À cause du nombre élevé des accidents, ils ont engagé une action citoyenne en remplissant les trous et en enlevant la boue sur la voie
On ne cessera de dénoncer le mauvais état du tronçon Samé-Kati Sananfara, pourtant très fréquenté par les gros camions en partance ou en provenance de Dakar, la capitale du Sénégal. Appelée «route de la mort» par les usagers à cause du nombre élevé d’accidents mortels, ce trajet se dégrade davantage pendant l’hivernage.
Notre équipe de reportage a hier vécu la mauvaise expérience en empruntant cette route cabossée. Au niveau du Groupe scolaire de Sirakoro Dounfing, le constat est alarmant. Ici, les conducteurs ne peuvent pas éviter les trous, ils choisissent plutôt les moins profonds. La situation est encore pire au niveau de l’école fondamentale publique de Kati Sananfara. Ici, toute une partie du goudron a été balayée par les eaux de pluies. Les véhicules et les engins à deux roues zigzaguent pendant des minutes dans ces trous béants.
Comme si cela ne suffit pas, les eaux de pluies descendant de la colline entraînent la boue qui finit par former des digues à certains endroits de la chaussée. Les conducteurs imprudents n’y échappent pas, surtout les motocyclistes. Certains chutent, entrainant les autres avec eux.
à cause des accidents parfois mortels, des jeunes riverains s’organisent pour déblayer la route et remplir les trous béants avec des cailloux et des briques en béton. «Nous avons pris cette initiative à cause de multiples accidents. Aujourd’hui, cette route est vraiment impraticable. Il y a la boue et les nids de poule partout. C’est pénible pour les usagers», explique Thierno Sidi Touré, membre du Collectif des jeunes de Kati Sananfara. Selon lui, l’objectif recherché est de faciliter le passage aux usagers qui souffrent le martyr. Thierno Sidi Touré pense que cette route mérite d’être réparée, afin de réduire les accidents.
Yacouba Fané, enseignant dans la Commune de Dougouwolonfila, est actuellement en vacances à Kati. Ce pédagogue d’une trentaine d’années fait partie du groupe des jeunes ayant pris initiative de maintenir la route en bon état. Chaque matin, Yacouba Fané retrouve les autres jeunes au niveau de l’école fondamentale de Kati-Sananfara afin de boucher les trous. Le problème est qu’à chaque passage des eaux de pluies, les jeunes sont obligés de reprendre les travaux.
«En l’absence des caniveaux, les eaux de pluies traversent directement la route, ce qui cause des dégâts sur le goudron. On répare aujourd’hui et quand qu’il pleut demain, les eaux vont encore balayer les morceaux de cailloux et de briques que nous avons mis dans les trous. La seule solution est de revêtir la chaussée et creuser les caniveaux pour permettre le passage des eaux», fait savoir Yacouba Fané, ajoutant qu’actuellement, les riverains font face à tous les dangers, car il est fréquent de voir des gros porteurs finir leur course dans les concessions. «Il ne passe une semaine sans qu’il n’y ait des accidents graves sur ce tronçon. Chaque fois, ces sont les riverains qui viennent au secours avant l’arrivée des sapeurs-pompiers», dit-il.
Il faut rappeler qu’en 2019, des jeunes de Kati avaient coupé cette voie à la circulation pour manifester leur mécontentement contre la passivité des autorités face à la dégradation de la route. Ils avaient dénoncé les multiples accidents dus au mauvais état de cette route qui contribue pourtant au développement économique du pays. Pour calmer les manifestants, le gouvernement avaint entrepris des travaux de rénovation qui se sont malheureusement arrêtés au niveau du poste de contrôle du camp militaire de Kati.
Babba B. COULIBALY
Source : L’ESSOR