Aujourd’hui, nos sociétés semblent offrir un schéma d’évolution extraordinairement dichotomique. À côté de la volonté clairement exprimée en faveur d’une vraie intégration régionale ou sous-régionale, à côté de grands projets ouvertement panafricanistes, à côté de l’enthousiasme autour de tout ce qui touche à l’unité africaine ou aux possibles États-Unis d’Afrique, on voit se développer un mouvement de repli identitaire aussi étrange que paradoxal.
Nous semblons avoir peur de l’autre. Soit parce que nous le voyons comme une menace pour notre espace vital, soit parce que nous réagissons à un subtil stimulus extérieur qui nous fait voir subitement en l’autre un ennemi, donc un danger. Et cet autre, s’il peut être une personne étrangère à notre pays, il est de plus en plus un concitoyen, un voisin et même un allié ethnique ou totémique. Mais quel est donc ce stimulus extérieur et qui en sont les générateurs ? Voilà la violente question qui me taraude l’esprit presque embrumé non seulement par les horreurs quasi génocidaires qui remplissent nos yeux, mais surtout par le nihilisme froid et révoltant de ces présidents débonnaires qui nous servent toujours la même rengaine à la Pangloss : ”Tout est parfait ; ces communautés s’entendent très bien… ”Minimisant les causes des atrocités froidement commises ou les attribuant implicitement à des épiphénomènes. Sans jamais expliquer ce qui peut provoquer une telle montée de haine entre des populations qui vivaient naguère en paix. Face à chaque conflit, on propose des solutions. Mais le mal persiste. Et on continue de faire espérer que ”plus jamais” cela ne se reproduira. Puis ça se reproduit.
Et pourtant, l’observation des scènes politiques de plusieurs pays africains nous donne des pistes ou des indices : gouvernances ethnocentriques, discours tribalistes, réflexions ultranationalistes, allusions xénophobiques, etc. Voilà, à mon avis, des germes possibles de conflits intercommunautaires. Et même du djihadmoderne que je considère comme l’un des fils mongoliens de nos démocraties épileptiques. Or, l’avenir du monde, c’est l’universalisme et non le communautarisme. Il faut donc se réveiller et ne céder ni à la manipulation, ni à l’instrumentalisation. À bon entendeur…
Minga S. SIDDICK
Source: Ziré-Hebdo