Mokhtar Belmokhtar, qui a recemment revendiqué les attaques au Niger contre la Somaïr à Arlit, et contre la caserne d’Agadez, a des relations compliquées avec al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l’organisation dont il s’est séparé en décembre 2012. C’est ce que montre un document d’une dizaine de pages trouvé par nos confrères de l’agence Associated Press (AP) à Tombouctou.
Le document trouvé par AP dans la grande ville du nord du Mali est une lettre écrite le 3 octobre dernier par les dirigeants d’Aqmi et adressée à Mokhtar Belmokhtar, donné mort un temps par les Tchadiens.
Les 14 membres de la Choura, qui dirige Aqmi, expriment de nombreux griefs contre celui qu’ils appellent de son nom de guerre Abu Abbas. Ils lui reprochent des manquements qui peuvent paraître anecdotiques, comme de ne pas répondre au téléphone ou de ne pas rendre ses notes de frais.
Mais cette lettre traduit également des divergences plus profondes entre Belmokhtar et Abdelmalek Droukbel, le fondateur d’Aqmi. Ainsi, Belmokhtar a refusé de rencontrer les chefs du mouvement à Tombouctou, qualifiant cette réunion d’inutile, et critiquant les leaders de l’organisation sur Internet.
« Abu Abbas ne veut suivre personne »
Aqmi reproche au « borgne » de ne pas être capable de monter des opérations d’envergure. Il lui est notamment reproché de n’avoir obtenu que 700 000 euros de rançon pour la libération du diplomate canadien Robert Fowlers en 2008.
Belmokhtar aurait refusé la stratégie proposée par Aqmi, qui voulait renvoyer cette affaire à al-Qaïda central pour que le diplomate serve de monnaie d’échange en Afghanistan. Et il n’aurait pas participé aux achats d’armes pour Aqmi.
« Abu Abbas ne veut suivre personne, il ne veut qu’être suivi et obéi », concluent les chefs d’Aqmi, qui lui reprochent en d’autres termes de faire cavalier seul. Une voie que Belmokhtar va suivre en décembre 2012, en créant sa propre organisation, « les signataires par le sang », et en se faisant remarquer à travers les attentats d’In Amenas en Algérie, et d’Arlit et Agadez au Niger.
Source: RFI