Lancé il y a plus de trois ans, le chantier est loin d’être terminé. Le calvaire des riverains et des usagers aussi.
La route Banconi-Dialakorodji-Safo-Nossombougou, longue de 56 km, est encore et toujours en chantier. Les travaux ont été lancés le 3 mai 2017 par l’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Jusqu’à présent, la route n’est pas terminée.
Le projet a pour objectif global d’atténuer les difficultés de circulation et de contribuer, grâce à la facilité de mobilité des agents économiques, au développement économique et social du pays. La nouvelle route permet aux camions de transport de marchandises de contourner les voies encombrées de la capitale. Sans passer par Kati, ils peuvent à partir de Nossombougou rallier le 3è pont à Sotuba. Le coût des travaux, financés sur budget national et confiés à l’entreprise COGEB International, est de 27,72 milliards de Fcfa pour un délai d’exécution de 15 mois.
Aujourd’hui, emprunter cette route inachevée en ce moment relève du parcours du combattant. Riverains et usagers sont à cran par la situation. On comprend pourquoi ils ont organisé le samedi 10 octobre dernier des manifestations pour exprimer leur mécontentement.
Notre équipe de reportage a parcouru, vendredi dernier, ce tronçon. Objectif : constater l’état de dégradation et d’avancement des travaux, et recueillir les réactions des populations. Dès l’amorce du tronçon Banconi-Dialakorodji, commencent les secousses. Des trous larges remplis d’eaux de pluies et de boue bloquent les engins par endroits, rendant la voie impraticable. Pour pouvoir se frayer un chemin entre les nids de poule, des usagers font des acrobaties souvent spectaculaires. «Les utilisateurs qui empruntent régulièrement cette voie sont à féliciter», lâche le chauffeur, tenant fermement le volant des deux mains.
Le quartier de Dialakorodji est situé à un peu plus de 5 km de Banconi. Ici, les riverains et d’autres habitants vivent le même calvaire. Abdoulaye Aziz Diabaté est le président du Conseil communal de la jeunesse de cette localité.
Il témoigne que les eaux de ruissellement inondent des familles et des magasins bordant la route. Les gros trous qui jalonnent la route sont «très dangereux», ajoute-t-il. «Une fois, un vieux est tombé dans un de ces trous béants. Il y a passé plus d’une heure sans que nous ne puissions le faire sortir », se souvient le président de la jeunesse de Dialakorodji.
Le plus inquiétant est que cette route traverse le marché de Dialakorodji où travaille Djibril Coulibaly depuis près de 24 ans. «Au début des travaux, nous étions enthousiastes, mais la lenteur constatée dans l’exécution nous écœure. On se demande où se situe le blocage.
Il y a des nids de poule partout et nous nous demandons si elle va rester dans cet état-là. Les eaux de pluie stagnent devant nos boutiques. Il faut constamment déployer des moyens de fortune pour éviter d’être submergé par l’eau», explique le commerçant. Il précise que les pluies diluviennes ont envahi plus de sept boutiques, endommageant les marchandises et obligeant les commerçants à louer d’autres magasins pour le stockage de leurs articles.
TROP DE POUSSIÈRE- Habillée d’une robe de couleur rose, Dado Coulibaly semble en avoir gros sur le cœur. «Nous en avons marre de la poussière qui nous affecte davantage. Ma voix n’est plus audible et les clients ont des problèmes pour me comprendre. Nous serions heureux si l’on donnait un coup d’accélérateur aux travaux», interpelle-t-elle.
Pour le maire de la Commune rurale de Dialakorodji, Oumar Guindo, cette route est vitale pour notre économie. Il espère que le gouvernement va s’en occuper rapidement.
Il rappelle que la voie est prévue pour permettre aux camions de contourner la ville de Bamako en partance et en provenance des ports de Dakar et de Nouakchott. Toutefois, l’état des travaux est appréciable à certains endroits. La voie bitumée couvre Samakebougou, la Commune rurale de Safo et s’arrête à quelques kilomètres avant Nossombougou.
Dotigui Niaré, 1er adjoint au maire de la Commune de Safo, se réjouit des travaux qui ont été effectués. «Ça fait à peu près trois ans que nous attendons de voir la fin de cette nouvelle route qui sera une bouffée d’oxygène pour la population des cinq communes en termes de mobilité», dit l’élu.
À Nossombougou, le véritable problème concerne les quatre ponts en chantier, presque terminés. Ces ouvrages qui attendent d’être bitumés. Les riverains s’en plaignent car ils favorisent, selon eux, l’inondation du village par des eaux de ruissellement drainées par une colline se trouvant à l’est du village. Interrogé, le maire de la Commune rurale de Nossombougou explique que l’entreprise en charge des travaux avait confirmé qu’il était prévu, dans le projet, de creuser un petit canal tout au long de la route pour conduire l’eau dans un marigot. Cette promesse n’a pas été tenue, déplore Chaca Coulibaly.
Avec seulement 40 à 60 millimètres de pluie à Nossombougou ville, il faut attendre deux à trois heures pour pouvoir circuler à moto. Même à pied c’est très difficile, se lamente-t-il.
Le chef de projet, Bah Niaré rassure que les travaux sont en cours sur la section en rase campagne allant de Dialakorodji à Nossombougou où les emprises des travaux sont suffisamment libres.
«À ce jour, la couche de fondation est exécutée sur 53 km, la couche basse sur 39 km et le revêtement sur 35 km. Sur 98 ouvrages prévus, 75 sont terminés et six sont en cours d’exécution. Le taux global d’exécution des travaux est de 56%», précise le chef de projet. Concernant la section urbaine (de Banconi à Dialakorodji), les travaux n’ont pas encore démarré à cause, déplore-t-il, de l’occupation des emprises.
Amadou GUÉGUÉRÉ
Source: L’Essor