Le drame des Rohyngias a fait l’objet jeudi 28 septembre d’une réunion publique du Conseil de sécurité de l’ONU, la première depuis huit ans. Selon l’organisation, un demi-million de personnes ont fui depuis le mois d’août au Bangladesh les violences commises par l’armée birmane.
Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau
C’est un et un cauchemar pour les droits de l’homme, résume le secrétaire général des Nations unies. Alors que Rangoon a prétexté du mauvais temps pour annuler jeudi une visite d’agences de l’ONU dans l’Etat de l’Arakan, Antonio Guterres a réclamé à nouveau un « accès humanitaire » sans entrave.
« Les autorités de Birmanie ont déclaré à maintes reprises au cours des derniers jours que “ce n’était pas le moment” pour obtenir un accès sans entrave. Etant donné les énormes besoins, c’est profondément regrettable. Les Nations unies devraient être autorisées à atteindre les zones touchées sans délai », estime le secrétaire général.
Cette session publique a aussi permis d’accentuer la pression sur Rangoun. « On ne doit pas avoir peur de nommer les actions des autorités birmanes pour ce qu’elles sont : une campagne militaire brutale et continue pour nettoyer le pays d’une minorité ethnique. Et cela devrait couvrir de honte les hautes autorités birmanes », a déclaré l’ambassadrice américaine, Nikki Haley.
Rangoun avait dépêché son conseiller à la sécurité nationale. Ce dernier a contredit le terme de « nettoyage ethnique », assurant qu’il ne s’agissait que d’une opération antiterroriste. Il a aussi promis un accès dès lundi prochain aux personnels humanitaires de l’ONU, invitant le secrétaire général à venir se rendre compte sur place de la situation.
La réunion du Conseil de sécurité est intervenue au moment où connaissait un nouveau drame. Une embarcation, partie mercredi soir d’un village côtier de l’Etat d’Arakane à destination du Bangladesh, a coulé à quelques encablures de la terre ferme. Les eaux du golfe du Bengale ont ramené sur la plage quinze corps, dont ceux de dix enfants.
Par ailleurs, William Lacy Swing, directeur de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), s’est déclaré très préoccupé par la multiplication de rapports faisant état de violences sexuelles et de violations des droits de l’homme à l’encontre des Rohingyas arrivés ces quatre dernières semaines au Bangladesh.