une posture qui semble minimiser toutes les conséquences qui peuvent découler de la décision des Américains, impliquant que tous les biens et intérêts dans les biens des personnes désignées qui se trouvent aux États-Unis ou en possession ou sous le contrôle de personnes américaines sont bloqués et doivent être signalés à l’OFAC. En outre, toutes les entités détenues, directement ou indirectement, individuellement ou collectivement, à 50 % ou plus par une ou plusieurs personnes bloquées sont également bloquées. Sauf autorisation par une licence générale ou spécifique délivrée par l’OFAC, ou exemptée, les réglementations de l’OFAC interdisent généralement toutes les transactions par des personnes américaines ou à l’intérieur (ou en transit) des États-Unis qui impliquent des biens ou des intérêts dans des biens de personnes désignées ou autrement bloquées. Le but ultime des sanctions n’est pas de punir, mais de provoquer un changement positif de comportement.

Au mois de mai dernier, les Etats-Unis avaient annoncé des sanctions contre deux responsables militaires maliens et le patron du groupe paramilitaire Wagner au Mali. Tous suspectés d’être liés « au massacre de Mourra » où « près de 500 civils » auraient été tués en mars 2022. Il s’agit notamment du colonel Moustapha Sangaré (précédemment commandant du 33e Régiment de commandos parachutistes) et le major Lassine Togola (précédemment commandant par intérim du Bataillon autonome des forces spéciales). Ainsi, leurs avoirs sur le sol américains sont gelés et ils sont soumis à des restrictions de voyage aux Etats-Unis.

Ainsi, l’étau semble se retirer de plus en plus autour de « Wagner » alors qu’au même moment les autorités notamment du Mali continuent de nier la présence d’éléments de ce groupe.

MD/ac/APA

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