PARIS (Reuters) – Reporters sans Frontières a appelé mercredi la France à lancer une initiative en faveur de la protection des journalistes dans les pays en conflit lorsqu’elle assurera la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’Onu en décembre.
Cet appel survient quelques jours après la mort de deux journalistes de RFI tués au Mali, qui a suscité une vague d’émotion en France et en Afrique, et cinq mois jour pour jour après l’enlèvement en Syrie des deux reporters français, Didier François et Edouard Elias.
« Au-delà de l’émotion de ces derniers jours, il est essentiel que des mesures soient prises (…) car force est de constater que la résolution 1738 n’est pas appliquée », a estimé le directeur général de RSF, Christophe Deloire, lors d’une conférence de presse à Paris.
Cette résolution, votée à l’initiative de la France en décembre 2006, est le premier texte du Conseil de sécurité consacré à la protection des journalistes dans les conflits armés.
Le texte rappelle notamment que le principe fondamental de la protection des civils inclut les journalistes et les professionnels des médias et réaffirme l’importance de la lutte contre l’impunité à l’heure où dans 90% des cas les meurtriers de journalistes restent impunis.
« La France va prendre la présidence le 1er décembre au Conseil de sécurité de l’Onu, nous demandons qu’à cette occasion elle prenne une initiative », a indiqué Christophe Deloire.
RSF préconise notamment la mise en place d’un comité de suivi chargé de veiller à l’application de la résolution et réclame l’extension du champ de cette résolution aux situations de troubles intérieurs et de tensions internes.
RSF souhaite également que soit modifié l’article 8 des statuts de la Cour pénale internationale « afin que les attaques délibérées contre les journalistes soient considérés comme des crimes de guerre. »
En 2012, 88 journalistes ont été tués dans le monde dans l’exercice de leurs fonctions, un record depuis la publication du premier bilan annuel de RSF en 1995
En Syrie, plus de 25 journalistes professionnels ont été tués depuis mars 2011. Seize journalistes étrangers étaient officiellement retenus en otage en Syrie fin octobre 2013, dont les quatre français Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torrès.
Marine Pennetier, édité par Patrick Vignal
Source: Reuters